15. Driss Diak se fait HUMILIER par Champignon

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15. Driss Diak se fait HUMILIER par Champignon
(by Victor Carmin)

Arrivé chez moi, j'ai pris une douche, fait une sieste, grignoté un nourricube, et go Santorga pour mon deuxième débriefing de la journée. Diak s'était connecté à ma boucle d'oreille assez tard dans la matinée, ce branleur avait fait la grasse mat. Il avait donc raté une bonne partie de l'engueulade autour de Champignon, mais il pouvait la réécouter quand il voulait.

Pour une fois, je n'étais pas du tout motivé à y aller. J'avais la sale impression que j'allais me faire engueuler, que j'avais fait quelque chose de mal. Alors que c'était tout l'inverse, j'avais empêché S-Nin de réussir son plan. Pourquoi je me sentais coupable vis‑à‑vis de Santorga ?

— Ah, Victor, m'a accueilli la standardiste. Monte vite, Prigent veut te voir.

Aïe aïe. Avant de monter chez mon patron, je suis passé embêter Diak comme toujours, mais il n'était pas dans son bureau. J'ai attendu, fouillé un peu dans son bordel et dévalisé son stock de capsules de café (j'en avais besoin pour chez moi). Son termi n'était pas verrouillé, ce qui est super étrange quand on connait un peu le niveau de parano du bonhomme. Je me suis dit que c'était l'occasion de découvrir tous ses secrets. Pas que la vie de Diak m'intéresse, mais qui sait avec quoi je pourrais le faire chanter ?

Un dossier était ouvert au milieu de l'écran, avec un seul document intitulé « CARMIN » à l'intérieur. Qu'est‑ce que c'était que ça ?

J'ai ouvert le fichier, un peu méfiant. Il ne contenait que quelques lignes de texte :

Carmin,
Ne parle pas de Champignon au patron. Je sais que tu adores me mettre des bâtons dans les roues, mais ne sois pas stupide à ce point. C'est dans notre intérêt à tous les deux de régler cette histoire loin de sa supervision.
PS : rends‑moi mon café.

J'ai rigolé. Diak qui se pisse dessus de peur face à son rival nucléaire. Bien fait pour lui. J'ai voulu continuer à fouiller son terminal mais à peine j'avais fermé le doc que tout s'est verrouillé et je n'ai plus rien pu faire. Putain de hacker surdoué.

Bon, quand faut y aller... Je suis pas si réticent à squatter le bureau du patron d'habitude, il a des fauteuils en cuir de PDG à côté de la baie vitrée, et une vue imprenable sur le béton de Cergy. La légende raconte qu'il y a quelques années, on pouvait encore apercevoir la tour Eiffel à travers le nuage de pollution. N'empêche que j'étais pas à l'aise en entrant dans l'ascenseur. Je sais très bien ce que j'ai à me reprocher : par la pensée, au fond de moi, j'ai un peu trahi mon patron. J'aime Kiwi plus que lui maintenant.

Une surprise m'attendait dans le bureau de François Prigent : Diak était là, assis sur un fauteuil, et à mon entrée il s'est levé. Je réexplique plus lentement parce que vous n'avez probablement pas saisi l'ampleur mythique de la situation : Diak était assis, et quand il m'a vu, il s'est mis debout. Dingue ! Ça ressemblait à... une preuve de respect, je sais pas. D'habitude, il adore m'ignorer exprès, je suis limite obligé de renverser son bureau pour lui faire décoller le nez de son terminal.

— Bonjour Patron. Merci Diakité, tu peux te rasseoir.

Je pensais qu'il allait rebondir sur ma vanne, mais même pas : il s'est rassis, l'air confus. Même le patron a été étonné. Diak est de plus en plus bizarre en ce moment.

— Carmin, s'est inquiété Prigent. Diakité m'a dit que vous aviez manqué de mourir. Comment allez‑vous ? Votre bras ?

Ah, ça expliquait le comportement de Diak. Il avait eu peur pour moi, le chou. Me voir en chair et en os et bien vivant avait été de trop pour son petit cœur.

Kiwi ex MachinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant