Chapitre 16

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Samuel, en t'accompagnant sortir dehors t'annonce que c'est la dernière fois que tu le verras.

« Tu pars de l'établissement ?

- Mais non banane, tu n'es plus en isolement.

- C'est vrai ?? » Tu avais presque crié.

Tes larmes te sont montées aux yeux, et tu as arboré un large sourire.

« Dommage. »

Tu reconnais cette voix. Tu t'es retournée et tu as vu Livai, un livre à la main. Puis, il a continué son chemin sans faire plus attention à toi et s'est installé sur le tronc d'arbre où tu lisais tout le temps.

« Monsieur Ackerman, vous êtes prié de respecter vos camarades.

- Vous croyez que c'est ma camarade ?

- Oui, comme tous les autres patients.

- Vous êtes bien naïf vous, de l'autre côté de l'enfer sur Terre. »

Samuel a choisi de ne pas répondre à sa provocation. Mais il est tendu, ça se sent. Il se tourne vers toi puis te presse de rentrer. Tu obéis, afin d'être relâchée le plus tôt possible.

Samuel t'aide à ranger tes affaires. Tu as hâte de retrouver ta chambre et une certaine liberté dans tes faits et gestes. Tu remercies intérieurement Jonathan qui a certainement poussé Amélie à renoncer à sa décision grâce à sa position.

On pourrait croire qu'une semaine c'est court, mais en temps normal, les heures passent déjà si lentement. Tu t'ennuyais tellement, enfermée dans ta chambre. Mais cela signifie que tu vas pouvoir revoir Livai. Tu ressens comme des papillons dans le ventre. Ça te surprend tellement que tu t'assois subitement sur le lit. Samuel te regarde, incrédule.

« Tout va bien Ella ?

- J'ai mal au ventre subitement, tu connais ça.

- Courage ma belle. »

Il te répond avec un clin d'œil. Mais tu t'inquiètes surtout : tu n'avais jamais ressenti ça auparavant, est-ce que les doutes d'Amélie sont en train de se confirmer ? Non ce n'est pas possible, tu es trop fragile pour aimer quelqu'un. Tu en es incapable. Tu n'as ni le temps, ni le moral. Tu te relèves, et continues de préparer tes affaires, toujours aussi perturbée.

Lorsque tu retournes dans ta chambre attitrée, Amélie t'accueille froidement. Tu n'y prêtes pas plus attention, tu es trop en colère contre elle pour t'attarder sur son comportement enfantin. Tu t'affales sur son lit qui te parait si confortable, la table et la petite bibliothèque te paraissent si familières. Tu sors ton téléphone, et tu mets la musique « Another love » de Tom Odell. C'est la chanson préférée de ton frère quand il a un coup de mou.


Soudain, tu as l'impression d'avoir des fourmis dans les jambes, tu ressens le besoin d'aller te défouler. Tu te précipites dans le jardin et cours à en perdre haleine. Tu ne t'arrêtes pas, tu passes dans la forêt qui entoure l'hôpital. Tu cours entre les racines des arbres qui s'enfoncent dans le sol, tu sautes par-dessus des buissons. Tu fais quand même une pause, totalement essoufflée. Tu finis par grimper à un arbre, pour te reposer un peu. Tu regardes le ciel bleu et prie pour que ton frère et ta mère aillent bien, qu'ils ne s'inquiètent pas trop pour toi. Tu espères qu'Amélie ne leur a pas dit que tu étais placée en isolement.

« Eh pisseuse, c'est dur de te suivre." Sa voix te fait sursauter.

"Livai, qu'est-ce que tu fous là ?

- Me dégourdir les jambes, je t'ai vu courir, je voulais faire une course avec toi mais tu es rapide quand tu le veux.

- Je ne suis plus en isolement, je suis libérée. »

Il ouvre de grands yeux, tu décèles presque un soulagement chez lui. Tu descends de l'arbre, un léger sourire aux lèvres.

« Attends pisseuse, tu as des feuilles dans les cheveux.

- Où ça ?

- Laisse-moi te les enlever, tu n'y arriveras pas toute seule. »

Tu protestes, tu n'es pas si idiote que ça. Mais il s'était déjà rapproché de toi. Tu as senti ses doigts sur tes cheveux, essayant d'attraper les feuilles prises au piège. Il en enlève une, puis deux, et enfin quatre. Quand il a fini, il recule et sourit. Tu restes là, plantée comme un « i ». Ton cœur s'est emballé, les papillons dans le ventre sont de retour. Tu ne sais pas ce qui te prends. Tu sens tes jambes commencer à trembler ainsi que tes doigts.

« Heu pisseuse, ça va ? »

Tu as senti un changement de ton dans sa voix. Il est inquiet.

« Oui, j'ai juste besoin de me reposer un peu. » souffles-tu.

Tu te rassois contre le tronc, encore tremblante. Comment un garçon peut te rendre comme ça ? Ça te perturbe, tu ne pensais pas que ça pouvait être aussi violent. Il reste devant toi, figé. Il ne sait pas comment agir, il est mal à l'aise. Pourtant, il reste. La fraicheur de la forêt te permet de reprendre tes esprits rapidement.

Il tend sa main alors dans ta direction. Je rêve où il te propose son aide pour te relever ? Tu attrapes sa main et te relève gentiment. Mais tu ne la lâches pas, lui non plus. Ton regard passe de vos mains à son visage. Tu te sens si fragile en un instant, comme si tu te retrouvais nue devant lui. Son contact est chaud, c'est très agréable. Il te fixe. Tu rougis instantanément. Il lâche ta main aussitôt et détourne le regard.

« Je vais rentrer, sinon Marion va me faire tout un interrogatoire.

- Pareil. Amélie ne va pas me lâcher. »

Ce sont vos derniers mots. Il se retourne et repart tranquillement vers l'hôpital. Tu attends quelques minutes, puis tu repars toi aussi, perturbée. Tu reviens pour l'heure de dîner, mais il y a trop de monde, tu attendras  la fin de service, ce sera mieux pour toi. Tu décides de ne pas retourner dans ta chambre, tu risques de croiser Amélie dans les couloirs. Tu te diriged donc à la bibliothèque. Dans la semaine, Samuel était parti rendre les livres que tu avais fini.

Livai X Reader [No time to think]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant