Les Bénis

Beach episode - Partie 3

C'est Luvie qui repéra le chaton, quelques minutes plus tard, recroquevillé au bord de la route dans une boîte indiquant « adoptez-moi ». Luvie, qui adoptait déjà les zombies qui n'avaient rien demandé dans les cimetières, se jeta bien évidemment sur le pauvre chaton sans défense.

« Oui, je sais, on ne peut pas le laisser là », dis-je alors qu'elle ouvrait la bouche.

« C'est absolument pas ce que j'allais dire. Ok, c'est ce que j'allais dire. Mais c'est vrai, on ne peut pas laisser Swift là, abandonné dans sa boîte.

-Wow, tu as mis moins d'une seconde à lui trouver un nom, c'est impressionnant.

-C'est mon job, après tout.

-Je croyais que c'était chef de la sécurité ?

-Nan, ça c'est juste un hobby.

-Logique.

-Swift, donc. Hum. J'avais pensé à Gus.

-C'est non Loustic.

-Je vote pour Socquette !

-Je ne sais pas d'où vous sortez l'idée que c'est une démocratie ici, mais c'est pas le cas. Y a pas de vote pour les noms, c'est moi qui dit et c'est tout.

-Je suis sûr qu'Arte nous a déjà fait le coup de la démocratie, tu manques d'originalité Luvie.

-Ça change rien au fait que cet adorable chaton s'appelle Swift.

-Cet adorable chaton qui sort de nulle part.

-Il sort pas de nulle part, il sort de cette boîte où il a été abandonné à la merci du bon cœur des personnes passant devant.

-Boîte qu'on trouve juste après avoir été accostés par un fantôme et une bande de démones prêtes à en découdre. Oui, c'est sans aucun doute une coïncidence.

-Tu divague Loustic, c'est un chaton tout ce qu'il y a de plus normal.

-Bernard aussi était un caillou tout ce qu'il y a de plus normal, sauf qu'en fait il était maudit, et maintenant il parle.

-On va pas avoir droit deux fois au même ressort scénaristique, faut pas s'en faire, y a aucun risque. »

Fern avait raison, il n'y avait aucune raison pour ce chaton ne soit pas exactement ce qu'il semblait être : un mignon petit chat qui poussait d'adorables petits miaulements pour réclamer à manger (ou un câlin. ou à jouer. ou... oui, ce chaton réclamait beaucoup), et ronronnait en faisant vibrer tout son petit corps.

Swift se révéla aussi, et ce dès les premières heures, une source qui semblait infinie de bêtises et de chaos. Mais il était parfaitement impossible de se fâcher devant ses petits yeux et sa petite bouille.

Ok, on était peut-être un peu gagas, mais qui n'aime pas les chatons ? Il fit même l'unanimité auprès de la bande d'Erlan, sur qui nous étions tombés une fois rentrés à l'auberge, puisque bien évidemment ils avaient choisi la même auberge que nous, ce qui avait bien entendu provoqué toute une floppée de « qu'est-ce que vous foutez là », « c'est notre auberge », « non c'est la nôtre », « arrêtez de nous suivre c'est gênant et flippant » venant des deux côtés, jusqu'à ce qu'Issin remarque Swift et s'extasie dessus, ce qui amena tous les autres à faire de même et à convenir que c'était un chaton adorable – le pouvoir que détenaient ces petites bêtes !

Deux jours s'écoulèrent ainsi : Erlan et sa bande et nous tentions au maximum de nous éviter, sans grand succès, et nous nous retrouvâmes à partager plusieurs moments que je ne peux qualifier de mauvais sans mauvaise foi, notamment en jouant aux cartes – l'une des activités favorites d'Issin, apparemment. Parfois nous nous voyions au petit déjeuner, nous nous retrouvions bloqués dans le même groupe pour une visite guidée – nous apprîmes ainsi, entre deux pièces d'un musée, que Greg aimait tricoter, et que Mloc était sacrément calé en peinture -, à partager la même plage... La veille du jour où devaient arriver Dina et Maya – Luvie s'était plus d'une fois demandé si ce n'était pas mettre la petite en danger que de la laisser venir alors qu'Erlan était là, mais comme ils n'avaient rien tenté, nous avions convenu que ça irait sûrement. peut-être. on l'espérait. -, le couple qui tenait l'auberge, deux adorables mamies, proposa une grande soirée conviviale. Au programme, jeux de société, buffet spécial et film.