Angus et moi entrâmes dans la banque, mains en l'air, pour tenter de parlementer avec les preneurs d'otages.
« C'est pas trop tôt », râla l'un des hommes. Nos informations étaient correctes. Les cinq hommes, armes négligemment pointées vers les otages, mais réagissant immédiatement et vivement au moindre bruit ou mouvement, ne semblaient pas en être à leur premier coup.
Moi non plus.
« Bonjour, je suis l'inspecteur McKellen, et voici mon partenaire, l'inspecteur Angus. Et vous êtes ?
-Ça te regarde pas. Donne-nous juste ce qu'on veut ou on les bute.
-Et qu'est-ce que vous voulez ?
-Du fric.
-Vous êtes dans une banque. Pourquoi ne pas vous servir directement ?
-Ce serait moins drôle, voyons.
-Combien, précisément, voulez-vous ?
-Autant que possible.
-Autant que possible, d'accord. L'inspecteur Angus va aller remplir les sacs – je suppose que vous avez amené des sacs pour le transport ?
-Tu suppose mal, on n'allait quand même pas s'encombrer.
-L'inspecteur Angus va donc d'abord sortir pour aller chercher des sacs, qu'il va remplir et vous aider à transporter jusqu'à votre véhicule. Vous avez bien un véhicule ?
-Oui, il est garé derrière, sa place d'immatriculation c'est 2TG... tu nous prends pour qui petit, des amateurs ? Comme si j'allais te donner la moindre info.
-Pas d'aide pour le transport, donc. Allez-y, Angus. Moi, je reste avec les otages. »
Je voyais dans les lèvres pincées d'Angus qu'il réprouvait le fait que je reste ici, mais, en bon partenaire, il ne dit rien. Pas devant les preneurs d'otages en tout cas ; une fois tout ça fini, je savais qu'il allait me passer un savon. Ce ne serait pas le premier.
Les infos qu'on nous avait données étaient correctes : un seul des otages était blessé, et il était conscient et ne semblait pas avoir besoin de soins immédiats. Plus que sa blessure – une lèvre fendue, ce n'était pas grand-chose -, c'était la lueur vindicative dans ses yeux qui m'inquiétait. Je n'avais pas besoin que quelqu'un se blesse ou se fasse tuer en essayant de jouer aux héros. Je lui ordonnai d'un regard ferme de ne pas faire de conneries, mais je n'étais pas sûr qu'il soit très réceptif.
Essayer de garder en vie des gens pas conciliants, ce n'était pas facile.
Les minutes qui s'écoulèrent après le départ d'Angus étaient interminables. Certains des preneurs d'otage commençaient à s'impatienter ; ce n'était pas la peur que quelque chose tourne mal, ou le stress de se retrouver au cœur d'une telle opération criminelle, mais l'ennui du manque d'action, et c'était bien plus inquiétant. Je surveillais surtout deux hommes qui me paraissaient particulièrement dangereux d'agitation inactive. Ils jetaient des regards mauvais aux otages, et le blessé était lui aussi tendu comme un ressort, prêt à bondir sur sa jambe blessée et à faire une connerie qui mettrait tout le monde en danger. L'air de rien, je me déplaçais pour me positionner entre eux, espérant rompre la tension qui montait. Je lançai un nouveau regard à l'otage, mais comme c'était sans effet, je passai à une autre technique :
« Je suis l'inspecteur McKellen », dis-je avec une voix basse et calme mais sans chercher à me cacher des preneurs d'otage. « Je suis là pour faire sortir tout le monde de là. Et toi, comment tu t'appelles ?
-Vous avez déjà dit votre nom tout à l'heure. »
J'espérais que mon sourire engageant ne s'était pas figé trop visiblement ; il ne m'aidait pas beaucoup, lui, avec son ton méprisant.

VOUS LISEZ
Les Bénis
FantasyUne bande de presque super-héros un peu bourrus, un peu stupides, n'aimant rien mieux que se chambrer, mais avec un grand cœur, qui tentent de redresser les torts de leur société. Ils ont toujours un plan. Il ne leur sert à rien, mais au moins ils e...