L'Alpha Maudit

Nouvelle vision

Les arbres se mouvant autour de moi tel des spectres venus d'outre-tombe me narguent avec leurs branches.
La nuit est fraîche et la lune est à présent une sphère lumineuse éclairant mon chemin.
Je ne sais pas combien de temps j'ai couru, ni à quel moment je me suis transformée en louve immaculée, mais je sais que mon instinct de survie est le plus fort.
J'ai couru jusqu'à la maison de Théo, ce qui me semble être le choix le plus judicieux pour moi.
J'ai repris mon apparence normale, et j'ai lancé un cailloux sur sa fenêtre.
Théo ne dormait probablement pas car il a ouvert au premier lancé.
– Lydia ? Chuchote-t-il.
– Théo, c'est moi. J'ai besoin de toi. Ouvre-moi, c'est urgent.
J'attends environ une minute, puis la poignée de la porte d'entrée s'abaisse et mon ami me laisse entrer.
– Ma mère dort, fais pas de bruit et suis-moi.
Nous montons les marches d'escalier et entrons dans sa chambre.
Les événements de la soirée m'ont tellement choqué que je n'ai pas conscience qu'il s'est mis à pleuvoir sur le trajet et que je grelotte actuellement.
– Tu es trempée ! Constate-t-il. Et tu saignes ! Je reviens, la trousse de secours est dans la salle de bain.
– Non, attends ! Je vais bien je ne suis pas blessée, ce n'est pas mon sang.
Évidemment je ne peux pas lui dire qu'étant un loup-garou, ma cicatrisation est dix fois plus rapide qu'un humain ordinaire.
– Alors c'est celui de qui ?
– Écoute Théo, je ne peux rien de te dire, il faut que tu me fasses confiance, s'il te plaît.
La personne va bien je te le jure.
– Tu y vas un peu fort là quand même ! Tu frappes chez moi en pleine nuit, trempée de la tête aux pieds avec du sang sur ton tee-shirt et aucune explication !
– Je sais. Je suis désolé mais je n'ai pas le choix, ça vaut mieux pour toi, je t'assure.
Mon ami paraît réfléchir une seconde puis cède.
– Bon, ok pour cette fois. Mais plus jamais ça se reproduit. Ok ?
– Promis, je réponds, soulagée.
– Tu peux utiliser la salle de bain, à gauche au fond du couloir. Et je vais te prêter des vêtements chauds, tu vas tomber malade autrement.
– Merci mille fois pour ton aide, je te revaudrai ça.
– Pas besoin. C'est ce que font les amis.
Je lui souris, reconnaissante et me dirige vers sa salle de bain. Je prends une douche apaisante et reviens dix minutes plus tard dans un jogging gris et un long tee-shirt bleu nuit qui m'arrive en dessous des fesses.
– Tu peux dormir dans mon lit, les draps sont propres, m'informe Théo.
– Merci mais tu n'es pas obligé de faire tout ça pour moi tu sais.
– Lydia, je suis ton ami et tu as besoin d'aide donc je suis là.
Une fois la lumière éteinte, je me glisse sous la couette et m'endors presque instantanément à cause de la fatigue.

Je vois Peter. Il est assis contre un mur dans ce qui me semble être un vieil entrepôt.
Du sang s'écoule sur le sol, il est blessé et ça à l'air d'être assez grave.
Son visage est humain et ses vêtements tachés. Il murmure quelque chose.
Je tends l'oreille et cette fois je comprends.
La partie n'est pas finie ma chère Lydia. Et c'est moi qui la remportera. Tu ne fais que retarder l'inévitable...
Sans transition je me retrouve chez moi.
Je suis nez à nez avec l'Alpha maudit.
Ce dernier tient ma mère entre ses griffes.
Il me répète que c'est ma faute si ma mère va mourir.
Je le supplie d'arrêter et lui promets de faire tout ce qu'il voudra mais il m'annonce que c'est trop tard.
Alors une vague de désespoir me submerge.
Puis la colère mêlée à la souffrance s'empare de tout mon être. Obéissant à mon instinct, j'oriente mes mains en direction de Peter et libère ma voix de la cage dont elle était prisonnière.
Un hurlement strident envahit la pièce.
Je ne connais pas l'issue du combat car j'ouvre les yeux sous une lumière aveuglante.
– Lydia, est-ce que ça va ? Tu n'arrêtais pas crier dans ton sommeil.
– Théo ?
– Oui ?
– Quelle heure est-il ?
– Actuellement il est midi.
Je me redresse avec un peu de difficulté et me frotte les yeux.
– J'ai commandé des pizzas, ajoute-t-il. Tu as faim ?
Je souris et j'accepte.
Voilà qui me remontera le moral !
J'envoie d'abord un rapide texto à ma mère et à Hayden, puis je descends.
L'odeur me chatouille les narines.
Les pizzas sont délicieuses, j'engloutis la mienne en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
Je rafraîchissais ma gorge avec un soda quand je me rappelle de mon rêve pour le moins étrange de la nuit dernière...