Chapitre 8

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L'heure de la promenade ! Chaque jour, tu as l'autorisation pour sortir dans le jardin de l'hôpital et la forêt autour. Bien sûr, cela était surveillé pour éviter les fugues, mais étant gentille et calme, tu avais beaucoup de libertés.

Tu profites pour prendre un livre dans la bibliothèque et tu sors. Tu essayes d'épier si Livai sort, mais visiblement non. Cela te surprend de penser à lui. Tant pis, tu le rencontreras une autre fois. Bon, qu'est-ce que je fais maintenant ? Tu commences à lire, mais il n'est pas très intéressant. Tu décides donc de t'allonger sur l'herbe, contre un tronc et de t'assoupir.

« Eh toi gamine. Réveille-toi.

Tu te réveilles en sursaut et tu vois Livai à côté de toi, le regard méprisant.

- C'est quoi ton problème ? » Quel idiot de t'avoir réveillé surtout pensais-tu.

- « Tout à l'heure quand tu es venue pour venir chercher le linge, tu me cherchais n'est-ce pas ?

- Mais de quoi tu parles ? On m'a demandé de venir chercher du linge, c'est ce que je fais.

- Tu t'es vraiment perdue ? Car je t'ai vu venir jusqu'ici, tu es même venue à la bibliothèque. Tu semblais connaitre parfaitement ton chemin.

- Mais t'es vraiment tordu à me suivre, laisse-moi tranquille.

En réponse, il s'assoit à côté de toi.

- Tu t'appelles comment ?

- Je pense que ça ne te regarde pas. Laisse-moi tranquille j'ai dit.

- Tu n'as pas répondu à ma question, j'en conclus que j'ai raison.

- Crois ce que tu veux, je m'en bats les couilles, fiche-moi la paix. »

Puis il se lève, et part en riant.

Vraiment bizarre ce type. Il se prend pour qui avec son ego surdimensionné ? En plus il te suit partout, louche. Bon, en réalité, il n'a pas totalement tort, tu ne venais pas pour le linge mais seulement pour obtenir quelques informations. Tu es juste en colère contre toi-même, il t'a percée à jour trop facilement.

L'heure de manger arrive rapidement. Cette fois-ci, une bonne partie des patients sont tous là. Tu rentres dans la salle, prends un plateau. Beurk. Purée, saucisses. On ne peut avoir un combo plus dégueulasse. Tu m'installes à ta place habituelle, Livai est déjà là, il lit son livre. Tu ne prêtes pas du tout attention à lui, encore choquée de son comportement tout à l'heure. Il relève la tête, et te regarde. Puis replonge dans son livre. Il commence sérieusement à te faire peur. Tu finis ton repas en vitesse, tu suis vraiment énervée.

Tu te places en face de lui et tu frappes la table avec ton plateau.

« C'est quoi ton putain de problème ? Lâche-moi à la fin !

- Tais-toi, je lis mon livre.

- Je n'en ai rien à foutre, arrête de me parler ou de me regarder.

- Ecoute pisseuse, j'ai rien fait, donc laisse-moi tranquille toi aussi.

- Pisseuse ? Ta gueule connard. »

Oups, tu es peut-être allée trop loin.

« Bon, tu me saoules. Regarde autour de toi pisseuse. Qu'est-ce que tu vois ?

- Des abrutis abattus par les médicaments ?

- Exactement. Je suis arrivé il y a peu de temps, et dans cette salle, je peux déjà dire que tu es la seule personne à peu près normale. »

Bon sur ce coup-là, il n'a pas tort.

« Et donc ?

- J'ai rien dit, toi aussi tu es abrutie en fait. »

Il commence à rigoler. Il replonge la tête dans son livre. Tu sors de la salle, plus qu'agacée. Tu l'entends encore ricaner dans ta tête.

Tu t'enfermes dans ta chambre, sur les nerfs. Il est très sarcastique et vulgaire mais étrangement cela te plait. Si tu n'étais pas aussi susceptible, peut-être que tu pourrais bien t'entendre avec lui. Il faut que tu t'aères l'esprit. Tu décides de sortir encore ce qui surprend beaucoup Amélie. C'est vrai que d'habitude tu es tout le temps enfermée dans ta chambre à réfléchir comment tu aurais pu éviter tout ça. Mais tu l'ignores, tu n'es clairement pas d'humeur à te faire interroger par elle.

D'ailleurs demain tu as rendez-vous avec le psychiatre de l'hôpital, tu as intérêt à te calmer. Tu ne l'aimes pas beaucoup. Tu n'as pas l'impression d'avancer, tu réponds vaguement à ses questions et il se contente d'écrire sur sa feuille sans plus t'aider que ça. Tu en as parlé à Amélie. Elle t'avait répondu que tu étais trop impatiente. Logique, tu veux à tout prix sortir d'ici. Chaque jour, tu fais des cauchemars de ton agression. Tu as l'impression d'étouffer dans ton nouvel « espace vital », c'est-à-dire ta chambre d'hôpital.

Il t'arrive de repenser à tes camarades qui sont au dernier trimestre et en pleine préparation du bac. Tu es jalouse d'eux. Tu aimerais avoir leur vie parfaite : boulot, manger, dodo et ainsi de suite. Toi, tu es déracinée, on t'arrache à ce qu'il te reste et tu dois t'adapter dans un tout nouveau milieu. En fait, tu es mal à l'aise. Mais bon, ça ne te fait pas trop peur, tu imagines que peu de personnes doivent être enchantés à l'idée d'un séjour d'une durée indéterminée dans un hôpital psychiatrique.

Tu ne sais même pas si tu serais capable de retourner au lycée. Tu te mords la lèvre. Tu avais un rêve pour ta carrière : être une avocate reconnue. Mais il s'est brisé en quelques mois. Ne pleure pas, ne pleure pas je t'en prie. Tu as si peur de ton avenir encore plus maintenant, tu es terrifiée à l'idée de rentrer dans la vie active. Maintenant, dès que tu y penses tu as une boule qui se forme dans ton ventre. Aujourd'hui avec ta situation, tu en vomis même. Tu repenses à ce foutu proviseur « Ce serait dommage de gâcher ce potentiel. » C'est trop tard, tu crois bien. 

Livai X Reader [No time to think]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant