SOS dragons - Tome 1

28. Le journal

Quelques semaines plus tard, alors que Clément venait de finir de nettoyer la pièce centrale de SOS dragons - suite à un bain qui avait mal tourné - Violette accourut, un rouleau de papier entre les mains.

- Clément ! Océana ! On a reçu le journal !

- C'est super Violette, ironisa Océana, mais là, je suis légèrement occupée.

Elle cherchait depuis plusieurs heures le jouet de Brice. Elle regarda, pour la énième fois, dans le tiroir de la commode grise, avant de réaliser qu'elle avait déjà examiné toute la pièce. Elle s'apprêtait à retourner dans son bureau quand Violette ajouta :

- Ils parlent des Cronix.

Océana et Clément firent volte-face.

- Sérieusement ?! s'exclamèrent-ils d'une seule voix.

Ils se précipitèrent sur elle pour tenter de lui arracher le journal des mains. Violette recula d'un bond pour échapper aux deux sauvages et déplia le rouleau. Elle le feuilleta jusqu'à atteindre la page 9. Océana et Clément se penchèrent au-dessus de son épaule pour apercevoir la photo de Lorcan, entouré de ses alliés, qui trônait au dessus d'un paragraphe de texte. Violette entama la lecture :

- "Le groupe qui maltraitait les dragons depuis des mois s'est vu arrêter mardi dernier, alors qu'il s'apprêtait à déserter son repaire, situé dans le nord du monde des vampires. Les forces de l'ordre ont fouillé les lieux et récolté de nombreuses informations, parmi lesquelles le nom de l'organisation : les Cronix. Ils les ont ensuite emmenés dans les cachots du continent Est pour un interrogatoire. La mystérieuse organisation vendait les dragonnets sur le marché noir et entrainait les plus gros à combattre, malgré eux. Pourtant, les journalistes n'ont retrouvé que huit dragons noirs sur les lieux. Selon les Cronix, trois personnes avaient libéré leurs prisonniers quelques semaines auparavant. Nous menons actuellement une enquête plus approfondie pour découvrir..."

Océana n'écoutait déjà plus. Une nuée de pensées tourbillonnait dans son esprit. Elle mit un instant à assimiler toutes les informations. Les Cronix étaient en prison. Plus aucun dragon ne serait capturé ! Plus aucun dragon ne souffrirait ! Ils avaient réussi leur mission.

- C'est génial, s'exclama Clément lorsque Violette eut terminé sa lecture. On est tranquille pour un moment.

- Pour toujours, tu veux dire ? s'enquit Violette. On pourrait inviter Lucas, pour fêter ça ?

- AH NON ! rugit Clément en serrant les poings.

- Mais si, comme ça, on en profitera pour le faire entrer dans l'équipe, ricana Violette.

Clément grommela une phrase incompréhensible.

- Ou alors, on peut juste aller boire un smoothie sur la terrasse, proposa Océana.

Les deux amis esquissèrent un sourire et, cinq minutes plus tard, le trio était assis sur les chaises longues du jardin, un verre coloré entre les mains. Ils regardèrent jouer les petits dragons dans l'enclos en face d'eux pendant près d'une heure, avant d'aller nourrir ceux qui se trouvaient dans la volière. La nuit commençait à tomber, mais il ne faisait pas froid pour autant.

- C'est pour ça que j'adore SOS dragons ! lança Violette en observant la multitude de dragons qui défilaient devant ses yeux.

- C'est vrai que rien ne pourrait être mieux qu'ici ! acquiesça Clément.

- Vous avez sans doute raison... admit Océana en regardant le ciel crépusculaire.

Certains dragons se préparaient déjà à s'endormir.

- Ne sont-ils pas trop mignons ? demanda Violette en désignant deux dragons blottis l'un contre l'autre.

- Regardez celui-là ! Il a vraiment une position bizarre, plaisanta Clément en désignant un dragon allongé sur le dos, une patte au sol, l'autre en l'air.

Un filet de bave s'échappait de sa bouche grande ouverte, tandis qu'un autre de ses congénères le dévisageait, interloqué.

Océana regardait désormais le ciel virer au bleu marine. Ils contemplèrent les cieux un moment, avant de retourner à l'intérieur du centre de soins.

- Je pense que je vais rentrer, dit Clément après s'être assuré que la porte de son laboratoire était bien fermée à clé - précaution qu'il prenait tous les soirs, depuis que Lucas avait osé le ranger.

- D'accord, répondit Violette avec un sourire. Je ne vais pas tarder non plus.

Lucas attrapa son sac à dos, suspendu au porte-manteaux en face de lui, et sortit de la pièce en leur adressant un dernier signe de la main.

Les deux soigneuses se rendirent dans les box des dragons sous traitements médicaux, pour vérifier que personne ne manquait de rien. Elles firent un tour dans les box des dragonnets - où Léon les accueillit avec un "tshoooo" sifflant -, puis dans ceux des animaux à adopter. Après avoir vérifié tous les box du centre, elles décrétèrent qu'il ne restait plus rien à faire. Violette décida donc de rentrer chez-elle.

- À demain ! lança Océana avant de la voir se dématérialiser dans un nuage d'étincelles.

La jeune soigneuse resta longtemps sur le bord de la terrasse, pour respirer l'air frais de la nuit. Perdue dans ses pensées, elle admirait le coucher de soleil. Des souvenirs lui emplirent la tête... Le jour où elle avait recruté Clément, qui était terriblement timide, à l'époque... L'instant où elle avait remarqué, à sa grande surprise, qu'un nombre incalculable de personnes était venu assister au premier spectacle d'acrobaties de dragonnets... Les heures entières qu'elle avait passé à défier le vent, sur le dos de son dragon... Toutes les fois où le petit groupe avait sauvé des vies, grâce à leurs connaissances et à leur détermination... Mais aussi des souvenirs plus tristes, comme le jour où elle avait perdu Speranto dans la grande forêt, et qu'elle pensait ne plus jamais le retrouver... Ou lorsque Clément leur avait annoncé que les Cronix martyrisaient des dragons... Elle revécut alors leur voyage au monde des vampires. Le moment où elle avait revu sa mère, après tant d'années de séparation... Les cris des hurlantes qui résonnaient tandis que Lorcan essayait de délier les lianes qui le retenaient prisonnier... Le sentiment de triomphe qui l'avait envahie lorsqu'elle apprit que les Cronix avaient été arrêtés...

Océana releva la tête pour regarder les étoiles briller dans le ciel.

À présent, elle avait une certitude : elle ne lasserait jamais de son métier.