Ash avait avalé tout ce qu'elle pouvait, et avait emporté de quoi grignoter pendant le voyage. Nous avions revêtu les armures légères confectionnées par Luvie. Nous étions à pied – nous n'avions encore que deux chevaux, ramenés par Arte et Luvie lors de leur escapade dans les bois, et pas de voiture. J'étais resté avec le groupe au lieu de Voyager dans l'espoir de recharger mes batteries. Les Voyages de longue distance étaient fatigants, et j'aurais besoin de ma Bénédiction pour me battre. Je n'étais ni fort, ni doué avec les armes et pas au combat à mains nues ; mes seuls atouts, en combat, étaient ma Bénédiction et mon talent pour confectionner drogues et poisons. J'avais renouvelé mon stock avant le départ. Le souci serait d'affronter des adversaires qui connaissaient bien mieux mon style de combat que mes partenaires. J'avais fait de mon mieux pour cacher mes aptitudes, sans que je sache vraiment pourquoi. Pour parfaire mon jeu de Pleurnichard inoffensif ? Sans ça, nous aurions peut-être pu élaborer des tactiques de combat communes.
Il me fallut quelques instants pour me souvenir que j'avais à l'époque pas prévu de rester avec eux... et que je ne pouvais de toute façon plus le faire maintenant que je les avais trahis.
Si seulement j'avais choisi leur camp avant de kidnapper Luvie... Mais c'était trop tard maintenant, et ça ne servait à rien de pleurnicher sur comment les choses auraient pu se passer dans d'autres circonstances. Avec des si, on mettrait en bouteille Paris - quoique Paris fût. C'était l'expression favorite de ma sœur.
Elle me manquait. La maladie l'avait emportée il y avait neuf ans maintenant. C'était la plus maligne de nous deux. La plus gentille, aussi. Elle n'avait jamais su que l'argent que je gagnais pour lui payer son traitement provenait des crimes d'un gang. Même si je suppose qu'elle devait se douter que je ne me le procurais pas tout à fait légalement. Nous n'en avions jamais parlé. Je faisais semblant de ne pas voir son état s'aggraver, elle faisait semblant de ne pas savoir que je n'avais pas un travail respectable, et nous tenions comme ça. Jusqu'au jour où j'étais rentré dans notre minuscule chez-nous et l'avais trouvée morte. Rester avec les CDG avait été plus facile que de chercher à faire quelque chose de ma vie, tout comme travailler pour Erlan avait ensuite été plus facile que de me débrouiller seul. Mais c'était fini, de toujours choisir la facilité. Pour une fois, j'avais décidé de choisir une cause, et je comptais bien aider la bande d'Arte à améliorer le monde, à mon échelle.
Le voyage jusqu'à Korbelvir avait été très silencieux, une fois n'est pas coutume. Nous étions tous plongés dans nos pensées. Je finis par rompre le silence pour leur donner toutes les informations que j'avais sur le manoir de lord Longrin, et ce n'était malheureusement pas beaucoup. Si j'avais su que je devrais y mener une mission de sauvetage, j'aurais bien plus exploré les lieux. Je leur faisais aussi un topo sur les hommes d'Erlan que nous pourrions rencontrer.
« Mloc ne représente pas une grande menace, sauf si vous vous sentez intimidés par son grand sens de la mode et par sa ponctualité irréprochable. Il n'a pas de Bénédiction et ne sait pas se battre, c'est avant tout un chauffeur. C'est le seul que je sais présent là-bas. Issin y est aussi probablement, même si je ne l'ai pas vue. C'est le bras droit d'Erlan. Elle, elle est redoutable en combat. Elle s'est entraînée avec les Namja, à ce qu'il paraît. A part Luvie, aucun d'entre nous n'a la plus petite chance face à elle. Mais il y a fort à parier qu'elle sera avec Erlan et qu'elle y restera, or je vais tout fait pour qu'Erlan n'aille pas voir ce qu'il se passe. Si vous la voyez – vous la reconnaîtrez à son katana, à sa jolie frimousse constellée de taches de rousseur et à ses nattes rousses -, essayez de vous faire passer pour des nouvelles recrues, ou mieux, fuyez à l'autre bout du pays. Quoi que vous fassiez en tout cas, surtout, surtout, ne vous trompez pas en prononçant son nom. Elle entre dans une rage folle quand ça se produit, et dévaste tout sur son passage.
VOUS LISEZ
Les Bénis
FantasyUne bande de presque super-héros un peu bourrus, un peu stupides, n'aimant rien mieux que se chambrer, mais avec un grand cœur, qui tentent de redresser les torts de leur société. Ils ont toujours un plan. Il ne leur sert à rien, mais au moins ils e...