Saison 1 : Episode 1 - Protéger - Partie 1

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Luvie

Il n'y avait que deux gardes devant le campement. Soit ces gens étaient idiots, soit c'était un piège. J'aurais sans doute dû réfléchir à la question pour adopter la meilleure des stratégies, mais j'étais loin de Myrthe depuis trop longtemps pour en choisir une autre que botter le cul de tout le monde, poser des questions après. Quand Myrthe serait à l'abri.

« Tu crois que le patron nous laissera nous amuser avec la jolie noble, quand il aura fini ? »

Le garde de droite avait à peine eu le temps de finir sa phrase qu'il s'écroulait au sol, la gorge tranchée proprement. Le second garde porta la main à son arme, mais j'étais plus rapide. Avant qu'il ne puisse prévenir les autres de la présence d'un intru, je l'éliminai à son tour.

Les lancements dans ma tête se disputaient avec les couteaux plantés dans mon ventre. Il y avait plusieurs tentes dans le campement, mais c'est vers la plus grande que me poussait mon lien. Il faisait nuit et à l'exception des deux gardes, il n'y avait personne à l'extérieur des tentes. D'ordinaire, j'aurais préféré commencer par nettoyer les alentours avant de me ruer vers le plus gros morceau, mais je n'avais plus le temps. Tant pis pour la subtilité. Je m'engouffrai dans la tente, épée à la main. Le type sur ma droite ne vit jamais le coup venir. Ils étaient dix, plus celui que je venais de tuer, et plus Myrthe, avachie sur un sofa. Je lançai une dague, un de moins. Mais j'avais beau être rapide, l'effet de surprise s'était dissipé. J'eu encore le temps d'en tuer trois – coup de pied, transpercer avec l'épée une fois à terre, renverser, achever, assommer d'un crochet du gauche, achever.

« Stop. Tu ne bouge plus. »

Le type qui s'était tapé l'incruste à la fête de Myrthe, celui qui l'avait enlevé, la tenait contre lui, une lame contre son cou. Myrthe ne semblait qu'à peine consciente. Pas blessée, seulement droguée, à première vue. Je m'immobilisai, posai doucement mon épée au sol, levai les mains en signe de reddition. Ne lui fais pas de mal ne lui fais pas de mal ne lui fais pas de mal. Les couteaux dans mon ventre s'étaient un peu calmés comme j'avais retrouvé Myrthe, mais le lien sentait bien qu'elle était en fâcheuse posture, et n'hésitait pas à me le faire savoir. Comme si la lame posée sur son cou n'était pas un indice suffisant.

« Nous avons eu une intéressante conversation, ta protégée et moi », continua l'homme. Il était séduisant, dans le style dangereux mercenaire, exactement au goût de Myrthe qui ne voulait qu'une chose, se rebeller de son noble père surprotecteur. « D'après elle, tu n'es pas un simple garde du corps, mais une vraie Protectrice. On va s'en assurer. »

D'un geste du menton, il donna un signal à ses hommes qui avaient repris leurs esprits depuis mon irruption dans la tente. Il leur fallut quelques secondes pour réagir, mais le premier coup me prit quand même par surprise, me déboîtant le genou. Je ne bougeai pas d'un millimètre. Je ne proférai même pas le juron que j'avais au bord des lèvres. Comme je ne réagissais pas, les hommes de main prirent confiance en eux. L'un de ceux qui me faisaient face se rapprocha de moi. Son poing me cueillit au ventre. Je ne pu faire autrement que me plier en deux de douleur, et avec ma jambe en piteux état, je manquai de m'écrouler. La lame du chef ne quittait pas le cou de Myrthe. Ne lui fais pas de mal ne lui fais pas de mal ne lui fais pas de mal. Je me redressai tant bien que mal quand un poing s'abattit sur ma tempe, puis un autre me déboîta la mâchoire. La douleur fleurissait dans tout mon corps. Je laissai échapper un gémissement, mais le fait que je ne bouge pas pour me défendre semblait satisfaire l'homme. Myrthe l'avait appelé Erlan, je crois, lors de la soirée. Ce n'était sans doute pas son vrai nom. Mon genou s'était réparé, et je tenais mieux debout, jusqu'à ce que l'un d'entre eux me fracture le tibia opposé. Cette fois-ci, je ne pu retenir un cri. Les fractures ouvertes, ça faisait sacrément mal. Je glissai au sol. Les six hommes de main continuèrent à me tabasser, jusqu'à ce que mes os se ressoudent, et ma peau se referme. Il restait une sacrée mare de sang au sol. Le type qui s'appelait peut-être Erlan, ou peut-être pas, dû faire un geste leur signifiant d'arrêter, car les coups cessèrent de pleuvoir.

Les BénisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant