Point de vue d'Hayden

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Je vois bien qu'elle est angoissée, je le suis aussi d'ailleurs.
Je conduis en direction du loft de Derek depuis plusieurs minutes et Lydia est de plus en plus renfermée sur elle-même.
– Ne t'inquiète pas. Je suis certain que Derek aura des réponses à nous fournir.
– Je suis un monstre, lâche-t-elle d'une voix plate et résignée.
La violence de ses propos me font réagir au quart de tour. J'arrête la voiture sur le bord d'un fossé, je coupe le contact et j'éteins le moteur.
Nous restons plusieurs secondes sans parler, avant que je vienne rompre le silence oppressant.
– Ne répète plus jamais ça.
– Quoi ? Tu préfères que je nie les faits ? Lance-t-elle ironiquement.
– Écoute-moi bien Lydia. Tu n'es pas un monstre. Je t'interdis de prétendre le contraire.
– J'aurais pu tuer Allison, répond-t-elle en tremblant légèrement.
Je ne sais pas quoi répondre à cela, mais je veux à tout prix lui effacer les mauvaises images qu'elle a à présent d'elle-même.
– L'important est qu'elle aille bien. Je comprends que tu ressentes de la culpabilité mais tu n'y es pour rien. Ce n'est en aucun cas ta faute.
– Et si ça l'étais ? J'ai pratiquement causé une commotion cérébrale à Allison et seulement avec ma voix. Tout ça à l'air dingue.
Là-dessus je ne peux pas la contredire.
Tout ça est dingue.
– Jamais je n'aurai pu me le pardonner si elle était... Si elle était...
Ses mots moururent dans sa gorge tandis qu'elle éclate en sanglots.
Elle a beau être forte et courageuse, son cœur est sensible, c'est une des nombreuses choses que je trouve magnifique chez elle. Son empathie et l'amour qu'elle porte à ses proches.
Je la prends dans mes bras et lui enfouis son visage contre mon cou.
Lorsque que ses pleures s'estompent, elle me regarde avec reconnaissance, essuie ses larmes et déclare :
– Tu as raison. Je ne suis pas un monstre. Je suis juste complètement perdue et traumatisée... Mais je veux comprendre ce qui ne va pas chez moi.
Je hoche la tête, la comprenant parfaitement et redémarre la voiture.
Nous arrivons bientôt en bas de l'immeuble.
Dans l'ascenseur, je sens beaucoup de tension. Nous sommes tous les deux stressés car nous ignorons si Derek saura répondre à nos questions et comprendre les réactions de Lydia.
Je fais coulisser la porte, et sans surprise, celui-ci nous attend, dos à l'immense fenêtre.
– Hayden ? Qu'est-ce que tu veux ?
C'est bien du Derek tout craché ça. Même pas un bonjour. Enfin bon, avec le temps on s'y fait.
– Lydia et moi avons besoin de toi et de tes avis éclairés.
– C'était ironique ?
– Pas vraiment, non.
– Je plaisante.
Je hausse les sourcils.
Derek, plaisanter ? Ça c'est nouveau.
– Bref, on aimerait te poser quelques questions au sujet de Lydia.
– Je crois que vous surestimez mes connaissances en matière de surnaturel mais je vais faire de mon mieux.
– Il m'est arrivée une chose étrange tout à l'heure, raconte la concernée, depuis plusieurs jours, j'ai de violentes migraines, mais celle d'aujourd'hui dépasse de loin toutes les autres. J'avais comme l'impression que des gens me parlaient à l'intérieur de ma tête. Au départ, ils chuchotaient. Puis le bruit s'est amplifié et j'entendais distinctement leurs paroles. Toutes racontaient des choses horriblement macâbres. Au bout d'un moment, il était impossible pour moi d'en supporter davantage. Et c'est là que j'ai eu le reflexe de hurler. Mais quand j'ai arrêté, les fenêtres et les ampoules environnantes étaient toutes cassées, et Allison qui était avec moi, était allongée sur le sol...et inconsciente.
Un long silence se fait avant que Derek ne prenne la parole.
– Je ne sais pas ce que tu es, mais en plus d'être un loup-garou capable de la métamorphose complète, tu sembles posséder d'autres dons. Tu es décidément pleine de surprises ! Malgré tout, je peux quand même vous conseiller d'aller voir Deaton. S'il y a bien quelqu'un qui peut vous renseigner au maximum, c'est bien lui.
– Je me demande pourquoi je n'y ai pas pensé plutôt, je m'étonne.
– Avant de partir, j'aimerais savoir comment se débrouille Lydia avec la transformation.
– Je ne me suis pas entraînée, répond-elle.
– Ce n'est pas grave. Je vais t'apprendre.
– Maintenant ?
– Oui maintenant. Tu auras besoin de savoir te défendre en prévision des prochains jours. On va commencer par quelque chose de simple. Forme un poing avec ta main et déplie tes doigts d'un coup sec pour faire apparaître tes griffes.
Lydia s'exécute mais ses doigts restèrent les mêmes.
– J'y arrive pas ! Se plaint-elle en grimaçant.
– Ne pense à rien. Fais-le naturellement. Aussi naturellement que tu marches.
Lydia répéta l'exercice en fermant les yeux et en expirant mais cette fois-ci de longues griffes avaient remplacé ses ongles fins.
– Ça marche !! S'exclame-t-elle en écarquillant les paupières.
Derek sourit tandis que je la félicite.
– Très bien ! Maintenant attaque-moi.
– Quoi ?
– Tu as entendu. Attaque-moi.
Lydia me jette un coup d'œil, l'air de se demander ce que mon mentor lui prépare.
Je lui lance un regard qui se veut encourageant.
C'est une méthode que je connais bien et qui a fait ses preuves sur moi.
Elle regarde à nouveau Derek, sort ses griffes et charge sans trop y croire. Celui-ci esquive habilement. La jeune loup-garou récidive et Derek se met à nouveau hors de sa portée.
– C'est carrément impossible ! Soupire-t-elle.
– Je n'ai jamais dit que ce serait facile, rétorque Derek.
– Je n'ai aucune chance de te battre.
– Aujourd'hui ? Non. Mais plus tard, ça se pourrait bien. Tu dois laisser tes instincts de prédateur t'envahir.
– Je pourrais blesser des gens.
– Pas si tu prends le contrôle.
– Comment est-ce que je dois m'y prendre ?
– Tu as peur de perdre le contrôle de tes pulsions alors tu t'interdis de ressentir des émotions. Laisse ces émotions t'envahir, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Mais ne les laissent pas prendre le dessus. Ensuite choisis une clé. Une phrase, un souvenir, une personne, trouve un ancrage. Quel qu'il soit.
Lydia réfléchit quelques instants puis déclare :
– C'est bon.
– Bien. Maintenant trouve un élément dans ta vie qui te donne la rage. Une chose qui t'a mise très en colère. Canalise-là.
Lydia ferma les yeux et plissa le front. Lorsque ses paupières s'ouvrent à nouveau, ses prunelles sont d'une couleur différente. Elles sont mauves, une couleur qui reflète sans doute sa personnalité sinon elles ne seraient pas ainsi. Derek chargea mais cette fois Lydia contra. Ses bras bloquaient chacune des tentatives d'attaque de celui-ci.
Derek ayant plus d'expérience, la bat rapidement mais je reste sincèrement impressionné par ses réflexes défensifs.
– Tu es vraiment très douée, la félicite Derek. Je n'ai jamais vu ça. Tu as sans doute trouvé une clé puissante pour te donner autant de force.
Lydia sourit mais ne dit rien.
Je sentais qu'elle n'était pas encore prête à partager certaines choses. Mais le moment venu, quand elle voudra se confier, le moment venu je serai là.

L'Alpha MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant