10. Toi, moi, un faux-plafond...

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10. Toi, moi, un faux‑plafond...
(by FdB)

Quand j'ai signé mon contrat d'embauche il y a quatre ans, j'avoue que je suis passé un peu vite sur les petits caractères. Peut‑être que c'était écrit quelque part que passer plusieurs heures d'affilées coincé dans le faux‑plafond de Santorga Franche‑Comté avec les barres qui me scient la peau et sous une chaleur étouffante faisait partie de mes fonctions ? Faudrait que je relise mieux que ça.

— Mais qu'est‑ce que tu fous ? a râlé Kiwi qui était allongé à côté de moi. Arrête de bouger.

— J'en peux plus ! j'ai chuchoté. On va attendre encore combien de temps ?

— Encore sept heures et douze minutes, a fait Litchi. Maintenant ferme là. Essaie de dormir.

— Mais comment tu veux que je dorme, il fait au moins 50° ! Et les barres me font mal.

— Continue à geindre et c'est moi qui vais te faire mal.

— Ah nan, vous commencez pas ! a menacé Kiwi que personne n'a écouté.

— Vas‑y Litchiasse, tente ta chance. J'aimerai bien voir comment tu vas réussir à me taper avec Kiwi entre nous deux et vu l'espace qu'on a pour bouger dans ce... AIE PUTAIN !

— Chuuuut ! m'ont engueulé les deux autres.

Je ne sais pas comment elle a pu me mettre un taquet aussi violent alors qu'on avait même pas assez de champ pour se tourner sur le côté. Enfin, peut‑être qu'elle, elle pouvait ? Elle fait la moitié de ma largeur d'épaules à peine, et je ne pouvais pas la voir à cause de l'obscurité.

— Putain mais quel plan de merde ! 10 heures là‑dedans ! Et si on veut pisser on fait comment?

— Mais non tu vas voir, c'est un plan super. On a des bouteilles vides, j'ai tout prévu. Tiens, prend un cookie, c'est ma mamie qui les a faits.

Kiwi s'est mis à farfouiller à l'aveuglette dans le sac à dos devant lui. J'y crois pas. On fait un pique‑nique dans le faux plafond maintenant.

— Tu vas attirer les rats, l'a prévenu Litchi.

— Arrête c'est ma phobie.

— Y a pas de rats chez Santorga.

J'aurais peut‑être pas du dire ça à voix haute, moi. Dans le noir, la voix de Licthi s'est chargée d'un soupçon menaçant :

— Qu'est‑ce que t'en sais ?

Et merde. J'ai entendu Diak lâcher un petit pet de stress dans ma boucle d'oreille. J'avoue, j'avais pas assuré. Mais oh ! On a un comité d'hygiène irréprochable ! Ils ne me lâchent jamais la grappe, dès huit heures du matin on reçoit des mails collectifs pour nous ordonner de ne surtout pas jeter de nourriture dans les poubelles à papier. J'ai trop souffert pour laisser dire qu'il y a des rats chez Santorga. Heureusement, je m'en suis tiré avec une pirouette admirable :

— J'essaie d'empêcher Kiwi de paniquer, connasse !

Ouf. Désamorcé. Et en bonus, l'adorable rire de Kiwi :

— T'inquiètes j'en suis pas encore là. Si des rats arrivent ils vous boufferont en premier, avec vos bras et vos jambes bios. Moi je suis tranquille.

— Super. Merci Kiwi. Et ce cookie, tu me le files ou tu te torches avec ?

Plutôt que de vous raconter minute par minute les dix heures épiques que Kiwi, Litchi et moi avons passées là‑dedans, je vais plutôt expliquer la parodie de plan qui nous a amenés dans cet horrible endroit. Je veux dire, le faux‑plafond, passe encore, mais la FRANCHE‑COMTÉ ? J'vous jure. Je savais même pas qu'il y avait un Santorga là‑bas.

Kiwi ex MachinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant