Visions

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Lorsque mes yeux s'ouvrent, je me trouve au beau milieu d'un lac gelé. Il doit faire horriblement froid mais curieusement je ne ressens rien de tel.
En fait, je ne ressens rien.
Je suis vide de sensations ou d'émotions.
Je balaye du regard l'endroit, quand tout à coup, je vois surgir des abords de la forêt qui enveloppe le lac, une jeune fille, ou plutôt une jeune femme.
Elle court.
Son expression faciale me laisse penser qu'elle fuit quelque chose ou quelqu'un.
Elle a le teint pâle et le nez rougi par le froid, et elle possède une longue chevelure brune et bouclée.
La jeune femme court sur la glace, la faisant craquer sous son poids.
Un hurlement monstrueux parvient tout à coup à mes oreilles.
Une bête à la laideur sans pareille fait son apparition.
Son corps est envahi d'une brume noire d'obscurité.
Même mes cauchemars les plus terrifiants paraissent comme de doux rêves à côté de ce démon.
La bête se rapproche dangereusement de sa victime, je veux hurler et lui porter secours, mais ma voix est comme inexistante et mes muscles ne répondent plus.
Le monstre va la tuer, j'en suis certaine à présent.
Mais alors que je commence à perdre espoir, la jeune femme glisse sur la glace et attrape une pique d'argent qui était dissimulée sous la neige.
Elle se retourne vivement et enfonce son arme dans le coeur de la bête jusqu'à la garde. Celle-ci pousse un cri rauque et se transforme peu à peu en l'homme qu'elle est.
La jeune femme semble lui chuchoter quelque chose à l'oreille, puis elle l'embrasse sur le front, récupère la pique et fait demi-tour pour s'enfoncer dans la forêt. L'homme émet un espèce de gargouillis et ne bouge plus. Aussitôt ma vision se brouille. Je suis à présent sur le terrain de crosse, le surlendemain de la tempête.
Je m'étais comportée étrangement.
J'étais allée au lycée ce jour-là. Je m'étais agenouillée sur l'herbe fraîche et tout avait basculé.
À présent, je suis devant cette Lydia qui s'est évanouie. Il y a comme deux versions de moi-même.
Et puis je compris. C'était un souvenir.
La "Lydia" du souvenir marmonne d'étranges paroles. On dirait qu'elle est en transe.
Ses cheveux mouillés sont balayés par le vent qui se fait de plus en plus fort.
La pluie diluvienne redouble de plus belle.
Étrangement, je ne ressens rien de tout cela.
Mes vêtements sont secs et je n'ai pas froid.
Exactement comme sur le lac.
En l'observant, je vois qu'elle fixe le sol avec insistance.
On aurait dit qu'elle cherche quelque chose.
Mais qu'aurais-je pu chercher parmi l'herbe et la terre ?
Tout à coup, elle redresse la tête d'un coup sec, et prononce d'une voix blanche avec de yeux inexpressifs qui me font frissonner :
– Peter.
Avant de s'effondrer dans un bruit sourd.
Je suis stupéfaite. Pourquoi est-ce que je ne m'étais pas rappelée de ce moment ? Pourquoi avais-je dit cela ? Cela avait-il un rapport avec l'Alpha maudit ?
Depuis qu'Hayden est entré dans ma vie, cette dernière n'est plus la même et je n'en maîtrise plus le cours.
Je commence alors à paniquer et à nouveau, le paysage s'évanouit et je me réveille en sursaut.

L'Alpha MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant