SOS dragons - Tome 1

27. La réouverture

Dès le lendemain matin, les clients commencèrent à emplir la salle d'attente de SOS dragons.

- Bonjour, comment puis-je vous aider ? demanda joyeusement Océana.

- IL A TOUT SACCAGÉ ! hurla Clément depuis le bout du bâtiment.

Tout le monde se tourna vers le bout du couloir. Un Clément furieux en ressortit les poings serrés.

- Monsieur Parfait a détruit tout mon laboratoire ! vociféra-t-il.

- Clément, on a des clients, murmura Violette en l'attrapant par le bras. Tu vas tous les faire fuir.

L'intéressé jeta un regard furtif dans la pièce en face de lui. Tous, même les dragons, le dévisageaient.

- Tu ne comprends pas, rétorqua-t-il en s'éloignant d'eux, je ne retrouve plus rien ! Tout a changé de place. À croire qu'il l'a fait exprès...

Il baissa la voix, comme s'il croyait que Lucas pouvait les entendre.

- Il veut me voler ma place.

Violette leva les yeux au ciel.

- Tu dis n'importe quoi ! Lucas l'a dit lui-même : il ne veut pas être soigneur. Il a simplement fait un peu de rangement.

Elle suivit Clément jusqu'à son laboratoire, plus propre que jamais. Les livres étaient parfaitement alignés dans les étagères et les carreaux des vitres n'avaient jamais autant brillés.

- Je ne vois pas de quoi tu te plains, rétorqua Violette, exaspérée.

- Tu ne vois pas ? répéta Clément, les yeux écarquillés. La moitié de mes ustensiles ont disparu ! Et, dans les placards, tout est mélangé ! Il ne sait pas que les xiforiums ne se rangent pas avec l'extrait de cactus noir ? Sans parler des livres... Il a mis celui sur l'arrosage du bananier des neiges à côté de celui qui parle des potions contre les brûlures !

- Lucas les a classés par ordre alphabétique, expliqua Violette, c'est beaucoup mieux ainsi !

- Il n'avait que ça à faire ? grommela Clément.

- Bon, je vais aider Océana à s'occuper des patients, trancha-t-elle.

- Il a vidé tous mes flacons d'élixirs ! J'avais passé des semaines à les préparer !

- Ceux qui prenaient la poussière depuis des mois ? railla Violette.

- Pourquoi est-ce que tu prends toujours la défense de ce type ? demanda Clément.

Violette ne parvenait pas à savoir s'il était triste ou en colère.

- Et toi, pourquoi est-ce que tu le détestes autant ?

Clément ouvrit la bouche pour répondre mais aucun son n'en sortit. Violette quitta le laboratoire à grands pas.

- Tu mérites mieux que lui ! lui cria-t-il alors qu'elle venait de s'engouffrer dans la salle d'examen.

- Clément en veut toujours à Lucas ? demanda Océana lorsque Violette entra dans la pièce.

Elle acquiesça d'un signe de tête avant de poser son regard sur le petit dragon qui était posé sur la table d'examen.

- Une sertoive à queue rose ? devina-t-elle en examinant la couleur des écailles de la jeune dragonne.

- Oui, elle a environ un an et demi. Elle s'est cassé la patte en essayant de grimper sur un rocher beaucoup plus gros qu'elle.

- Typique des jeunes dragons ! pouffa Violette.

Elle regarda Océana verser un liquide verdâtre dans la bouche de l'animal, qui tressaillit en constatant que le remède avait un gout de bave de chien malade.

- Je vais chercher des bandages, l'informa la jeune soigneuse, tu peux le surveiller ?

Violette opina du chef et se mit à caresser la petite crête de la dragonne.

Lorsque Océana revint, elle tenait deux rouleaux rouges entre les mains. Son amie immobilisa la dragonne pour qu'elle puisse enrouler les bandages autour de sa patte. Océana s'approcha doucement. Mais, à l'instant où la bande rougeâtre toucha la peau de la créature, celle-ci couina et cracha, instinctivement, un jet de flammes qui atteignit la tunique de Violette. La jeune fille s'affola et traversa la pièce en courant. Heureusement, Océana intervint et envoya une sphère d'eau éteindre le feu. Le visage de Violette affichait une expression dépitée.

- Je crois que je ferais mieux d'aller me changer... bafouilla-t-elle en regardant ses vêtements trempés.

- Je m'occupe de la dragonne, la rassura Océana lorsqu'elle la vit hésiter.

Violette hocha la tête et sortit de la pièce.

Océana posa ses mains sur les hanches.

- Je vais devoir te mettre une muselière, le temps de l'opération, prévint-elle la petite créature.

La dragonne battit des cils et regarda Océana fouiller dans les tiroirs de son bureau. La jeune soigneuse lui attacha l'instrument autour du museau et se saisit du rouleau rouge qu'elle avait laissé de côté. Elle enroula la patte de l'animal, qui souffrait, et le prit dans ses bras.

La maîtresse de la jeune dragonne afficha un air joyeux en voyant Océana revenir avec son animal de compagnie. La jeune soigneuse le lui tendit et ajouta :

- Faites attention aux bandages et il n'y aura aucun problème. Elle devrait recouvrer l'usage de sa patte d'ici un mois ; d'ici là, efforcez-vous de ne pas la laisser sortir sans surveillance et assurez-vous qu'elle n'effectue pas de mouvements trop brusques, cela aggraverait sa blessure.

- Oh, Furiette va être déçue... répondit la femme blonde. C'est une dragonne très vive.

- Nous avons pu le constater, grommela Océana en détourna le regard. À qui le tour ? demanda-t-elle en se tournant vers les autres clients.

Un homme brun - d'une trentaine d'années environ - se leva pour rejoindre Océana dans la salle d'examen, suivi d'un magnifique dragon pourpre.