La légende du Gévaudan

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J'ignore ce que j'ai réellement vu mais je sais qu'Hayden ne m'a pas tout dit et qu'il se passe des choses étranges.
J'attrape mon ordinateur et ouvre une page internet.
Je déplaçe le cursus sur la barre de recherche et pianote sur le clavier : yeux rouges et hurlements.
Je ne m'attends pas à grand-chose car ma recherche est imprécise mais ce que je découvre me fait ouvrir grand les yeux.
Je clique sur un site qui parle d'une légende ancestrale.
Je le parcours rapidement mais je m'arrête sur les mots : métamorphe, pleine lune, meute, et dévoreurs d'enfants. Mon cœur bat à la chamade. C'est comme si je suis sur le point de découvrir quelque chose. Je me ressaisis.
C'est n'importe quoi.
J'ai réussi à me faire peur toute seule rien qu'en lisant un article.
Je souris.
Quelle idiote je suis !
Je descends en bas pour boire un verre d'eau et j'aperçois ma mère, Nathalie qui tapote le clavier de son téléphone.
– Tu ne dors pas ? Me demande-t-elle sans lever les yeux.
– Non, je n'y arrive pas.
– Je peux te faire une infusion de camomille si tu le souhaites.
– Pourquoi pas.
Un éclat scintillant attire soudain mon regard.
C'est un pendentif que je voie souvent sans pour autant lui accorder de l'attention.
Il est en argent et représente un espèce de chien avec une longue queue.
Une de ses pattes de devant est levée en angle droit.
Sa gueule est grande ouverte, comme s'il s'apprêtait à dévorer quelque chose.
– Au fait, d'où vient ce collier ? Je l'interroge.
Si elle parait surprise par ma question, elle n'en montre rien. Elle me sourit et me répond :
– C'est un bijoux qui m'a été offert il y a longtemps. Il représente une légende française de l'époque.
– Qu'est-ce qu'elle raconte ? Je lui demande, ma curiosité l'emportant.
– Il y a très longtemps, dans un village au sud de la France, appelé Gévaudan, une bête monstrueuse faisait des ravages. On raconte qu'elle emportait ses victimes pour les dévorer dans sa tanière.
Les habitants de ce lieu étaient terrifiés, et c'est pour cette raison que l'on rassembla des volontaires pour organiser une battue. Une récompense ainsi que la reconnaissance de tous les villageois attendait celui qui réussirait à tuer la bête.
Mais personne n'arriva à mettre fin au carnage et tous ceux qui avaient osé troubler la tranquillité de ce monstre, l'avaient payé de leur vie.
Un homme réussit toutefois à l'apercevoir, non sans mal.
Et, quand il surgit au beau milieu d'une auberge, il était gravement blessé et des marques de morsure étaient visibles sur son corps.
Le malheureux a eu à peine le temps de décrire l'animal, qu'il succombait à ses blessures.
Les villageois ont quand même pu en retenir une chose : la bête ne tue pas pour se nourrir mais simplement pour le plaisir.
Une jeune fille était présente ce soir-là.
Elle avait tout vu et tout entendu. Les abominables blessures sur le corps du chasseur l'avait bouleversé. Une rage indescriptible l'avait alors envahie.
L'animal devait mourir.
Quand elle rentra chez elle, ce ne fut pas pour ruminer, mais pour se préparer à traquer ce monstre.
Elle prit son arc et ses flèches. Elle enfila une grande cape en laine rouge, et partit.
Elle avançait dans l'épaisse couche de neige depuis plusieurs heures, sans résultat. La jeune fille avait observé que la bête tuait de nuit, ainsi se dit-elle, en attendant le crépuscule, elle aurait plus de chances de dénicher cet animal venu tout droit des profondeurs de l'enfer.
La jeune fille se nommait Marie-Jeanne.
Elle était aussi belle que la rosée au petit matin et plus courageuse que n'importe qui.
Quand Marie-Jeanne entendit un bruit, elle rassembla son courage et arma son arc.
Une créature sortit alors de derrière les sapins.
La jeune fille n'avait jamais vu pareil monstre.
La bête ressemblait à un loup mais un loup immense et aux yeux injectés de sang.
Des crocs plus tranchant que des rasoirs, des griffes acérées et une fourrure épaisse.
Elle mesurait au moins trois mètres de haut et elle poussa un hurlement à glacer le sang. Marie-Jeanne était tétanisée et quand la bête bondit vers elle pour la massacrer, elle ne bougea pas.
Heureusement, par on ne sais quel miracle, Marie-Jeanne fut projetée violemment sur le côté, si bien que les crocs du monstre claquèrent dans le vide.
La jeune fille s'évanouit de terreur et se réveilla dans une modeste demeure.
Son sauveur qui était à ses côtés, la rassura.
C'était un beau jeune homme dans la vingtaine et qui savait se servir des plantes comme nul autre.
Marie-Jeanne voulait à tout prix tuer cette monstruosité et demanda conseil auprès de son sauveur.
Celui-ci lui révéla que la bête n'était autre qu'un loup-garou et que son point faible était l'aconit-tue-loup, une fleur violette qui était mortelle à cette espèce.
Il lui enseigna pendant des mois comment en combattre un.
Ainsi, Marie-Jeanne apprit que la poudre de sorbier était très utile pour se protéger et que c'était ce qui l'avait sauvé.
Le jeune homme lui apprit aussi que la bête pouvait reprendre forme humaine et qu'elle serait ainsi plus vulnérable.
La courageuse jeune fille s'entraîna pendant des mois et une amitié naquit entre elle et le jeune homme qui lui avait sauvé la vie.
Quand elle fut prête, Elle plongea ses flèches dans de l'aconit mélangée à du guy et, aux lueurs de l'astre nocturne, elle façonna une lance mortelle grâce à son propre sang, puis elle se mit à la recherche de l'animal tueur.
Pendant trois longues années, Marie-Jeanne la traqua et réussit enfin à l'attirer dans un piège lors de l'hiver 1767.
La jeune fille fit semblant d'être blessée et quand la bête franchit le lac gelé, elle trébucha mais avant que le monstre ne s'abatte sur elle, elle se retourna d'un seul coup et enfonça la lance qu'elle avait plongé dans sa mixture spéciale dans le corps de l'abomination dont les prunelles s'ouvrirent en grand.
Surprise, cette dernière resta immobile un instant, puis tenta de la griffer, sans succès.
La bête se retransforma en l'humain qu'elle avait été, et causa un grand choc pour Marie-Jeanne, car le loup-garou s'était avéré être son frère, Sébastien Valet disparu durant la guerre.
La bête du Gévaudan périt en cet hiver glacial et ne refit jamais son apparition.
Marie-Jeanne brûla toutes les possessions de son frère, le condamnant ainsi à un sort pire que la mort : la Damnatio Memoriae.
Personne ne se souviendrait plus jamais de lui.
Puis elle rejoignit celui qui lui avait tout appris, et avec le temps, ils devinrent plus que de simples amis.
C'est ainsi que Marie-Jeanne abandonna son nom de famille pour prendre celui de son amant, Argent.
– Wow... C'est une histoire passionnante ! Je m'exclame.
– Effectivement. Il parait même que la bête aurait tuée près de cinq cents personnes en moins de trois ans.
– Mais comment se fait-il que tu connaisses aussi bien cette histoire ? Je lui demande, curieuse.
– Ton grand-père me la racontait très souvent étant petite.
– En tout cas tu racontes vraiment très bien. On s'y croirait...

L'Alpha MauditOù les histoires vivent. Découvrez maintenant