Episode 6 - Le Professeur - Partie 1

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Loustic

Cette parenthèse dans les ruines n'avait pas eu beaucoup d'intérêt, mais au moins elle avait redonné le sourire à Ash. Son état était vraiment préoccupant et la voir redevenir un peu plus elle-même me rassurait.

Nous étions embusqués près du laboratoire de Wersol. Nous avions finalement eu du mal à le trouver ; Wersol était une assez grande région, quand on y cherchait un labo secret sans se faire repérer. Nous avions fini par découvrir une structure suspecte dans des bois très peu fréquentés car infestés de moustiques, et nous l'observions depuis plusieurs jours. Il s'était remis à pleuvoir, pour notre plus grand bonheur, mais heureusement c'était une petite pluie fine, et pas le déluge que nous avions dû affronter quelques temps plus tôt. Au moins la pluie éloignait-elle les moustiques.

Ou pas.

« Saloperie de moustique ! » chuchota Ash entre ses dents serrées, après un bruyant claquement.

« Moins de bruit ! » répliqua Arte en chuchotant lui aussi.

« Tu es sûre que tu ne veux pas de ma pommade à la citronnelle ? » proposa Fern. « Elle fonctionne plutôt bien !

-Et elle pue tellement qu'elle risque de nous faire repérer.

-C'est vrai qu'elle sent fort et qu'elle n'est pas idéale pour une attaque surprise, mais elle éloigne bien ces horribles bestioles, sœurette, tu devrais essayer.

-Plutôt mourir.

-C'est un peu extrême, mais c'est vrai que Richie n'a pas de problème avec ces saletés.

-Pour une fois que ce n'est pas moi que la nature veut manger...

-Silence, il y a du mouvement ! »

Nous observâmes en silence une voiture s'arrêter près du laboratoire, et des hommes en sortir un coffre en métal qui semblait peser son poids. Je frissonnai en pensant à ce qu'il pouvait contenir. Les hommes entrèrent dans le labo à grand renfort de grognements. Ça devait vraiment peser lourd. Pourvu que « ça » ne soit pas une personne.

Le calme finit par revenir dans la forêt. L'un d'entre nous soupira. Nous ne savions pas comment nous y prendre pour récupérer les informations dont nous avions besoin. Entrer tous en force semblait idiot – le labo avait sans aucun doute des issues secrètes par lesquelles le Professeur pourrait s'enfuir, et avec lui nos réponses, le temps qu'on arrive jusqu'à lui. Une infiltration était vouée à l'échec : se faufiler dans une prison de la milice était une chose, dans un laboratoire secret où les contrôles d'identité ne devaient pas manquer en était une autre. Nous n'étions pas sûrs du nombre de personnes à l'intérieur, sans oublier qu'il y avait sans doute des enfants comme Maya emprisonnés, et que nous ne voulions pas les faire se retrouver entre deux feux.

Bref, tactiquement parlant, même après une bonne semaine de planque et d'observation, nous n'arrivions à rien. Et ça commençait un peu à travailler le moral des troupes. Luvie s'impatientait particulièrement.

« Ça ne rime à rien », grogna-t-elle. « Je vais juste y aller et défoncer...

-Tu ne défonce rien du tout !

-Tu vas juste réussir à te faire tuer si tu y vas toute seule.

-Alors on y va tous ensemble et on éclate...

-On est là pour récupérer des infos, pas se la jouer à la Rambo.

-Je n'ai aucune idée de quoi tu parles. Mais qu'est-ce qu'on fait dans ce cas-là ? J'en peux plus de rester là à observer alors qu'on n'avance pas.

Les BénisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant