23. Ma première pyjama party

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23. Ma première pyjama party
(by FdB)

Quand je suis rentré de chez Diak, vers 5 heures, le jour commençait presque à poindre derrière le nuage de pollution. Je sais que Driss commence à avoir des doutes sur ma fidélité envers Santorga, pourtant cette nuit il ne m'avait posé aucune question. Il m'a accueilli en jogging avec du café et on a regardé la fin d'un énième documentaire sur la fin du monde à la télé. Et puis on a fini par baiser quand même, qu'est‑ce que vous voulez ? On avait peut‑être pas envie avant de se voir, mais une fois réunis c'était autre chose. Et puis on a pas souvent l'occaz de baiser dans un lit.

L'appart de Diak était étonnamment normal. Je m'attendais à un genre de grotte sombre avec un bureau au milieu d'une pièce et des câbles qui jaillissent de partout comme des plantes invasives, mais rien de tout ça. Il y avait des tableaux d'art contemporain absolument dégueulasses, (tous aux abris ! Diak est un amateur d'art !), quelques photos de sa famille sur son frigo, des plantes vertes pour combler son manque affectif, un canapé en cuir de bogoss, et un bureau carrément bien rangé, surtout comparé à celui de Santorga qui est en bordel tout le temps. Quand je lui avais fait la remarque il m'a répondu :

— À qui la faute ? Dès que je range mon bureau tu viens y foutre le bordel en t'allongeant dessus.

Haha... pas faux. J'avais été tenté de m'allonger sur celui‑là aussi pour le faire rager, mais je venais d'arriver et j'avais encore pas le moral. Mais petit à petit, mater Diak dans des fringues casu ça m'a revigoré. Je suis content qu'on ait baisé avant que je parte, pas seulement parce que vive le cul, mais aussi parce que ça me foutait un peu la trouille que Diak et moi on commence à avoir un genre de relation où le sexe n'est pas la priorité numéro un, que ça soit supplanté par des trucs effrayants comme le réconfort, le soutien. Diak n'est pas la personne, pour ça. C'est qu'un plan cul. Ce soir on a eu un moment de complicité un peu incongru, ça se reproduira pas. Comme ça, quand je le trahirai, il s'en foutra. Ça lui fera même pas de peine. Ce sera même pas vraiment une trahison vu qu'on s'aime pas. Je lui ai déjà fait de pires coups de pute que ça. Et maintenant que j'ai vu où il habite, je sais où trouver un autre bureau sur lequel venir m'allonger au cas où je me fais virer de Santorga pour trahison. Tout ira bien.

Mais pour l'instant, je rentre me coucher, je suis mort. Il s'était passé trop de trucs, en moins de 24 heures j'avais visité l'appart de Diak et la planque de Sartrouville Ninja. J'avais découvert le passé sombre de Kiwi. J'avais choisi mon camp. J'ai bien mérité mon dodo.

Mais la nuit n'était pas encore finie. Un clodo était assis juste devant la porte de mon immeuble. Je suis passé en l'ignorant comme on le fait tous, en priant pour qu'il ne me parle pas. Mais un bout de rayon de soleil qui dépassait a attiré mon œil. C'était pas Kiwi quand même ?

— Kiwi bordel, mais qu'est‑ce que tu fous là ?

En un éclair, je me suis rappelé pourquoi j'avais appelé Diak. Les articles. L'état dans lequel ça m'avait mis. Reste pas là dehors la nuit, Kiwi, putain, on va te ramasser et t'embarquer, on va te faire du mal. T'es trop craquant, et t'as trop bon cœur pour rester seul dehors. Arrête d'avoir confiance en quoi que ce soit, t'as vu comme ça te réussit ?

— Yo FdB.

Il a baillé à s'en décrocher la mâchoire et s'est frotté les yeux, puis il m'a fait son putain de sourire qui me met par terre. Ça ne correspondait tellement pas à ce que je venais de lire sur lui. Et moi, il ne fallait pas que je me comporte différemment, sinon il allait savoir que je savais. Je cogitais tout ça quand son sourire s'est fait un peu plus ambigu, un peu plus moqueur :

— Alors comme ça on découche, petit coquin ? Comment va ton amoureux ?

— C'est pas mon amoureux !

Kiwi ex MachinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant