Chapitre 14

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Amélie a oublié de te déposer tes livres. Tu tournes en rond dans ta chambre. Tu l'as appelé mais elle ne répond pas. Pourquoi tu es comme ça alors que tu n'as personne à aller voir ? Même ta famille ne te voit pas. Ton frère me manque terriblement. Enfin, tu as quelqu'un à voir pour aller régler tes comptes avec lui : Livai.

Certes, c'est de ta faute si tu en es là, mais il aurait pu prendre ta défense ou même te regarder ? Tu étais comme invisible pour lui. Tu l'avoues, tu es blessée par son comportement. Tu pensais que la maladie vous donnerait une certaine proximité, que vous pourriez vous comprendre. Tu es si naïve de croire qu'il y avait quelque chose en seulement quatre jours. Tu ne comprends toujours pas pourquoi Amélie s'est autant inquiétée. En parlant du loup, elle ouvre la porte de ta chambre avec tes livres. Elle ne t'adresse même pas un regard. Elle est toujours fâchée, apparemment.

Tu la remercies tout de même et décides de te plonger dans ton livre. Après tout, tu n'as que ça à faire jusqu'au déjeuner. Elle t'informe tout de même qu'on viendra te chercher à 11h55 pile pour que tu puisses aller manger dans la cantine. Le temps te parait long, il est seulement 11h quand tu lèves la tête. Il est temps d'écouter de la musique et d'aller prendre une douche pour te changer les idées.

L'eau est brûlante sur ta peau, ça te procure un certain plaisir. Dehors, il pleut, tu risques d'être seule surveillée sous le porche lorsque tu pourras sortir. Tu en profites pour t'abandonner dans tes pensées. Tu vois ton frère heureux en soirée et ta mère qui se remet peu à peu de son alcoolisme. Ils font ça pour moi. Ils sont détruits de l'intérieur et essayent de te prouver le contraire. Tu sens bientôt des larmes couler le long de tes joues rougies par l'eau. La buée s'installe sur la paroi, et sur le miroir. Tu pourrais te croire dans un sauna.

Tu sors, calmée par ce moment. Tu t'assoupis sur ton lit et attends qu'on vienne avec impatience te chercher pour que tu puisses sortir d'ici. Ça toque enfin ! Mais ce n'est pas Amélie, c'est un membre du personnel que je tu connais pas. Il t'accompagne silencieusement jusqu'au self. Ton cœur s'emballe dans l'espoir d'y voir Livai. Mais tu penses qu'Amélie a dû faire en sorte de l'enfermer dans sa chambre. Tu t'installes à ta place habituelle, avec ton « garde du corps » qui te regarde d'un air bienveillant. En fin de compte, c'est ça. Tu possèdes ton propre garde du corps. Tu ris toute seule et tu le vois se poser beaucoup de question à travers son regard suspicieux. Tu essayes de manger lentement pour espérer ne serait-ce qu'un regard d'un patient mais rien, comme si l'hôpital était entièrement vide.

Tu te rends compte que ce que tu manges est infâme. Ça te dégoûte et tu repousses ton assiette. Ça y est, tu as fini d'espérer, retour à la triste réalité où tout est fade et immonde. Ton garde du corps s'appelle Samuel. Tu viens de voir son étiquette accrochée à son pull.

« Samuel, pourquoi es-tu venu travailler ici ? Qu'est-ce qui te plait ? » Il semble surpris par tes questions soudaines.

« J'aime aider les gens. J'espère qu'au fond de moi, ils iront mieux si je m'occupe d'eux.

- Donc, tu voudrais m'aider ?

- Je ferai mon maximum pour t'aider Ella.

- Fais-moi sortir d'ici alors. »

Il rigole gentiment avant de mettre une main sur ton épaule.

« Ecoute Ella, je sais que tu penses que la situation est injuste, mais plus tu te comportes de manière responsable, plus tes heures en isolement sont comptées. Tu n'es là que depuis ce matin.

- C'est déjà trop long.

- Pourtant, tu étais seule avant. Qu'est-ce qui change ?

- Qu'on me l'impose ? Avant, j'étais dans ma bulle à moi, car je suis très mal à l'aise avec la foule, je panique et j'ai vraiment peur de me présenter ou de parler. Lorsque j'ai enfin pu sortir de ma bulle pour aller parler à un patient, on me l'arrache alors que je suis censée aller mieux et régler ce problème.

- Ella, si on t'a fait ça c'est pour ton bien. »

Tu repousses sa main. Comment peut-il savoir ce qu'on te fait est bien ou pas ? Tes yeux lancent des éclairs, tu es énervée. Ses réponses mettent de plus en plus évidence qu'on ne veut pas t'aider, mais qu'on cherche à te faire couler justement. Tu viens de réaliser que tu as avoué implicitement que tu es attachée à Livai. Tu baisses les yeux et ne dis plus un mot jusqu'au retour dans ta chambre.

« Je viendrai te chercher à 15h pour ta sortie quotidienne. A tout à l'heure. »

Samuel part sans un mot de plus. Ton seul choix revient à faire une sieste.

Tu te réveilles en sursaut, apeurée par un grand bruit dans ta chambre. Samuel vient d'entrer, sous le choc.

« Ella mais pourquoi tu n'as pas ouvert quand j'ai toqué ?

- Je me suis endormie, je n'ai pas entendu.

- Tu m'as fait peur. Il est 15h00, il faut aller sortir. »

Vas-tu croiser Livai ? Peu de chances, Amélie a sûrement concocté tout un emploi du temps pour que vous ne puissiez jamais vous croiser. Quelle femme vicieuse et maligne en même temps. Effectivement, tu n'as pas croisé Livai. Ce fut bien une journée de merde. 

Livai X Reader [No time to think]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant