Nuit étoilée

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J'ai pu partir dès le début de l'après-midi, mais au lieu de rentrer chez moi, je me suis plutôt dirigée vers le lycée, en particulier sur le terrain de cross.
J'ai l'intuition que c'est là que je dois me rendre.
Je veux comprendre ce qui m'est arrivé.
Je ne fais pas attention aux regards insistants que me lancent tous les lycéens du bahut et je marche droit devant moi tel un somnambule.
Le lieu en question est désert.
Je n'ai qu'à fermer les yeux pour revivre l'horreur de la veille.
La peur et la douleur que j'ai ressenti... Je m'agenouille soudain, l'oreille attentive, la tête à deux centimètres du sol. J'entends d'abord des murmures, puis ils s'amplifient de telle sorte que ce sont des hurlements qui me parviennent. Ils m'encouragent à les rejoindre.
Je pousse un cri étouffé.
Je connais celui qui m'a mordu à l'abdomen.
Sans l'avoir jamais vu, je connais son identité.
Je tombe à genoux.
Le ciel en profite pour alléger ses nuages, et tandis que la pluie s'abat sur moi, un hurlement retentit au loin. J'ignore combien de temps je suis restée là, mais quand deux bras musclés s'emparent de mon corps, je ne me débats pas. Et quand une voix me murmure :
– Chut...Tout va bien, je suis là.
Ma vue se brouille et je tombe alors dans les limbes de l'inconscience.

***

Quand j'émerge enfin, je n'ouvre pas tout de suite les yeux, je me contente d'écouter.
– C'est hors de question Derek !! Je refuse que l'on se serve d'une jeune fille innocente pour traquer l'Alpha maudit.
– Tu as une autre idée peut-être ?
– On pourrait se servir de toi comme appat ?
– Bonne idée ! Et qui t'aideras à te contrôler quand ce sera la pleine lune ?
– Tu sais très bien que j'ai progressé et que je maîtrise parfaitement ma transformation. Je n'ai pas besoin d'une maman-poule pour me dire quoi faire !
– Et toi tu sais très bien que si tu refais ne serait-ce qu'une seule fois une erreur, tu pourrais révéler le secret de notre existence à la terre entière ! C'est ça que tu veux peut-être ? Une perte totale de contrôle de tes pulsions meurtrières et anéantir des dizaines de personnes uniquement pour satisfaire tes besoins primaires ?!!
Hayden allait sans doute lui répondre quand il se tourne tout à coup vers moi.
– Je crois que Lydia est réveillée, annonce-t-il.
J'écarquille les yeux.
Plus la peine de jouer la comédie maintenant.
– Comment vas-tu jeune louve ? Me demande le dénommé Derek.
Il est plutôt grand et musclé. Je suppose qu'il a dans la vingtaine et quelque chose dans son regard m'indique qu'il a un lourd passé derrière lui.
– Bien... enfin, je crois.
– Te rappelles-tu de quoi que ce soit ?
– Je... je ne sais pas, c'est flou.
– C'est normal, tu vas avoir cette impression pendant quelques minutes encore.
– Où est-ce que je suis ?
– Dans le loft de Derek, me répond Hayden à la place de celui-ci.
– Derek Hale ?
– Exact. Tu as entendu parler de moi ?
– À la télé. Ils parlaient d'un incendie.
– Ah, fait le concerné.
Je préfère ne pas trop insister car je crains d'avoir touché une corde sensible.
– Pourquoi est-ce que je suis ici ?
– Je t'ai trouvé par terre sous la pluie, sur le terrain de crosse, répond Hayden.
– Je faisais quoi là-bas ? Je l'interroge, surprise.
– Ça, c'est à toi de nous le dire. Déclare Derek en m'adressant un sourire qui se veut réconfortant.
Je me redresse, la tête un peu engourdie.
– Ça fait combien de temps que je suis ici ?
– Deux jours.
– Deux jours ?!!
– Oui. On ne savait pas comment te réveiller, on a tout essayé mais tu ne bougeais pas d'un poil, on s'est un peu inquiétés.
– Ma mère doit être paniquée ! Je m'exclame en essayant tant bien que mal de me débarrasser de la couverture qui recouvrait mon corps.
– On s'est occupé de ça. Je sais rassurer les mères inquiètes.
– Oh putain ! J'arrive pas à le croire !
– C'est sûrement difficile à digérer, compatit Derek. Je te laisse le temps de récupérer, je vais faire un tour. Je ne serai sûrement pas revenu avant demain, annonce-t-il en se dirigeant vers la sortie. Appelez-moi si vous avez besoin de quoi que ce soit.
Et comme pour illustrer ses paroles il ferme la porte, nous laissant seuls, Hayden et moi.
– Est-ce-que ça va ?
S'inquiète le garçon qui me plait en plissant les traits de son visage d'une manière si adorable que cela me fait craquer.
– Je crois que j'ai une migraine.
– C'est étrange. Les loups-garous ne sont jamais malade pourtant.
– Parle-moi d'eux, ou plutôt de nous, je l'implore, avide de savoir. Quelles sont nos capacités ?
– Nous possédons une force herculéenne, des crocs tranchants et des griffes pointues. Notre ouïe, notre vue et notre odorat sont bien supérieurs à ceux des loups normaux. Nous avons la faculté de courir très vite et de nous métamorphoser.
Je peux te montrer si tu le souhaites.
– Et bien puisque c'est mon nouvel état à partir de maintenant, autant m'y habituer.
– D'accord, mais attention, recule un peu...
Je le regarde se métamorphoser progressivement en loup-garou. Des poils lui poussent le long des joues.
Ses pupilles prennent la teinte bleue et des griffes apparaissent en venant remplacer ses ongles.
– Voilà ce que je suis, Lydia, dit-il avec une voix qui n'est pas celle que je connais.
Si je disais que son apparence ne m'effrayait pas, je mentirai. Mais malgré tout, cela me fascine.
– Tu m'apprendras, moi aussi, à me transformer ?
– Bien sûr, accepte-t-il une fois redevenu humain. Quand tu seras rétablie.
– Je ne sens plus aucune douleur.
– Tant mieux, mais il faut attendre la pleine lune. Elle sera là dans moins d'une semaine. En attendant, suis-moi, j'aimerais te montrer quelque chose.
Je fait ce qu'il me demande, ayant hâte de connaître la suite...
Il se dirige vers la fenêtre et l'ouvre en grand.
D'un bond, il saute sur le rebord et me tend la main.
– Quoi ?! Tu veux que je meure ?
– Crois-moi, tu risques moins ta vie en me faisant confiance, qu'en bravant la tempête pour aller sauver ton ami.
J'ouvre la bouche et la referme aussitôt, ce qui le fait esquisser un sourire satisfait.
– Alors ? Tu me fais confiance ?
Au lieu de répondre, je lui donne ma main.
– J'en étais sûr.
– Tais-toi avant que je ne change d'avis, je le menace.
Il eut l'air de prendre mon avertissement au sérieux car il n'ouvrit la bouche qu'uniquement pour me demander de m'accrocher à lui et d'essayer de ne pas tomber en chute libre.
Mine de rien, je suis quand même à environ cinquante mètres du sol. Une pareille chute ne fait pas de cadeau.
Hayden s'élance dans le vide et atterrit dix mètres plus bas sur un toit en ardoise.
Le saut à fait faire à mon coeur un 360 degrés et j'ai des tremblements dans mes membres.
Lorsque ceux-ci s'estompent, je peux enfin admirer à sa juste valeur, la vue qui s'offre à nous.
La ville de Beacon Hills illuminée par l'activité routière. On entend au loin les véhicules, circulant sur la route.
Peut-être des pères ou des mères qui rentrent chez eux et dont les enfants les attendent avec impatience...
– C'est incroyable! Je souffle, éblouie.
– N'est-ce pas ? C'est ici que je me rends quand j'ai besoin de réfléchir et de me calmer.
Le voir se livrer à moi est une première, ce qui signifie sans doute qu'il me fait confiance.
Nous nous asseyons pour mieux profiter de ce moment merveilleux, la brise légère, nous caressant le visage.
Il m'enlace soudain et m'invite à m'installer entre ses jambes, contre son torse chaud.
Il incline sa tête contre la mienne et pose ses mains sur mon ventre, comme pour écouter ma respiration régulière.
Je ne tarde pas à m'endormir, apaisée par ce contact chaud et agréable.

L'Alpha MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant