Chapitre 47

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Amélia était toujours insomniaque. Bucky l'avait compris lorsqu'il s'était réveillé au milieu de la nuit et qu'il avait trouvé leur lit vide. Il avait alors quitté la chaleur des draps pour se mettre à la recherche de son épouse qu'il avait trouvée sans mal. Elle était assise sur la balancelle, comme elle le faisait si souvent lorsqu'ils étaient au Wakanda. Un large cardigan crème était enroulé autour de ses épaules et elle tenait une tasse fumante entre ses doigts. Lentement, en prenant soin de lui signaler sa présence en faisant suffisamment de bruit pour qu'elle l'entende arriver, il la rejoignit.

- Certaines choses ne changent pas. Murmura-t-il en s'installant à ses côtés.

Son bras valide s'enroula autour de ses épaules et elle en profita pour se blottir tout contre lui.

- Je pensais à Pepper. Avoua-t-elle. J'étais à sa place il n'y a pas si longtemps. Elle doit être effondrée.

- Elle a été forte. Murmura-t-il.

- Elle n'a pas fini de devoir l'être.

- Je suis désolé.

- Pourquoi ?

- Pour ce qui s'est passé, au Wakanda.

- Tu t'excuses d'avoir disparu ? Sourit-elle en relevant la tête vers lui.

- Je t'avais dit que je reviendrais.

- Et tu l'as fait. Ça t'a pris cinq ans mais tu es revenu.

- J'ai manqué tant de choses.

- C'est vrai. Concéda-t-elle. Et tu ne pourras pas revivre toutes ces choses-là, mais il y a encore plein de choses qui t'attendent. Tu as raté le premier amoureux de Lia mais il y en aura bien d'autres qui suivront, et puis tu lui apprendras à conduire, James voudra jouer au baseball, il te demandera des conseils sur les filles.

Elle sentit son torse tressauter sous son rire et un sourire étira ses propres lèvres. Et puis soudainement, il se fit plus sérieux, il baissa la tête vers elle et son regard s'ancra dans celui de sa femme.

- Notre fille n'a que sept ans.

- Elle a eu son premier amoureux à cinq ans. Il s'appelait Thomas. Ensuite il y a eu Léo l'année dernière et cette année, son cœur balance entre Louis et Gabriel.

- Et tu la laisses faire ?

- C'est l'âge innocent, je suis à peu près sûre que tu n'as pas de soucis à te faire. Ce n'est pas elle qui m'inquiète le plus.

- Non ? S'enquit-il prudemment.

- Ton fils fait du charme à la fille Stark.

- Seigneur. Maugréa-t-il en levant les yeux au ciel.

- On n'a pas fini de se faire du souci. Avoir des enfants, c'est signer un contrat à durée indéterminée.

- Tu savais ? Quand je suis parti pour la bataille, tu savais que tu étais enceinte ? Interrogea-t-il.

- Non. Je l'ai appris à mon retour au pays. C'est un bébé miracle, il a survécu à Thanos, au choc de ta mort, à toute la pression qui a entouré notre retour au pays... les premiers mois ont été un calvaire.

- Je suis désolé de ne pas avoir été là.

- Je n'ai jamais vraiment été seule tu sais. Natasha a pris soin de moi.

A la mention de l'espionne, Bucky baissa à nouveau la tête et lança un regard dubitatif à sa femme et qui lui retourna un bref sourire.

- Elle a vraiment pris soin de nous. Jusqu'à ce que je me mettre à gonfler comme un ballon et que je ne puisse plus le cacher à Steve.

- Pourquoi le cacher à Steve ?

- Il était... Il s'en voulait beaucoup. Il avait l'impression d'avoir manqué à son devoir, d'avoir échoué. Pas seulement à protéger le monde mais à ne pas t'avoir protégé toi, et tous les autres. Je ne voulais pas l'inquiéter avec une grossesse, tu sais comment il est, je ne voulais pas lui infliger quoi que ce soit.

- Tu as voulu le protéger.

- Probablement. Concéda-t-elle. Il était trop touché par tout ça, cette défaite a été difficile à encaisser. Et quand ils sont partis jouer les cowboys de l'espace et qu'ils sont revenus bredouille, ça a été pire. Il a pris tout ça tellement à cœur, comme si le poids du monde reposait sur ses épaules. Et Stark lui a fait tout un tas de reproches parce que tu sais comment il est.

Elle sembla se rendre compte de la tournure de sa phrase et se fut à son tour de relever la tête vers son mari.

- Comment il était. Murmura-t-elle.

Parler de Tony Stark au passé sembla lui faire réaliser un peu plus qu'elle ne le verrait plus sur le perron de sa porte à huit heures du matin le dimanche avec des cadeaux sous le bras et sa fille à ses côtés, ils ne partageraient plus jamais un verre sur la terrasse de sa villa.

- Il y a une semaine il était ici. Confia-t-elle. Il me demandait si je pensais un jour te revoir. Maintenant je comprends où il voulait en venir et j'ai dû mal à me dire que... que Tony Stark n'est plus là.

- Je sais.

- On l'aidera. Pepper avec la petite, on sera là pour elles.

- Bien sûr. Toujours. Assura-t-il.

Un silence étrangement réconfortant s'installa entre eux et ils profitèrent de ce moment paisible, se passant silencieusement la tasse de thé fumante qu'elle avait dans la main.

- C'est une gentille petite. Murmura Amélia. J'ai tellement de peine pour elles.

Bucky déposa un baiser sur le front de son épouse avant de déposer le menton sur le sommet de son crâne. Malgré la peine immense provoquée par leurs pertes, Amélia ne pouvait refouler cette profonde sensation de bien-être qui naissait en elle alors qu'elle était pelotonnée contre le torse de son mari.

- Est-ce que tu as souffert ? Murmura-t-elle en relevant les yeux vers lui. Quand tu as disparu, est-ce que c'était douloureux ?

- Non. Assura-t-il.

- Non ?

- Non. Aucun de nous n'a souffert.

- Est-ce que tu étais conscient ? Que tu n'étais plus avec nous ?

Elle le sentit prendre une profonde inspiration, il sembla réfléchir quelques secondes avant de baisser les yeux vers elle.

- En quelque sorte. C'était étrange. C'était comme quand j'étais dans le caisson. Je n'avais aucune notion du temps, quand j'ai repris conscience et que ce type est venu nous chercher pour se battre, je ne savais pas qu'il s'était passé autant de temps.

La jeune femme se releva lentement et déposa sa tasse sur le sol avant de se tourner franchement vers son mari. Elle posa une main sur la joue de Bucky et caressa un long moment sa joue délicieusement rugueuse.

- Je t'aime, Bucky. Souffla-t-elle.

- Moi aussi je t'aime.

- Et malgré tout ce qui se passe, je suis heureuse que tu sois là. Tellement heureuse.

- Je ne te laisserai plus jamais.

- Même s'il faut encore sauver le monde ?

- Ils trouveront quelqu'un d'autre. Sourit-il.

- Ils trouveront quelqu'un d'autre. Approuva-t-elle. 

For Better Or WorseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant