Meurtre et cosplay - Partie 4

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Le reste de la bande nous attendais à quelques rues du QG des inspecteurs. Pleurnichard et Sélène jouaient avec une pièce, Luvie faisait les cent pas – et semblait... clignoter ? On aurait presque dit qu'elle faisait des Voyages ultra courts, à chaque fois que... à chaque fois que la pièce tournoyait en l'air.

« Encore face ?? C'est pas possible tu triches ! » s'exclama Fern.

« Je triche pas.» répliqua Sélène avec un rictus.

Arte, assis appuyé contre un mur et les yeux mi-clos, mais à qui le petit manège de Luvie n'avait sans doute pas échappé, rigola du nez.

Puis Luvie, qui avait senti notre approche plus tôt, remarqua nos blessures. Je la vie passer du mode « attente légèrement inquiète mais pas incompatible avec le fait de jouer des tours à Pleurnichard » à « vigilance maximum ». Le temps que les autres s'en rendent compte à leur tour, elle s'était assuré que le périmètre était sécurisé et que nous n'étions pas en danger immédiat. Elle et Fern qui Voyagea furent ensuite sur nous en instant, nous examinant sous toutes les coutures.

« Qu'est-ce qui s'est passé ?! Où est-ce que vous étiez ? » demanda Luvie, pendant que Fern tendait aux blessures les plus urgentes.

« En lieu sûr », intima Arte.

Nous rentrâmes au Poney Pétulant en silence, sans nos habituelles blagues et chamailleries.

De retour au QG, nous étions assemblés devant notre tableau noir. Loustic et moi avions reçu baumes, bandages et autres remèdes.

Luvie finit par poser à nouveau la question que je redoutais, sur un ton plus posé maintenant que nous étions tous à l'abri et hors de danger.

Mais je ne savais pas quoi lui répondre, parce je n'en avais aucune idée, et que c'était terrifiant.

J'avais toujours imaginé, sans m'attarder trop sur la question, que c'était suite à ma mort que j'avais perdu la mémoire de qui j'étais ; c'était une solution logique et plutôt satisfaisante, et la question de savoir qui j'étais avant ne m'avais jamais vraiment torturé. Mais peut-être que j'avais tort, peut-être que j'étais voué à périodiquement perdre la mémoire et devenir quelqu'un d'autre. C'était absolument terrifiant. L'idée de perdre tout souvenir de mes amis, de ma vie, de qui j'étais...

Je ne pouvais aussi pas m'empêcher de penser à Ash. A comment, pendant ses derniers mois, elle s'était aigrie et refermée sur elle-même alors que nous cherchions en vain une solution pour elle. Je ne voulais pas faire la même chose, faire subir la même chose à mes amis. Mais si je leur disais la vérité, si je leur disais que pendant quelques heures, je n'avais pas été moi mais un autre, que c'était de voir Loustic en danger de mort qui m'avait permis de revenir, que je risquais de disparaître de moi-même sans crier garder, et que cette perspective broyait mon cœur de peur, jamais ils ne pourraient s'empêcher de tenter de résoudre mon problème. Mais je ne voulais pas leur faire revivre ce qui s'était passé avec Ash, alors je mentis.

« Je me suis laissé emporter par mon rôle. Vous savez comment ça, le théâtre... Mais je n'avais pas la moindre idée que ça allait dégénérer comme ça. Je suis vraiment désolé. »

Plus tard, alors que je chercherai en vain le sommeil, je pourrais remonter le fil et analyser toute la complexité des raisons qui m'avaient poussées à mentir à ce moment-là. Dans l'instant cependant, je ne pouvais pas décortiquer quoique ce soit, et j'étais juste mu par une profonde angoisse.

Luvie fit un « hum » dubitatif, avant de me passer un savon sur tous les risques encourus, comme si je n'en étais pas conscient moi-même. Elle demanda ensuite un câlin de groupe, que j'acceptais avec joie ; je ne savais pas combien de temps il me restait auprès de ces amis qui étaient ce que j'avais de plus précieux au monde, et je voulais profiter de chaque seconde.

Les BénisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant