Chapitre 7

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Tu t'es levée de ta chaise, tu t'es habillée en vitesse. Tu avais très faim, tu t'es empressée d'aller dans la salle du petit-déjeuner. Comme d'habitude, à cette heure-là tu étais seule. Tu as pris un chocolat chaud et des tartines avec du pain cramé. Bon, ça allait au moins te nourrir, tu avais depuis longtemps arrêter d'espérer à recevoir de la bonne nourriture. Tu t'es mise au fond de la salle, à ta place habituelle.

Tu n'avais même pas remarqué l'homme qui se tenait devant toi quelques tables plus loin. Il avait des cheveux noirs assez bien coiffés d'ailleurs. Il mangeait tout en lisant son livre. Tu crois ne l'avoir jamais vu auparavant. Il n'avait même pas levé la tête lorsque tu t'es assise. Bref, un patient normal à première apparence.

Soudain, il releva la tête, ferma son livre et partit rapidement. Tu n'as même pas vu voir la couleur de ses yeux. Ce type à première vue t'intriguait. Était-il nouveau ? Ou alors était-il en isolement avant ? Tu t'es pressée de terminer ton repas avant d'aller voir l'infirmière responsable de ton couloir, Amélie.

« Coucou Amélie, comment ça va ? Tu crois que ton ton était faux puisqu'elle a haussé les sourcils.

- Bonjour Ella, merci de me le demander après tout. Je vais très bien, j'espère que toi aussi.

- Oh tu sais, la routine tout va bien.

Elle avait plissé les yeux.

- Donc tu as fait un cauchemar encore ? Tu t'es  mordue les lèvres. Je suis trop gourde.

- Oui, mais rien de bien méchant, j'étais juste enfermée dans une pièce sans fenêtre.

C'est faux bien évidemment.

- Etonnant.

- Sinon, tu le connais le patient qui était dans la salle à manger en même temps que moi ?

- Wow, un patient en même temps que toi, lui aussi doit être très matinal, tu peux me le décrire ?

- Oui, il a des cheveux noirs qui sont assez soyeux, il est petit.

- Ah oui ! C'est un patient qui est arrivé il y a deux jours, mais je n'en suis pas responsable, il est au premier étage. C'est Marion qui s'en occupe. »

Zut. Tu ne connais pas vraiment Marion, lui soutirer des informations sans qu'elle n'en parle est littéralement impossible. Tu es repartie, un peu déçue. Il te restait quelques heures avant ta sortie du jour, tu avais donc le temps de concocter un plan pour aller parler à Marion.

Premièrement, il fallait te trouver une bonne excuse pour te balader au premier étage. Même si tu as beaucoup de droits pour te promener, tu ne peux pas en revanche te balader comme le personnel dans tout l'hôpital. C'est pour ça que tu n'as accès qu'au rez-de-chaussée, là où est ta chambre. Réfléchis, réfléchis. Au premier étage se trouvent toutes les machines à laver et le linge. Mais cela signifie aussi que les patients au premier étage sont considérés comme dangereux.

Pourtant, il t'a paru très en forme et maitre de son corps. Tu as souri subitement, le plan vient tout juste de germer dans ton esprit. C'est très simple : aller au premier étage et dire qu'Amélie t'as demandé de chercher le linge propre pour l'étendre dehors. Tu espères au moins croiser Marion sur ton chemin pour lui poser des questions, sans trop te faire remarquer tout de même.

Il faut juste ne pas croiser du tout Amélie ou un autre membre du personnel qui ne te connait pas. Il y a peu de risques en réalité. Etant assez polie, tu as parlé à tous les membres que tu as croisés. Mais l'exception reste Marion qui reste toute la journée à l'étage. Est-ce vraiment une bonne idée ? Tu aimerais au moins te faire un ami, lui et toi avez pour l'instant un point commun : vous êtes plutôt matinaux. Cela t'éviterait de manger toute seule à tous les repas jusqu'à la fin du séjour. Etrangement, tu n'arrives pas à communiquer avec les autres patients de ton étage, ils te paraissent tous mous et n'ont pas beaucoup de réflexion.

Tu m'ennuies beaucoup lorsqu'on fait « des tâches manuelles. » Une fois par semaine, on te traine dans la salle commune pour réaliser des activités artistiques. Tu es toujours toute seule, les autres ne te plaisent pas. Certes tu ne fais pas d'efforts mais eux non plus. Tu crois qu'ils ne t'aiment pas non plus. Parfait, c'est réciproque comme ça.

Tu ouvres la porte et regardes furtivement dans le couloir. Yes ! Amélie est partie je ne sais où. Il doit être 7h00 du matin, certainement la petite commission. Tu te déplaces le plus silencieusement possible, tes « camarades » pourraient faire tomber à l'eau ton plan. Heureusement qu'à cette heure-là, très peu de personnes sont levées.

Tu montes les escaliers aussi vite que possible, avant de respirer un bon coup puis tu t'es engagée dans le couloir. Tout le couloir de gauche était réservé aux machines à laver, celui de droite aux chambres. Tu t'es tournée vers celui de droite pour espérer croiser Marion. Tu t'es avancée, tu as tourné à droite. Il était là, adossé contre le mur, lisant toujours son livre. Tu es soulagée, il ne t'a pas remarqué. Il lève la tête et se plaint.

« Dites, vous n'avez pas bientôt fini de fouiller ma chambre ? Je veux être tranquille, est-ce trop demander ?

- Livai, c'est pour ton bien. Je n'ai pas encore confiance en toi, peut-être caches-tu je ne sais quoi dans ta chambre qui peut être dangereux.

- Juste dépêche-toi. »

Marion sort de sa chambre en soupirant. Elle le réprimande sur son comportement puis s'en va. Elle te remarque aussitôt, en plein milieu du couloir.

« Qu'est-ce que tu fais là Ella ?

- Amélie m'a demandé de venir chercher le linge propre pour pouvoir l'étendre dehors.

- Oui bien sûr, mais ce n'est pas le bon couloir, tu t'es perdue ?

- Oui, je ne connais pas cet endroit de l'hôpital.

- Pas de soucis, viens avec moi, on va récupérer le linge ensemble. »

Ouf. Elle t'a crue. Livai, maintenant que tu connais son nom, était resté devant sa chambre. Il te regardait, suspicieux. Son regard gris était perçant, tu dirais presque menaçant. Pas commode le bonhomme. Il rentre finalement dans sa chambre, et claque la porte derrière lui. Marion n'a même pas attendu que tu lui poses une question :

« Ne fais pas attention à lui, il vient d'arriver et est complètement déboussolé. Cela lui passera. »

J'espère, pensais-tu. Avec Marion, vous êtes parties chercher le linge et tu l'as étendu rapidement. Puis, tu es retournée dans ta chambre. En réfléchissant tu es rentrée bredouille. Tu ne connais que son nom, et lui non. Tu ne sais toujours pas pourquoi il est là, ta discussion avec Marion est devenue impossible, on l'a appelé pour faire autre chose. 

Livai X Reader [No time to think]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant