Chapitre 18

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Il doit être 23h00 quand tu rejoins l'hôpital. Amélie t'attend devant sa chambre. Elle a le visage dur, tu sais que tu vas te faire engueuler.

« Tu as vu l'heure qu'il est ?

- 23h00 ?

- Exactement. Je trouve que tu fais beaucoup la maligne pour quelqu'un qui vient de sortir de l'isolement. Respecte les règles du couvre-feu.

- Je suis partie simplement regarder les étoiles. D'ailleurs, j'ai vu une étoile filante, j'ai fait un vœu. »

Elle se radoucit mais reste suspicieuse.

« Seule ?

- Tu veux que je sois avec qui d'autre ? »

Bonne réponse. Tu la vois esquisser un sourire. Elle te rappelle que si tu veux rester plus tard, tu dois au moins la prévenir. Tu lui souhaites bonne nuit et tu te couches, le sourire aux lèvres. Ton premier baiser de ta vie était avec Livai. C'était magique, tu aimerais tellement le revivre. Puis tu repenses à la manière dont il est parti. Tu te mords la lèvre tellement tu te sens bête. Tu finis par m'endormir.

Le réveil te tire brutalement de ton sommeil. 5h50. Tu as dix minutes pour te préparer avant d'aller rejoindre Livai pour prendre ton petit-déjeuner. A cette heure-là, tu ne croiseras personne, surtout pas Amélie. Il est 6h00 pile quand tu rejoins la salle. Livai est déjà assis avec un livre. Tu le vois boire son thé. Tu t'installes toujours à la même place. Il lève la tête lorsque tu t'assois en face de lui :

« Bonjour Ella.

- Bonjour Livai.

- Je t'ai fait du thé. Bois-le maintenant avant qu'il ne soit trop froid. »

Tu as l'impression que ton cœur fond. C'est si gentil de sa part. Tu lui fais un grand sourire et t'empresse de boire son thé, même si tu n'aimes pas trop ça. Il t'adresse un faible sourire. Tu supposes qu'il n'a pas l'habitude. Son visage parait si triste, tu te demandes comment il est arrivé là. Tu ne lui as jamais posé la question, il serait peut-être temps.

« Dis-moi Livai, pourquoi tu es ici en fait ?

Tu vois immédiatement son visage se crisper, il fronce les sourcils.

- C'est pas un truc dont j'aime parler.

- Allez, je t'ai parlé de mon passé moi.

- Tch. Disons que je n'ai pas été gentil. »

Tu devais compter sur ce peu d'informations. Comment ça pas gentil ? Plutôt vols de banque puis découverte de traumas ou génocide ? Tu te recules légèrement. Il le remarque.

« Je te fais peur maintenant ?

- Imagine tu kidnappais des femmes, je ne peux pas te faire confiance.

- C'est un hôpital psychiatrique, pas une prison. »

Bon, il a raison. Tu te fais trop de films. Il te regarde droit dans les yeux à présent. Tu te sens soudainement mal à l'aise devant son regard persistant. Il le remarque aussi, pourtant il ne baisse pas les yeux. Au contraire, il caresse ta joue avec sa main. Tu le repousses violemment.

« Mais ça va pas ? Pas ici, imagine si quelqu'un nous aurait vu !

- Il n'y a que toi et moi pisseuse. C'est toi en criant qui va réveiller les autres.

- Non. Fais attention à ce que tu fais ici.

- Tch. Comme tu veux. »

Il détourne le regard, tu peux sentir qu'il boude. Quelle inconscience de sa part. Tu termines ton plateau, puis te diriges vers la sortie, pour éviter qu'Amélie vous crame. Tu croises Jonathan se diriger vers le self. Il est déjà là ? Il est vraiment bizarre de venir aussi tôt, quel fou. Vos regards se croisent et tu crois déceler en lui de l'inquiétude. Il te parait perturbé, il est pressé et pourtant se déplace silencieusement comme s'il ne voulait pas être entendu. Il te croise et s'arrête, le visage glacial :

« Bonjour Ella. Comment vous sentez-vous aujourd'hui ?

- Bien Jonathan.

- Je suis ravi de l'entendre, je compte sur toi pour la séance de demain. »

Tu te retournes pour l'observer, il marche à présent normalement. Il s'est épongé le front et reste sur le seuil de la porte de la salle commune. Il espionne qui là ? Livai. Un gros coup s'abat sur toi. Non ce n'est pas possible, il doit faire quelque chose mais tu ne sais pas quoi. Tout d'un coup, le docteur Yeager marcher en direction du buffet. Ouf, il devait simplement le contempler. Tu soupires et tu te maudis intérieurement de t'être inquiétée pour rien.

« Qu'est-ce que tu regardes comme ça Ella ?

La voix d'Amélie te fait sursauter.

- Je viens de croiser docteur Yeager dans la cantine.

- Et donc tu l'observes lui ?

- Oui, son costume bleu marine au lieu du noir lui va à merveille, je pense même qu'il devrait investir dans le gris. »

Ton mensonge est passé. Tu vois Amélie soupirer devant ta bêtise puis te prie d'aller dans ta chambre. A 9h00, j'ai l'activité artistique. La seule chose cool en isolement, c'est que tu as pu y échapper. Mais, te voilà de retour avec des activités dans lesquelles tu n'as ni talent, ni l'envie. Tu aimerais bien sécher pour rejoindre Livai, mais ce serait trop risqué.

Tu soupires encore. Aujourd'hui, tu dois faire une sculpture mais en groupe. Il est hors de question que tu fasses ça. D'ailleurs, tout le monde est au courant, personne ne veut se mettre avec toi. Tant mieux, tu ne peux pas faire semblant de les aimer. Les animateurs te forcent à aller dans un groupe, les membres ne font même pas attention à toi.

Tu sens que ça va être très très long. Tu commences à paniquer intérieurement, tu vas devoir faire semblant de les apprécier et d'écouter leurs idées. Ta respiration s'accélère de plus en plus, tu as  l'impression de t'effondrer. Pas maintenant. Quoique si, cela te permettrait de sécher l'activité manuelle.

Tu réalises que tu es en train de faire une crise d'angoisse. Ta vue se trouble alors que ton groupe te demande d'aller chercher le matériel nécessaire. Tu marches, mais tu ne sens plus tes jambes. Tu tombes sur le sol, complètement paniquée. Tu as l'impression de ne plus savoir marcher, tu n'arrives pas à te relever. 

Les animateurs se pressent vers toi et t'accompagnent aux toilettes. Là, ils te donnent un sac en papier pour t'aider à respirer et te rassurent. Tu les envoies bouler, tu peux très bien te débrouiller seule. Ils repartent dans la salle, te laissant seule. Tu pris l'excuse d'avoir envie de vomir, tu t'es enfermée dans une cabine.

Livai X Reader [No time to think]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant