2. Alerte à la bombe

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2. Alerte à la bombe
(by Jean-Pierre-Soumis)

— Un deux. Un deux. Carmin tu me reçois ?

Wooh putain ! J'ai fait un bond de deux mètres ! J'étais pépère sur un banc en train de réfléchir au sens de la vie et je venais d'entendre Diakité aussi clairement que s'il était assis à côté de moi.

— C'est quoi ce bordel ?

— Visiblement le micro fonctionne.

Ah oui, ma boucle d'oreille. Je savais que Diak pouvait entendre, mais pas qu'il pouvait me parler. J'étais au parc de la Villette, où S-Nin devait me rejoindre d'ici un quart d'heure. Sur le banc à côté de moi il y avait une maman qui n'avait eu aucune réaction quand Diak avait parlé dans le micro, mais qui me regardait soudain très bizarrement. J'ai couvert ma bouche de ma main :

— Je vais avoir l'air d'un taré qui parle tout seul, gros malin.

— Tu n'as qu'à être plus discret.

Je suis allé m'asseoir un peu plus loin.

— Bon, qu'est-ce que tu veux ?

— Vérifier si tout va bien. Tout est normal autour de toi ?

— Ben oui.

— Rien d'inhabituel, pas de menace ?

— Ben non.

Qu'est-ce que j'en sais, moi, de si tout était comme d'habitude ? C'est pas comme si je passais mes dimanches après-midi à Paris dans des parcs.

— Bien. S-Nin va sûrement te tester, vérifier si tu es digne de confiance. Tu as bien mémorisé les arguments anti-clonage ?

— Mais oui rholala.

— Comment tu t'es habillé ?

Tiens tiens tiens... Je me suis redressé un peu :

— Ouh, tu veux jouer, Drissou ? Et si tu me disais plutôt comment toi tu es habillé, tout seul dans ton grand bureau ?

Un bref silence dans ma boucle d'oreille.

— Je porte une chemise avec mon badge Santorga, m'a-t-il dit de sa voix froide. Oh, avant que j'oublie : tout ce qui passe dans ce micro sera enregistré et analysé.

Oups. Coucou patron.

— Maintenant, en tout professionnalisme, décris moi ta tenue d'infiltration. Il faut que je sache que tu n'as pas fait n'importe quoi.

— Ok. Alors j'ai : mon T-shirt no-future, avec un sarouel et euuh le bonnet de Bob Marley, avec les dreads incorporées, ça me faisait penser à toi.

— Par pitié Carmin, dis-moi que tu n'es pas sérieux.

— Tu me prends vraiment pour un débile. Depuis le temps qu'on bosse ensemble, ça me vexe.

C'est vrai quoi. Le bonnet rasta était au fond de mon sac à dos (que j'avais customisé avec des stickers récupérés dans les manifs, je prends ma reconversion professionnelle très au sérieux). Je l'avais acheté pour faire une blague à Diak, pas pour ma mission d'infiltration, c'est juré. Encore moins pour anticiper un éventuel fantasme du fait que je n'allais plus revoir mon plan cul pendant un certain temps, non non non.

— Bon, comment je coupe la communication ? Je veux pas que S-Nin me voie parler tout seul.

— Tu ne peux pas.

— ... Pourquoi tu t'acharnes à faire de ma vie un enfer, exactement ?
Il a eu un genre de "hum" satisfait.

— C'est bon je te laisse tranquille. Concentre-toi sur ton personnage.

Kiwi ex MachinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant