For Better Or Worse

Chapitre 26

Depuis qu'elle avait verbalisé son refus de le voir repartir en mission, Bucky mettait un point d'honneur à rentrer à des heures décentes, comme ça, il pouvait voir sa fille avant qu'elle n'aille se coucher, il pouvait partager un repas en famille ou passer la soirée devant la télévision avec sa femme. Il rentrait rarement tard, et quand c'était le cas, il la prévenait toujours. De son côté, elle ne lui téléphonait jamais en journée, préférant rester le plus loin possible de ses affaires. Mais un jour, il reçut un appel, en plein après-midi, il était toujours sur le sol Wakandien, ils n'avaient prévu aucune mission pour le restant de la semaine, il se contentait d'entraîner les nouvelles recrues, la sonnerie l'avait surpris et il s'était dépêché à répondre.

- Bucky ?

Il avait immédiatement entendu à l'intonation de sa voix que quelque chose n'allait pas. Il entendit sa respiration saccadée, il l'entendit répéter plusieurs fois son prénom et il sentit la panique qui se dégageait d'elle.

- Où est-ce que tu es ? Interrogea-t-il immédiatement.

- Je te jure que j'étais attentive, je comprends pas comment ça a pu se produire... Je...

- Où est-ce que tu es ? L'interrompit-il fermement.

Il dût s'y reprendre une nouvelle fois avant d'obtenir une réponse, et quand elle le lui dit, il était déjà à bord de sa voiture, il avait mis le contact et il avait démarré en trombe, il fut sur place en quelques minutes, il trouva rapidement Amélia dont le regard hystérique scrutait la foule. Il se saisit fermement de ses épaules, et la secoua assez pour qu'elle regagne un brin de lucidité.

- Amélia. S'écria-t-il.

- Elle était là, elle était juste à côté de moi. Je te le jure. Elle était juste là. Je ne me suis retournée qu'une seconde, je... j'ai simplement tourné la tête et...

- Amélia, comment tu l'as habillée ce matin ?

Quand il les avait quittées le matin, elles étaient encore toutes les deux vêtues de leur pyjama, il n'avait pas la moindre idée de la façon dont elle avait pu habiller leur fille, il avait besoin de plus d'indication.

- Elle porte son ensemble orange, celui avec la jupe fleurie. Elle était attachée, je l'ai attachée dans sa poussette, je suis sûre de l'avoir fait.

- Concentre-toi Amélia.

Leur recherche ne dura que quelques minutes, mais ce furent les minutes les plus longues de leurs vies. Amélia entendit une voix, cette voix qu'elle connaissait tellement bien et elle se précipita vers la provenance du son et elle la vit. Les poings enroulés autour d'un tissu coloré, les yeux rivés sur les couleurs. La jeune femme sentit un poids s'enlever de sa poitrine et elle fut incapable de retenir ses larmes. Elle empoigna fermement sa fille et la serra contre elle, sanglotant de longues minutes tandis que Bucky, debout derrière elles, avait posé la main sur son épaule.

Le retour à la maison se fit dans un silence religieux, même Lia semblait comprendre qu'elle avait fait une bêtise et elle n'osa piper mot. Amélia fut la première à s'engouffrer dans la maison, laissant Bucky sortir leur fille de la voiture. Il la retrouva dans la cuisine, en train de faire une vaisselle, elle récurait avec énergie une assiette déjà propre mais il se garda bien de le lui faire remarquer. Au bout d'un moment, il vit ses épaules trembler et elle lâcha son éponge pour poser les mains sur le rebord de l'évier.

- Je l'ai attachée. Murmura-t-elle. Je l'ai attachée dans sa poussette, je l'attache toujours dans sa poussette. Même pour les courtes distances, je l'attache toujours.

- Je sais.

- Alors comment est-ce qu'elle a pu se détacher ?! S'écria-t-elle en frappant du plat de la main l'évier.

Elle ne fit pas attention au verre qu'elle avait mis à égoutter et sous son coup, il se brisa. Il vit le sang s'échapper dans la petite plaie qu'elle s'était faite à la main et il s'empara d'un torchon pour aller l'enrouler autour de sa menotte.

- Comment est-ce que ça a pu m'arriver. Continua-t-elle. Mais qu'est-ce qu'elle a pensé ?

- Elle n'a rien pensé, elle ne s'en est même pas rendu compte.

- Elle aurait pu penser que je l'avais abandonnée, que je l'avais laissée là, toute seule, imagine un peu ce qu'elle aurait ressenti...

Et Bucky comprit que ce n'était pas simplement le fait d'avoir perdu leur fille qui la mettait dans cet état. C'était son propre abandon qui lui faisait cet effet-là, les souvenirs, qu'elle avait toujours refoulés, avaient refaits surface et elle avait été incapable de les contrôler. L'idée même que sa fille puisse un jour vivre ce qu'elle avait vécu la terrifiait à un point inimaginable.

Il lâcha le torchon pour la prendre dans ses bras et immédiatement, il sentit ses bras s'enrouler autour de sa taille et le serrer fermement contre elle. Il la laissa sangloter sans rien dire, se contentant de lui caresser le dos et d'attendre qu'elle ne se calme. Ce qu'elle parvint à faire tant bien que mal.

- J'ai perdu notre fille.

- Tu ne l'as pas perdue. Elle s'est égarée. Nuança-t-il.

- Quelqu'un aurait pu la prendre, elle aurait pu... je ne sais pas, on aurait pu ne jamais la revoir.

- Mais ce n'est pas arrivé. On l'a retrouvée, elle va bien. Elle ne s'est rendue compte de rien, tout ce qu'elle se demande c'est pourquoi sa maman est si en colère.

Elle releva la tête vers lui et il chassa les mèches de ses cheveux qui s'étaient collées à ses joues humides et effaça du bout des pouces les dernières larmes qui roulaient sur ses joues.

- Alors tu vas aller la voir, tu vas la prendre dans tes bras et tu vas rester assise dans le canapé avec elle un moment. Tu peux faire ça ?

Elle hocha lentement la tête et il se pencha vers elle pour l'embrasser chastement.

- Mais avant, on va soigner cette main.

Le soir venu, elle resta plus longtemps dans la chambre avec Lia. Il l'entendit lui lire une histoire et puis, lorsqu'il ne l'entendit plus parler, il se faufila à l'étage et depuis le pas de la porte, il la regarda border leur fille avant de l'embrasser longuement sur le front. Elle ne sembla pas surprise de le voir debout là, elle ferma la porte derrière elle et appuya son dos contre celle-ci.

- Je t'ai préparé un bain. Chuchota-t-il.