13. On est liés

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13. On est liés
(by Kiwi)

Grenade et Noisette stationnaient dans une rue à 200 mètres de Santorga. Le plan d'urgence en cas de problème était le suivant : Grenade, au volant du faux camion poubelle qui était lent et peu maniable, se barrait au point de rendez‑vous. Noisette avec la voiture fonçait devant Santorga pour nous récupérer et on décampait en abandonnant les clones et les partenaires si on ne pouvait pas faire autrement.

Quand FdB et moi avons atteint l'entrée livraison, personne ne nous y attendait, ce qui signifiait que Litchi et les autres avaient appliqué le plan. J'aurais dû être satisfait et fier qu'ils aient tous obéi sans se laisser dominer par leurs émotions, mais... je sais pas... je pensais pas que Grenade aurait accepté de partir sans moi, je pensais qu'il m'attendrait, ou viendrait me chercher. Ça a été un peu une claque de ne pas le voir en sortant. Je suis trop puéril, haha, je devrais avoir honte.

Par contre, la voiture de Noisette était là, juste devant l'entrée avec les clés sur le contact. Ils avaient dû fuir avec le camion pour nous la laisser au cas où on survivait, c'était risqué. En cas de course‑poursuite, ils ne s'en sortiraient pas avec le camion. FdB et moi nous sommes rués vers la voiture, mais j'ai eu un doute au moment de prendre ma place. Quand on utilise un véhicule pour nos opérations, on enlève systématiquement la puce, ainsi la police ne peut pas le géo‑localiser. Malheureusement, enlever cette puce, ça n'est possible que sur les vieux modèles. Cette voiture‑là, comme la plupart des voitures de S-Nin, avait carrément une boite manuelle. Et dans l'état où était mon bras...

— Prend le volant, ai‑je ordonné à FdB.

— Euuuuh...

Lui aussi était blessé au bras. Mais c'était le bras gauche, ça devrait être plus simple pour lui. Il m'a pourtant fait un regard dépité :

— J'ai pas le permis.

Il est sérieux ? À son âge ? Alors qu'il s'emmerde toute la journée ?

— C'est pas grave, ai‑je répondu en prenant la place du conducteur. Change les vitesses pour moi quand je te dirai, okay ?

Il a hoché la tête et on est partis. La police commençait à prendre d'assaut l'entrée principale du bâtiment quand on a quitté le pâté de maison. Encore quelques minutes et ils bouclaient la zone. On avait eu chaud. FdB était étonnamment silencieux. Est‑ce qu'il pensait aux gardes ? Ou aux clones ? Les clones, dans la panique et les cris de l'alarme, je les avais complètement oubliés, je n'avais pensé qu'à retrouver mon partenaire. Bravo Kiwi, super pro. J'espérais que Litchi se soit occupée d'en sauver au moins quelques‑uns malgré le plan d'urgence.

Lorsqu'on a été suffisamment loin, Fraise des Bois a enlevé son masque à gaz et entrepris de se faire un bandage avec des lambeaux de ma manche de survet cramé. Il me passait les vitesses quand je lui demandais, il a fallu que je lui explique comment ça marchait, comme quand je donnais des cours de conduite à Chibi. Je pourrais aussi apprendre à FdB, si on avait le temps un jour. S-Nin a besoin de gens qui savent conduire les voitures à boîte manuelle.

— On va rejoindre les autres au point de rendez‑vous, ai‑je dit pour briser le silence. Ils ont peut‑être réussi à sortir quelques clones.

FdB ne m'a pas répondu. J'ai regardé son visage en sueur. Il avait la mâchoire serrée, le regard fixe.

— Ça va ?

— Mmh.

Lui qui donne l'impression de se foutre de tout, je n'aurais pas cru qu'il prendrait une défaite aussi à cœur. Ça a achevé de me démoraliser.

Kiwi ex MachinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant