– Pacha ! Viens ici ma belle ! Viens ! On va se promener !
Ma chienne se précipite vers moi en aboyant et en remuant la queue de contentement.
J'enfonce légèrement mes écouteurs dans mes oreilles, enroule la laisse autour du cou de Pacha, franchis le perron et sors sous la pluie fraîche du printemps.
La pluie dense et chargée d'ozone s'infiltre dans mes vêtements.
Je marche sur le sentier depuis quelques minutes lorsque j'entends un bruit, une sorte de craquement de brindilles.
Je me fige. Je n'ose respirer de peur de rompre ce moment intense.
Une biche.
Une magnifique biche se désaltère dans un ruisseau.
La tête penchée, le dos courbé, les pattes écartées, le museau rasant la surface de l'eau, l'animal s'abreuve mais n'en reste pas moins aux aguets.
Ses oreilles bougent de gauche à droite, attentives au moindre bruit.
Je suis émerveillée par la beauté du spectacle.
Malheureusement Pacha a vu la biche elle aussi et se met à aboyer en direction de l'animal.
La biche se redresse, et détale à toute vitesse. Pacha, aboyant comme une folle, tourne autour de moi et mes doigts se coincent dans sa laisse.
Je n'ai pas le temps de réagir que je perds l'équilibre.
Mon buste se cabre, mes bras se balancent pour essayer de stopper l'inévitable chute, en vain.
Je m'apprête à tomber dans l'énorme flaque de boue, mais le choc ne vient pas.
Je suis maintenue en l'air, comme si le temps s'était subitement arrêté.
La réalité étant légèrement différente, quelqu'un m'empêchait de m'étaler dans l'eau boueuse et éclabousser ainsi tout mes vêtements.
Ce quelqu'un est un jeune homme de mon âge, aux cheveux bruns semblables à du chocolat, aux yeux d'un vert émeraude presque irréel, et au corps athlétique.
Je n'arrive pas à faire face à la réalité et j'ai l'impression de vivre un rêve. Peut-être que c'en est un ?
On dirait que je me suis retrouvée dans un feuilleton pour ado bourré de clichés.
– Vous allez bien ? Demande ce sublime Adonis à la voix grave et puissante; terriblement masculine.
Je me ressaisis.
Hors de question de me laisser aller.
– Oui, merci de m'avoir éviter d'éclabousser mes vêtements.
– C'est normal. Je peux vous poser une question ?
– Ça dépend laquelle.
– Comment vous appelez-vous ?
– En quoi cela vous regarde-t-il ? Je réplique.
– En tant que votre sauveur du jour, je crois que je mérite une petite faveur, non ? Me répond-t-il avec un regard pétillant qui me fait fondre un instant.
C'est sans doute de cette manière-là qu'il obtient tout ce qu'il veut des filles.
Pas question de tomber dans ce piège !
– Tu crois m'impressionner avec ton petit sourire ?
Au lieu de me répondre, il rit. Son rire est angélique. Comment peut-on être aussi parfait ?
– J'en suis certain.
Putain quel con !
Je m'apprête à repartir contrariée, mais avant d'avoir pu faire trois pas il s'écrit:
– Attends !! Je ne sais toujours pas comment tu t'appelles !
Cette inquiétude dans sa voix me fait prononcer mon nom sans même m'en rendre compte.
– Lydia.
– Joli prénom. Et moi, tu veux savoir comment je m'appelle ?
– Ça ne m'intéresse pas.
– Tu es une fille coriace, toi !
Je lève un sourcil interrogateur.
– J'aime ça, explique-t-il.
– Ce que tu aimes où pas je n'en ai rien à faire, je réplique d'une voix ferme. Merci de m'avoir retenu de tomber et maintenant Adieu.
– Ok. Tant pis, je te le dis quand-même. Je m'appelle Hayden.
Hayden. Ce nom me plait.
Il me sourit une dernière fois avant de s'en aller plus profondément dans la forêt.
Après son départ, je me sens un peu perdue.
Pour ne rien arranger, la petite éclaircie qui a duré le temps de notre rencontre a disparu, à la place le ciel s'est couvert de nuages, menaçants d'éclater à tout moment.
Avant même que je sois sortie de la forêt, une pluie diluvienne s'abat sur moi en un rien de temps.
N'ayant pas apporté de manteau, j'arrive chez moi toute trempée et grelottante de la tête aux pieds.
Après avoir séché Pacha à l'aide d'une serviette trouvée dans un coin, je fonce vers la salle de bain et je fais couler un grand bain chaud avant de m'y glisser en laissant l'eau brûlante faire effet sur mon corps.
Je repense sans arrêt à ma rencontre avec ce garçon et je me rejoue la scène en boucle.
Pourquoi ne l'ai-je pas vu arriver ?
Et pourquoi me fait-il autant d'effet ?
Je ne suis plus tombée amoureuse depuis mes douze ans !
Oh, bien-sûr, j'ai eu des tas d'autres petits copains mais jamais de véritables amoureux. En réalité c'est surtout pour maintenir ma popularité.
Maintenant que j'y pense, je trouve ça affreusement stupide !
Bref ! Tout ça pour dire que j'avais cru pouvoir balayer ses illusions sauf que c'est moi qui suis tombée dans son piège à fille.
Malgré mon attitude qui prouve le contraire, je n'en mène pas large et il le sait.
D'ordinaire, je n'aurais pas hésité et j'aurais foncé sur l'occasion mais, étonnamment je n'étais pas à l'aise, comme si... comme si un lourd secret se cachait derrière ce physique avantageux.
Toutes ces questions et réflexions me torturent l'esprit me forçant d'abandonner.
Je sors du bain lorsque l'eau devient tiède.
J'attrape ma serviette et me sèche énergiquement.
J'enfile un jean et un sweat gris, après quoi je me démaquille et prends le temps de brosser mes cheveux blond vénitien qui mettent en valeur mes yeux verts et mon teint rose clair.
Je suis habituée à ce que les gens disent que je suis belle.
Je n'ose imaginer le nombre de garçons qui souhaiteraient sortir avec moi. Mais ils sont amoureux d'un corps et non d'une personnalité alors que ce que je cherche vraiment est une relation sincère, même si je doute que ce soit possible un jour.
Après plusieurs minutes où je traîne un peu, je sors de la salle de bain et me dirige vers ma chambre à l'autre bout du couloir.Voici à quoi ressemble Hayden.
Et voici à quoi ressemble Lydia.
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L'Alpha Maudit
WerewolfLydia est une jeune humaine, populaire au lycée, et qui voit sa vie se métamorphoser du jour au lendemain à la suite d'une rencontre et d'une mystérieuse morsure. Un grave danger guette Beacon Hills, sa ville natale. Saura-t-elle faire face à ce qu...