14. Chez les vampires

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- En effet, répondit Ophélia, Océana a du sang de vampire dans les veines.

- Mais ses dents sont tout à fait normales, pourtant... remarqua Violette.

- Il n'y a pas que les dents qui font que les vampires sont des vampires, rétorqua Ophélia, vexée.

À présent, Clément dévisageait Océana comme s'il avait un monstre sous les yeux.

- Je ne sais pas si c'est bien de leur en parler... intervint-elle en regardant sa mère. Clément ne serait certainement pas...

- Je veux savoir ! Ma meilleure amie est une hybride ; je veux qu'on m'explique.

- Bon... fit Océana en prenant une grande inspiration. Je ne voulais pas vous en parler plus tôt par peur de vous inquiéter, mais il peut arriver que je me transforme en... une sorte de vampire...

- PARDON ?! s'exclama Clément, sous le choc.

- Oui, poursuivit-elle. Parfois, quand mon instinct de "survie" s'enclenche, - elle se racla la gorge - mes dents peuvent se mettre à pousser subitement, et mes yeux à devenir rouges. Je ne contrôle alors plus grand chose. Souvent, je ne me souviens même plus ce qu'il s'est passé après ma transformation.

Les jambes de Clément tremblaient.

- Mais ça peut arriver n'importe quand ? demanda Violette, soucieuse.

- Ne t'inquiète pas, la rassura Océana, j'ai tout ce qu'il me faut pour me protéger de ce genre de crises.

Elle passa la main dans son pull et en ressortit une chainette métallique. Une amulette violette était accrochée en son bout.

- Je la lui ai offert lorsqu'elle a commencé à montrer des symptômes d'agressivité envers des personnes innocentes, ajouta Ophélia. Cette amulette la protège des transformations.

Clément étouffa un soupir rassuré.

- Tu aurais dû nous en parler ! objecta Violette. On aurait compris.

- Je ne savais pas comment vous le prendriez... Je n'avais pas envie d'être rejetée, comme ma mère...

Ophélia lui adressa un regard désolé.

- C'est compréhensible, mais on reste tes amis ; tu pourras toujours nous faire confiance.

Elle leur adressa un sourire sincère.



Le lendemain matin, Océana et Violette décidèrent de partir explorer le monde des vampires. Clément, qui ne supportait pas l'idée de se retrouver seul dans le manoir effrayant d'Ophélia, fut obligé de les suivre. Les trois amis partirent donc à dos de dragons découvrir les lieux qui les entouraient.

La plupart des rues semblaient abandonnées. Pourtant, un nombre considérable de personnes y vivaient, malgré les toiles d'araignées et le froid. Toutes les maisons étaient d'une grande sobriété. Océana n'aurait pu se résoudre à vivre dans un monde comme celui-ci.

- Si on se posait sur cette colline, là-bas ? cria Violette pour que le vent n'emporte pas ses paroles.

- Bonne idée ! hurla Océana.

Ils laissèrent leur dragon se reposer sur la colline de terre humide et partirent visiter la ville dans laquelle ils se trouvaient.

Les toits lisses et les murs noirs des maisons ne rendaient la ville que moins accueillante. Chaque fois que Clément voyait passer un vampire, il paniquait et cherchait un endroit où se cacher.

- Les paysages sont si... monotones ! soupira Violette. Toujours ces mêmes petites maisons noires...

- C'est une autre culture, répondit Océana, tout les vampires n'ont pas la chance de vivre dans un aussi grand manoir que ma mère.

- J'ai faim, lâcha Clément, changeant brutalement de sujet. Il n'y a pas une supérette, quelque part ?

Océana scruta les environs.

- Une supérette non, mais un restaurant, oui !

Elle désigna un long bâtiment grisâtre, au bout de l'allée. Une banderole affichait "La chauve-souris - ouvert 24h/24". Deux lanternes encadraient la porte d'entrée. L'endroit ressemblait plus à une vieille grange qu'à un restaurant. Une des lanternes se mit à grésiller, avant de s'éteindre.

- Après réflexion... hésita-t-il. Je ne suis pas sûr de...

- Allez viens ! insista Violette. On va découvrir la cuisine typique des vampires !

Clément souffla et les suivit en traînant des pieds. Au moment de passer la porte, la lanterne éteinte se ralluma, ce qui détendit quelque peu l'atmosphère.

- Bonjour ! lança Océana, enthousiaste.

Elle nota que le bâtiment était désert.

- C'est pour quoi ? railla une voix rauque.

L'homme le plus pâle qu'Océana n'ait jamais vu fit irruption dans la pièce et s'approcha d'eux avec une démarche bizarre. Il esquissa un sourire, qui, malgré ses efforts, ressemblait plus à une grimace.

- Serait-il possible d'avoir une table pour trois ? demanda Violette.

- Bien sûr. Installez-vous n'importe où. Je vous apporte la carte des plats.

Ils n'eurent pas l'embarras du choix : le menu se résumait à trois plats.

- Je vais prendre... commença Océana. Des "œufs de mésanges à la sauce Cete".

Les lèvres du vampire s'étirèrent en un étrange sourire.

- Bien...

- Moi je prendrais une "salade du midi", commanda Violette.

- D'accord... répondit le vampire en se tournant vers Clément. Et vous, jeune homme ?

- M.. moi ? bafouilla-t-il. Euh, eh bien... se... serait-il possible d'avoir une... une boisson ?

- Bien sûr ; nous avons du sang de buffles, de vaches, de cerfs, de chevreuils, de dragons, de...

Clément laissa échapper un soupir avant de s'évanouir.

SOS dragons - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant