Chapitre 38

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Alors que tu tournes dans le couloir menant à ta chambre, tu vois Livai appuyé contre le mur embrasser sauvagement la fille. Tu restes là, figée au milieu du couloir. Ta chambre est la seule porte dans ce couloir, c'est totalement fait exprès. Tu lâches la tasse qui se casse dans un bruit immonde.

Les deux se retournent. La fille sourit, satisfaite de l'effet produit. Livai te regarde profondément, fier de ce qu'il fait. Il cherche volontairement à te blesser. Les deux se regardent, se sourient puis recommencent leur jeu dégoûtant.

« Partez, s'il vous plait. » Ils font comme si ils ne t'avaient pas entendu. Tu entends leurs baisers, tu vois Livai soulever la jupe pour caresser sa cuisse, tu le vois embrasser son cou. Ses mains caressent tout son corps et ça ne les dérange pas de rester ici. En plus, tu remarques qu'ils sont face à ta porte, il est t'est donc impossible de rentrer dans ta chambre.

Tu pourrais courir appeler quelqu'un et les dénoncer. Mais tu n'en as pas la force. Tu te recules et plaque ta main sur ta bouche. De fortes nausées te prennent. Tu cours pour aller vomir dans les toilettes et tu penses au spectacle que tu viens de voir. Par malchance, Amélie débarque pile à ce moment-là avec du linge dans les mains.

« Ella, ça ne va pas ?

- J'ai trop mangé, mon corps doit se réhabituer c'est tout.

- Oh je vois, tu veux bien m'aider à prendre le linge ? C'est pour toi en plus. Il faut qu'on les range dans ta chambre.

- Heu, ce n'est pas possible pour l'instant.

- Pourquoi ça ?

- Heu... Car.. j'aère ma chambre !

- Et ?

- Eh bien, il faut laisser l'aérer.

- Ella, voyons, on peut tout de même ranger du linge propre dans ton armoire pendant deux minutes. »

Vous sortez des toilettes toutes les deux, une pile de linge chacune dans les mains.

« Qu'est-ce que je vois au bout du couloir là-bas ?

- C'est moi, j'ai lâché ma tasse de chocolat chaud pour aller vomir.

- Oh Ella, va chercher une serpillère et une pelle et balayette. Donne-moi ton linge, je vais enjamber ta bêtise pour le ranger.

- Je ne sais pas où ça se trouve, tu veux pas plutôt faire l'inverse ?

- Bon d'accord, mais c'est toi qui nettoies ! Je peux t'aider à ramasser les morceaux de verre si tu en as besoin. »

Tu la vois faire demi-tour. Vite il faut que tu te dépêches de les prévenir. Tu cours et tu les vois. C'est pire que ce que tu pensais. Livai est carrément en train de la faire gémir, elle est plaquée contre le mur et il la tient fermement. Tu le vois donner des coups sauvagement, comme une bête.

« Partez putain ! Amélie arriver pour distribuer du linge ! » hurlais-tu.

« Tch.

- Toujours à tout gâcher celle-là » lance la fille.

Tu ne réponds pas à la provocation. Tu viens de voir Livai baiser une autre patiente devant ta chambre, ça te suffit largement. Tous deux repartent comme si de rien n'était. Amélie te rejoint quelques instants plus tard et parait encore inquiète :

« Ella, est-ce que ça va ? Je viens de croiser Livai et une autre fille discuter. Il avait l'air assez embêté de ce qu'elle lui racontait.

- Oui c'est de l'histoire ancienne. »

Quel comédien. Il était en train de la baiser oui. Tu n'as pas la force de soutenir le regard d'Amélie alors tu te contentes de lui donner le linge et de te dépêcher de nettoyer. Tu fixes le sol et ta transpiration bientôt se mêle à tes larmes. Certes, tu t'es mis des bâtons dans les roues toute seule, mais c'est lui qui a mis le coup fatal.

Lorsque tu as enfin fini, tu relèves la tête et tu vois Amélie te regarder gravement. Elle sait certainement que Livai comptait beaucoup pour toi, elle doit savoir que tu mens aussi. Tu détournes le regard, tes yeux encore rougis.

« C'est bon, j'ai fini de nettoyer.

- Ella, tu es sûre que ça va ?

- Oui, tout va pour le mieux.

- Livai et cette fille, ils parlaient simplement ? »

Mais pourquoi tout le monde te pose tant de questions, pourquoi tu subis un interrogatoire qui ne te concerne pas ?

« J'en sais rien, j'étais en train de vomir je te rappelle. » tu réponds sèchement.

Elle décroise les bras et soupire. Elle sait que tu mens encore, mais elle ne dira rien. Elle s'approche de toi et te prend dans ses bras. Son étreinte te surprend et tu éprouves presque du réconfort. Tu restes là à savourer ce moment en silence. Tes larmes glissent lentement le long de tes joues. Ça fait combien de temps que tu n'avais pas eu un câlin sincère ?

Elle recule légèrement et te regarde d'un air triste.

« Ella, je ne vais pas te forcer à parler tu le sais bien, mais je pense que tu mens. Lâcher le verre pour aller vomir n'est pas logique selon ton mode de fonctionnement. Tu l'aurais pris avec toi pour le poser dans les toilettes où tu l'aurais simplement posé par terre.

- Je n'avais vraiment pas le temps, j'ai fait comme j'ai pu, je suis vraiment désolée. »

Elle secoue la tête. Bon c'est définitif, elle ne te croit pas. Mais tu ne sais pas comment être convaincante. Ça tilte dans ton esprit soudainement : si tu n'argumentes pas plus, elle va aller voir aux caméras. Il n'y en a pas une dans le couloir qui amène à ta chambre, mais par contre on te verra clairement dans l'intersection lâcher ta tasse de chocolat et parler à quelqu'un.

Tu subiras alors un interrogatoire auquel tu ne pourras inventer aucun mensonge pour protéger Livai. Lui aussi se fera questionner puis ira certainement en isolement pendant deux semaines. Ne serait-ce pas bénéfique ? Mais il pourrait aussi être transféré, et tu perdrais vraiment de vue le seul homme que tu as aimé pour l'instant. Non, tu dois trouver quelque chose, vite un mensonge. Amélie te fixe, ce qui n'est pas d'autant plus facile, mais une idée vient de germer dans ta tête.

« Bon d'accord, je t'ai menti.

- Je le savais bien. Je t'écoute Ella.

- En réalité, si j'ai lâché ma tasse c'est que j'ai eu comme une hallucination.

- Une hallucination ? Que veux tu dire par là ?

- Je me vois moi, mon corps si les pompiers ne m'avaient pas rattrapé lorsque j'ai sauté de l'étage.

- Mon dieu, mais c'est horrible Ella ! Tu en as parlé à Jonathan ? »

Tu remarques deux choses. La première c'est que ton mensonge n'en est pas un réellement. Tu fais des cauchemars de ça, mais pas encore des hallucinations. La deuxième, qui n'a rien à voir est qu' Amélie a appelé mon psychiatre par son prénom et non par son nom. Intéressant.

« Jonathan ? » tu la taquines en essayant de changer de sujet. Elle rougit légèrement.

« Je veux dire, tu en as parlé au Dr. Yeager ?

- T'es cramée !

- Ne dis rien ! Il ne se passe rien entre nous, disons que c'est simplement un flirt. Mais je me vois mal entretenir une relation avec lui tu sais. Le boulot nous prend énormément de temps et qui plus est, nous n'exerçons pas des métiers faciles qui demandent un suivi psychologique. J'ai peur de ne pas savoir gérer l'équilibre, je suis assez sensible. D'ailleurs Ella, je m'inquiète tellement pour toi. Tu es une femme belle et forte, il faut que tu t'en sortes s'il te plait. »

Les larmes lui sont montées aux yeux. Tu vois à quel point elle est attachée à toi. Si tu savais Amélie, à quel point tu essayes de vivre. Tu fais beaucoup d'efforts, mais tu les vois rarement récompensés. Tu lui sèches ses larmes et tu lui souris, ce qui tu espères, la rassure. Elle te laisse, un léger sourire aux lèvres. Tu te retrouves seule au milieu de ce couloir et tu n'arrives pas à oublier l'image de Livai avec cette putain.

Livai X Reader [No time to think]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant