Loustic - Partie 2

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Fern et moi, on avait passé pas mal de temps en repérage. La prison où se trouvait Loustic n'était pas la plus sécurisée que j'ai jamais vue. Ce n'était pas là qu'étaient retenus les détenus les plus dangereux, heureusement. Fern et Luvie – enfin, surtout Luvie -, s'occupèrent de neutraliser la patrouille extérieure et de ramener les gardes là où nous nous cachions. Le hasard faisant bien les choses, ils étaient cinq. Nous enfilâmes leurs uniformes, qui comprenait à notre grand soulagement un casque ; entre la tête de zombie de Richie et le fait que mon visage comme celui d'Arte devaient être connus de la milice du coin, sans oublier le fait que des nouveaux visages sont hautement suspects, c'était une bonne chose. Fern flottait dans son uniforme, ce qui lui donnait un air carrément ridicule, ce que s'empressa de faire remarquer Luvie, mais à part ça, la première étape du plan d'Arte se déroulait bien.

Nous reprîmes alors la patrouille là où les gardes l'avaient bien involontairement laissée, avant de nous poster devant l'entrée. Fern et moi avions remarqué que chaque groupe effectuait trois patrouilles complètes avant d'être relevé. Nous avions attendu la troisième avant de nous attaquer aux gardes. Il nous restait environ une heure à attendre postés devant l'entrée avant la relève. Une heure interminable pendant laquelle Richie et Fern ne s'arrêtèrent pas de parler un seul instant malgré nos multiples tentatives pour les faire taire.

« Le concept même de prison amène à réfléchir sur la condition humaine... »

« Et si on se faisait prendre ? »

« le corps que nous habitons n'est-il pas une prison en lui-même ? »

« Et si Loustic ne se trouvait pas là ? »

« échapper à la mort sinon physiquement, du moins symboliquement, à travers... »

« Et si quelqu'un trouvait les gardes ? »

« prisonniers de notre passé et de nos choix... »

Je suis sûre d'avoir vu Arte se frapper la tête contre le mur. Plusieurs fois. Luvie semblait prête à les égorger, et les grognements d'agacement qui lui échappaient n'avaient plus grand-chose d'humain. J'était moi-même à deux doigts d'en prendre un pour taper sur l'autre, quand Arte et Luvie se raidirent tous les deux et leur intimèrent le silence.

« La relève arrive. »

Les deux pipelettes se turent enfin.

La relève se fit sans encombre, nos remplaçants nous saluant simplement avant de prendre notre place, et un badge bipé plus tard, nous étions dans la place.

C'était là que les choses se compliquaient. Il nous fallait maintenant trouver où était détenu mon frère. Les Bénédictions de Luvie et d'Arte seraient d'un grand secours.

« Je sens une énergie proche de la tienne par là », indiqua Arte, et nous le suivîmes dans les différents couloirs et allées de cellules. Nous ne rencontrâmes personne d'autre que des prisonniers, ce qui était un peu étrange. Et nous finîmes par arriver devant la cellule de Loustic. Il la partageait avec un grand type musclé et tatoué, au crâne rasé, à l'air peu commode. Loustic était lui aussi très imposant, et à eux d'eux, ils occupaient presque toute la surface de la petite cellule chichement meublée.

L'un d'entre nous – probablement Arte, mais je n'en étais pas sûre à cause des casques – sortit un trousseau de clés, en introduisit une dans la serrure, tenta de tourner, sans succès. Ça aurait été trop beau de tomber sur la bonne du premier coup. Il recommença avec une deuxième en grommelant que ces foutues clés se ressemblaient toutes, m'indiquant ainsi qu'il s'agissait en fait de Luvie et non d'Arte. La deuxième clé ne daigna même pas entrer dans la serrure, mais la troisième tentative fut la bonne.

Les BénisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant