Episode 2 - La chasse - Partie 1

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Arte

« Galadonne a essuyé une sérieuse attaque de léparis il y a un mois, Betven a subi une invasion de mournes, et même à Korbelvir, il y a eu des soucis ces derniers temps avec des aglons, » exposa Pleurnichard, non, Fern. Mince. Je grimaçai intérieurement. Le sunom qu'avait donné Luvie au Béni qui était resté avec eux depuis ce qui s'était passé à l'entrepôt lui collait à la peau. Si les autres ne se gênaient pas pour l'appeler comme ça, et si lui-même, après quelques protestations au début, semblait s'y être fait, je m'étais fait un point d'honneur de l'appeler par son vrai nom. Mais ce n'était pas toujours facile.

« En résumé, » intervint Luvie pour la première fois de la soirée, « il y a quelque chose qui ne tourne pas rond avec les animaux. »

Nous nous trouvions tous les quatre, Luvie, Ash, Fern et moi, dans notre QG, la pièce à l'arrière de l'auberge de Dina. Luvie était rentrée il y a peu de sa journée chez l'armurier où elle finissait son apprentissage. Pleur... Fern, lui aussi, était revenu il y a peu de la mission de récole d'informations que nous lui avions confiée. Et les nouvelles qu'il rapportait étaient troublantes.

Depuis plusieurs mois, les animaux s'étaient mis à se comporter bizarrement. Les léparis étaient certes des prédateurs, mais ils ne s'attaquent ordinairement pas aux hommes, et encore moins en ville. Les mournes étaient des rongeurs solitaires, aussi une forte concentration dans le même village était très étrange, quant aux aglons, ils vivaient en bord et mer et n'avaient rien à faire dans une ville aussi loin dans les terres que Korbelvir. Sans oublier l'incident avec les crakols ici, à Rêver. Je pouvais le sentir avec mes facultés de Chasseuse : quelque chose perturbait la biosphère à l'échelle du continent. Il fallait faire quelque chose.

« Nous devons découvrir ce qui cause ces comportements anormaux, » dis-je.

« Si on s'occupe de sauver la forêt, » protesta Ash, « qui va protéger les Bénis ?

-Et ben, la milice, quelle question ! » ricana Luvie, un sourire malicieux aux lèvres. Depuis quelques temps notre Protectrice nationale développait – ou laissait sortir – une prédilection pour le sarcasme. Ash grimaça. La milice était, avec sa famille, le sujet le plus sensible pour elle, et un de ceux avec lequel Luvie aimait le plus plaisanter.

Avant que les choses dégénèrent, je leur exposai mon plan :

« Fern et toi allez justement rester ici pour finir de mettre en place notre projet de réseau d'entre-aide entre Bénis à Korbelvir, pendant que Luvie et moi nous allons nous concentrer sur la forêt, comme tu dis. »

C'était un pari. Ash et moi, on formait une équipe depuis de nombreuses années. On s'était engagés ensemble, on avait déserté ensemble après... après, et on avait continué à œuvrer ensemble pour protéger les Bénis de personnes comme lord Longrin. Si les choses avaient un peu changé depuis l'arrivée de Luvie dans notre petit groupe, puis la participation de Fern, la dynamique entre nous deux était restée plus ou moins la même. Je sentais bien que pour Luvie, s'insérer dans notre duo n'était pas toujours simple. Il était sans doute temps que les choses changent.

Et puis, nous ne pouvions en effet pas laisser les Bénis du coin sans la protection sur laquelle ils commençaient tout à juste à compter, ni Fern assumer seul cette responsabilité. Quant à Luvie, il était évidemment hors de question qu'elle me laisse partir sans elle. Même si nous suspendions le lien entre chaque patrouille et chaque mission, je sentais bien que cela lui coûtait, à chaque fois qu'elle devait aller travailler et ne pouvait plus m'avoir à l'œil. Et nous nous trouvions alors tous les deux dans la même ville.

A mon grand étonnement, personne ne protesta, même si je voyais bien que le joli visage d'Ash avait pris son pli soucieux. Il fut convenu que Luvie et moi patienterions les deux semaines qu'il lui restait en apprentissage chez l'armurier avant de partir, et que nous profiterions de ce temps pour récolter le plus d'informations possibles. Nous avions une carte de Yosha et allions répertorier dessus tous les événements anormaux, en reliant au besoin l'endroit où les créatures auraient dû rester et là où elles avaient été repérées. Nous devrions alors être en mesure d'avoir une idée un peu plus précise de ce qui clochait, ou au moins de où cela clochait.

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