La salle est entièrement vide, il ne reste que Livai et toi. Il n'a toujours pas adressé un mot et s'est contenté de te regarder simplement.
« Tu veux qu'on recommence ? » finit-il par te proposer.
« Je ne connais pas d'autre chansons à vrai dire.
- Alors, laisse-moi t'apprendre à en jouer. »
Ses yeux pétillent. Tu acceptes avec plaisir. Vous vous installez tous les deux sur le fauteuil et il pose tes mains sur le clavier, puis il pose ses mains sur les tiennes. Tu as l'impression de recevoir une décharge électrique, mais c'est si agréable. Il déplace tes doigts sur les touches et te chuchote à l'oreille en même temps le nom des notes. Si quelqu'un vous voit, il est impossible de penser que vous êtes que des « camarades ». C'est ta plus grande peur, cependant tu n'as pas envie d'arrêter. Sa main est chaude et douce, son contact est rassurant.
« Livai, où as-tu appris à jouer du piano ? » Il fait une légère grimace et prend du temps pour formuler sa réponse.
« Ma mère en jouait pour m'endormir quand j'étais petit.
- Où est-elle maintenant ? » Son regard se fait plus dur et tu regrettes immédiatement ta question.
« Elle est morte, mais ne dis rien. »
Il a anticipé ce que tu allais dire, tu allais t'excuser. Tu sens qu'il a augmenté la pression sur tes mains, mais maintenant il caresse tes doigts et il les entrelace avec les siens. Vous restez silencieux un bon moment et tu finis par poser ta tête sur son épaule.
« Que vont penser les autres de notre relation ? » Livai se tourne vers toi, visiblement surpris par ta question. Il fronce les sourcils, signe de confusion.
« Cela t'inquiète autant que ça ?
- Ils pourraient nous séparer, je crois que je ne m'en remettrai pas. »
Aie, une fausse note résonne dans l'air. Il s'est complètement crispé. Tu ne comprends pas, est-il aussi inquiet que vous soyez séparé si on vous découvre ?
« Ella, est-ce que tu m'aimes ? » Sa question te fait paniquer. Il n'est pas inquiet à cause des conséquences si vous vous faisiez attraper la main dans le sac mais de tes sentiments envers lui. Tu écarquilles les yeux et tu sens une goutte de transpiration descendre le long de ton front. Il te fixe dans le blanc des yeux. Est-ce que tu dois mentir ? Son corps traduit qu'il est nerveux, il tape son pied sur le sol. Tu détournes le regard et déclares :
« Je ne suis jamais tombée amoureuse, je ne sais pas ce que ça fait. » Ce qui est un demi-mensonge. Il baisse la tête et parais rassuré. Pourtant, il ne dit rien de plus.
« Je vais faire du thé, tu en veux ? » reprend-il.
Tu acquiesces et vous sortez tous les deux de la salle. Vous vous dirigez vers l'accueil pour aller faire chauffer du thé. Livai, quelques minutes plus tard, te tend une tasse et tu t'assois sur un fauteuil, lui en face de toi. Tu aurais tant aimé que ta mère puisse franchir cette porte pour que tu puisses rentrer à la maison. Maman tu me manques. Tu essayes de chasser cette mélancolie de ma tête mais tu n'y arrives pas. Dès que tu quittes Livai, tu es en proie à ton désespoir. Tu ne sais même pas si Sacha et Connie pourraient te faire rire.
Le thé est brûlant, tu le bois lentement en regardant dans le vide. Tu sens les yeux de Livai rivés sur toi, est-ce qu'il est inquiet ? Dans ces moments où tu divagues dans tes pensées, on pourrait croire que tu es un pantin. Tu ne sais combien de temps tu restes comme ça.
« Ella, parle-moi. » Il pose sa main sur ton épaule.
« Tu disais ? » Tu ne l'as pas entendu ou plutôt pas écouté.
Il t'ouvre de grands yeux inquiets, tu fais aussi peur que ça ?
« Viens avec moi. » se contente-t-il de te dire.
Vous vous levez et vous vous dirigez vers le jardin. Les chèvres ainsi que les poules sont arrivées et tu n'as même pas eu le temps de les voir. Mais il ne t'emmène pas les voir, il te conduit à l'endroit où il avait préparé la tente, les bougies. En voyant les arbres filtrer les rayons du soleil et éclairer la mousse bien verte, tu souris machinalement. Tu as toujours aimé être dans la nature. Tu t'allonges sur le dos et Livai fait pareil. Vous fixez la cime des arbres, complètement silencieux. Il pose une main dans tes cheveux et les caresse doucement. Son contact t'apaise et tu finis par t'assoupir.
Son souffle chaud te réveille. Tu ouvres timidement les yeux, le soleil t'aveugle. Tu tournes la tête et vois Livai lui aussi en train de dormir. Il s'est assoupi contre un tronc d'arbre, il a déposé des fleurs dans tes cheveux. Tu t'agenouilles pour t'étirer et tu le regardes. Son visage parait beaucoup plus détendu lorsqu'il dort. Il se réveille, tu es prise la main dans le sac. Tu détournes le regard mais trop tard, il t'a vu. Lui aussi tourne la tête, gêné apparemment.
Tu entends ton ventre gargouiller, tu ne sais pas quelle heure il est, mais tard visiblement. Tu as dû sauter le déjeuner, Amélie doit te chercher partout avec un plateau dans les bras. Tu te lèves et enlèves toute la poussière accumulée sur ton pantalon.
« Je ferais mieux d'y aller. » dis-tu.
« Tch, vas-y. »
Sa réponse est sèche. Tu es un peu surprise par le ton de sa voix. Tu repars seule en direction de l'hôpital. Tu fais un détour pour aller voir les poules et les chèvres. Tu en profites pour leur donner des graines et quelques carottes. Des patients sont autour de l'enclos, émerveillés de voir des animaux. C'était vraiment une bonne idée. Tu croises Sacha et Connie près des poules, ils s'amusent à les imiter ce qui te fait rire.
« Ah Ella, tu es là ! Amélie te cherche partout ! » te lance Connie.
« Comment tu fais pour louper le repas ? C'est hyper important la bouffe » continue Sacha.
Tu souris et leur dis simplement que tu t'es endormie. Tu files vite dans la cafet mais tu ne trouves pas Amélie. Tu vas dans ta chambre et remarques un plateau posé sur la table et un petit mot.
« Tu m'expliqueras pourquoi tu sautes le repas. En attendant, bon appétit !
Amélie. »
Elle s'occupe tant de toi, ça te touche presque. Tu commences à manger mais la nourriture est déjà froide. Tu regardes dehors, grâce à la fenêtre tu as accès au panorama de toute la clairière. Tu aperçois Livai rentrer, la tête basse. Une ou deux filles essayent de l'accoster sur le chemin mais il les balaie d'un revers de la main. Depuis que tout l'hôpital sait qu'il joue merveilleusement bien du piano, son succès ne va qu'augmenter, tout comme ta jalousie. Cependant, dès que tu le laisses, il reprend toujours un ton froid et sec. Tu n'arrives toujours pas à comprendre pourquoi il se comporte comme ça.
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Livai X Reader [No time to think]
FanfictionElla, on n'a pas cessé de t'appeler comme ça durant ton enfance. Tu es maintenant une jeune adulte mais hantée par ton passé. Tu te retrouves en hôpital psychiatrique. Seule, tu nages dans la solitude quand un nouveau patient attire ton attention. C...