L'Alpha Maudit

Un nouvel ancêtre

L'ambulance ralentit, puis s'arrête devant la forêt.
Une fois à terre, j'aperçois une voiture qui m'est familière.
Un homme en sort, habillé tout ce qu'il y a de plus normal, en jean et en blouson kaki mais portant un AK47 dans une main tandis que des poignards pendent à sa ceinture.
– Monsieur Argent ?
– Lydia. Je suis ravie de te revoir. On m'a dit que tu avais subi quelques changements récemment. Tu tiens le coup ?
– Oui, merci, je réponds avec gratitude, touchée par cet élan de gentillesse.
– Tu dois avoir beaucoup de questions à me poser. Je vais t'épargner la tâche de me les énumérer. Je suis un chasseur de loup-garou maudit comme ta mère. Nous travaillons ensemble depuis bien avant ta naissance et le collier que ta mère porte est le symbole de notre organisation. Il y a des chasseurs dans toutes les villes du monde qui protègent les civils dans l'ombre et rétablissent l'équilibre.
Je ne sais pas si ta mère t'en a déjà parlé mais c'est la bête du Gévaudan qui y est gravée. C'est le premier loup-garou maudit apparu en France. Il terrorisait les populations et personne n'en est venu à bout hormis une jeune fille prénommée...
– Marie-Jeanne.
– Exact. Je vois que tu connais bien l'histoire. Mais sais-tu que cette jeune fille est ton ancêtre ?
– Hein ?
– C'est la première chasseuse d'une lignée entière. Lorsqu'elle s'est mariée elle a épousé un Argent. Ta mère et moi sommes des cousins très éloignés.
Depuis que j'ai reçu la morsure, je ne cesse de découvrir des secrets de famille.
Je ne sais plus si je dois m'étonner de cette nouvelle à la longue.
– Ne t'en fais pas. Tu t'y habitueras. Comme moi à ton âge, me rassure le père d'Allison, ayant deviné mes pensées.
– Je l'espère. Par contre on devrait peut-être commencer le plan, on a moins d'une heure avant que Peter ne se pointe.
– C'est vrai. Hayden ? Tu viens m'aider à appliquer le sang ?
– Tout de suite. Lydia, tu devrais remonter dans l'ambulance pour te préparer. Tu vois ce que je veux dire...
Je ne le voyais que trop bien malheureusement.

Quelques secondes plus tard, je me retrouve en compagnie d'un cadavre qui empeste la décomposition.
Je mets mon nez dans mon tee-shirt tout en m'empressant de penser à autre chose.
De bons moments par exemple. C'est là que me vient un souvenir d'il y a quelques semaines, quand Hayden et moi apprenions à nous connaître juste avant l'épisode de l'aconit dans la salle de bain...

– Le cavalier peut faire quoi ?
– Il peut se déplacer uniquement en L.
– Ok. Et le fou ?
– En diagonale. Ne t'inquiète pas, tu vas y arriver, je le rassure. Les blancs commencent. À toi l'honneur ! Hayden avance un de ses pions de deux cases.
Je fais de même, il en avance un autre, et au bout de trente secondes je lui en ai déjà mangé deux.
– Je n'ai aucune chance contre toi ! Gémit-il.
– L'important, c'est de s'amuser !
– Tu trouves ça amusant comme jeu, toi ?
– Chut... Tais-toi et reprends une part de pizza, je lui ordonne en souriant.
Il s'exécute de bonne grâce.
Le feu crépitait et nous étions tous deux enroulés dans nos couvertures à disputer une partie d'échecs.
C'était un moment merveilleux que nous passions ensemble et je priais pour qu'il ne cesse jamais.