Chapitre 10

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Il ne rentra que tard dans la nuit. Amélia l'avait entendu entrer en tentant de faire le moins de bruit possible. Contrairement à ce qu'il avait pensé, elle était toujours debout, emmitouflée dans un plaid, elle quitta le canapé pour se diriger vers lui. Il releva lentement la tête vers elle et elle resserra la couverture autour de son corps, immédiatement ses yeux tombèrent sur sa main blessée dont le sang avait maintenant séché. Elle laissa tomber son plaid et se dirigea rapidement vers lui pour attraper sa main et l'inspecter.

- Ce n'est rien.

Son haleine chaude et parfumée par l'alcool la fit grimacer et elle releva brusquement les yeux vers lui.

- Tu as bu ? Interrogea-t-elle.

Elle savait qu'il n'était pas saoul, son métabolisme était similaire à celui de Steve, l'alcool n'avait aucun effet sur lui. La seule fois où elle l'avait vu un peu pompette, c'était lorsque Thor lui avait fait goûter son fameux élixir. Son regard oscilla entre sa main blessée et son visage.

- Avec qui est-ce que tu t'es battu ? S'enquit-elle.

Il tenta de récupérer sa main, mais les doigts d'Amélia étaient fermement ancrés autour de son poignet, ils savaient tous les deux que s'il l'avait vraiment voulu, il aurait pu se défaire de sa prise mais, il n'en fit rien.

- Avec personne. Répondit-il finalement.

- Tu me le jures ?

- Depuis quand est-ce que j'ai besoin de te jurer quoi que ce soit pour que tu me croies ?

- J'ai confiance en toi, c'est juste que...

- Que quoi ? Coupa-t-il.

Son regard la défiait presque de lui faire part du fond de sa pensée, il voulait presque l'entendre dire qu'elle avait peur qu'il ait perdu le contrôle.

- Je sais que tu n'as pas perdu le contrôle. Assura-t-elle.

- Alors pourquoi est-ce que tu me demandes si je me suis battu ?

- Parce que tu aurais très bien pu te battre avec Steve. Tu aurais pu avoir envie de te défouler et...

- C'est le cas. Je suis allé au centre d'entraînement. J'ai vu Steve. Mais je ne l'ai pas frappé.

- Je n'ai jamais dit que...

- C'est le mur que j'ai frappé. L'interrompit-il à nouveau.

- Il faut qu'on soigne ça. L'ignora-t-elle.

- Ça ira. Réfuta-t-il.

- Il faut au moins désinfecter.

Il savait qu'il n'aurait pas gain de cause avec elle alors il la suivit sans broncher jusque dans la salle de bain. Il la regarda préparer leur trousse de premiers secours et en sortir le matériel nécessaire. Elle imbiba une compresse d'alcool et marqua un temps d'arrêt avant de la déposer sur sa blessure, elle releva les yeux vers son visage et ce n'est que lorsqu'il eut hoché la tête qu'elle commença à désinfecter la plaie. Il la regarda soigner sa main méticuleusement, prenant garde à ce que la plaie soit parfaitement nettoyée avant de lui bander la main.

Il posa sa main métallique sur sa joue et pour la première fois depuis vingt-quatre heures, elle ne se raidit pas. Il caressa du pouce sa pommette et il jaugea longuement l'étrange contraste entre le métal de son bras et sa peau de porcelaine.

- Je me suis fait un sang d'encre. Confessa-t-elle sans relever les yeux de sa main bandée. Tu es parti si vite.

- Tu sais que je te reviendrais toujours. Je n'aurais pas dû. S'excusa-t-il.

Elle releva lentement les yeux vers lui, ils savaient tous les deux qu'il faisait référence aux mots qu'il avait prononcés avant de partir.

- Non, c'est toi qui avais raison. J'aurais dû t'appeler. Tu aurais dû être là.

- Je n'avais pas le droit de te dire ça.

- Bien sûr que si. Murmura-t-elle. J'ai été injuste envers toi.

- Non.

- Si. Contra-t-elle.

La main de Bucky glissa le long de sa joue et se réfugia au creux de sa nuque, il la vit frissonner face à la froideur du métal de sa main.

- J'aurais dû rester. Je n'aurais jamais dû te laisser seule après la nuit que tu avais passée.

- Ça n'aurait rien changé.

- Ça aurait tout changé. J'aurais été là. J'aurais dû être avec toi. C'était mon rôle.

- On ne peut pas mettre sa vie sur pause pour l'autre, Bucky.

- C'était mon rôle. Se contenta-t-il de répéter.

Amélia délaissa sa main blessée et posa sa paume sur sa joue, à son contact il ferma brièvement les yeux et s'appuya contre sa peau.

- Tu n'aurais pas pu le sauver. Il y avait un risque, on le savait, on a décidé de le prendre. Résonna-t-elle. On n'aurait rien pu faire, tu n'aurais rien pu faire, c'est comme ça. Murmura-t-elle.

Son bras valide s'enroula autour de sa taille et elle le laissa la serrer contre lui. Il se pencha jusqu'à ce que son front touche celui de sa femme et leurs regards se trouvèrent. Durant de longues minutes, ils se contentèrent de rester dans les bras de l'autre, leur étreinte les réconfortant tous les deux.

- Je t'aime. Chuchota-t-il.

- Moi aussi je t'aime.

- Je ne supporterai pas de te perdre. Souffla-t-il.

À ces mots, les mains d'Amélia agrippèrent un peu plus fermement ses hanches.

- Jamais. Promit-elle.

- On aura des enfants. Deux, trois ou dix si c'est ce que tu veux. Murmura-t-il. On aura autant d'enfants que tu veux.

Il vit les yeux d'Amélia se mettre à briller et il la sentit hocher lentement la tête.

- Pas tout de suite. Poursuivit-il.

- Pas tout de suite. Accepta-t-elle à voix basse.

Pour la première fois depuis qu'ils étaient rentrés de l'hôpital, ils eurent tous les deux l'impression d'être sur la même longueur d'onde. Elle savait au plus profond d'elle-même qu'il comprenait, ils savaient tous les deux qu'ils allaient devoir faire le deuil de cet enfant, qu'ils allaient devoir faire le deuil de tous les projets qu'ils avaient en tête, qu'ils allaient devoir enterrer les idées, qu'ils allaient devoir oublier l'avenir qu'ils avaient planifiés pour ce bébé. Ils savaient que ça prendrait du temps. Et ils étaient prêts à s'attendre l'un l'autre, peu importe le temps que ça prendrait. 

For Better Or WorseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant