Chapitre 8

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 Je n'avais pas l'habitude d'être mis à l'écart de façon si brutale, et très vite je décidai d'écouter. Sous le regard curieux de ma sœur, je plaquai mon oreille droite contre la porte et mes bras s'illuminèrent lentement d'un vert blanchâtre. Je perçus seulement quelques mots, puis le ton monta, et je pus sentir le pouvoir crépiter à l'intérieur tandis mon père et mon frère se mettaient en colère. Par précaution, je décidai d'arrêter, et j'écartai ma sœur de la porte. Je l'interrogeai alors sur le peu que j'avais entendu.

« - Ton anniversaire est dans trois jours ?

- Oui, est-ce important ?

- Cela dépend de ton âge.

- Je ferai 5 ans. »

Un mauvais pressentiment m'envahit. Cinq ans, c'était l'âge du rite pour les garçons. Je savais que les filles pouvaient aussi faire quelque chose à cet âge là, mais je ne m'y étais jamais intéressé. Sans attendre Yvan, nous nous rendîmes directement à la bibliothèque, en quête d'informations. Grâce à la connaissance de ma sœur vis-à-vis du contenu des étagères, il devint vite évident que ce que nous cherchions n'était pas ici. Ce qui n'était pas ici était aux archives, et nous courûmes là-bas. Ma sœur dépourvue de pouvoir s'essouffla en chemin, et nous fîmes une courte pause. Se tenant les genoux et respirant fort, ma sœur réfléchissait. Elle réfléchissait tout le temps d'ailleurs. D'un coup, elle leva la tête.

« - Va aux archives sans moi, tu seras plus rapide. »

Une lueur inhabituelle brillait dans ses yeux, mais le couloir sombre devait jouer aussi. J'acquiesçai et partis en courant. Du coin de l'œil, je pus la voir faire demi-tour et courir dans la direction opposée. Elle avait une idée derrière la tête mais j'avais appris avec le temps, que ma sœur était loin d'être stupide comme le prétendait mon précepteur sur les filles, et qu'essayer de deviner en vain ce qu'elle allait faire n'était qu'une perte de temps. Quand j'arrivai aux archives, je compris la première raison ayant poussé ma sœur à ne pas m'accompagner. Les archives étaient évidemment interdites d'accès aux femmes. Personne n'aurait pu s'imaginer qu'un garçon irait y chercher une information pour une fille et je fus autorisé à y entrer.

L'information que je découvris n'aurait rien changé à la suite des événements. Savoir ce qui allait se passer ne l'empêcherait pas de se passer. C'est ainsi que dès le lendemain, de futures alliances furent rompues avec un royaume de l'ouest, et ma sœur ne vint pas à la bibliothèque. Je me maudis de ne pas lui avoir demandé au préalable où se situait sa chambre, et passais toute la matinée et une partie de l'après-midi à la localiser. Lorsque je la trouvais, elle m'attendait, assise sur le lit qui était le seul meuble de la pièce avec une penderie un peu plus loin. Je m'introduisis en douce et en me voyant, elle tenta un sourire qu'elle ne réussit pas.

Elle m'expliqua d'abord qu'elle était retournée à la salle du conseil hier soir, sans y retrouver Yvan et qu'elle l'avait cherché en demandant aux domestiques, jusqu'à se faire enfermer dans sa chambre. Elle craignait que la discussion avec père en sa faveur, n'ait pu lui coûter beaucoup plus qu'un sermon s'il révélait que ses dernières opinions politiques l'ayant amené à participer aux réunions ne venaient pas de lui. Il est vrai que malgré mes efforts pour le retrouver, nous ne le revîmes pas dans les jours qui suivirent.

Quant à moi, j'avais cherché un bon bout de temps dans les archives avant de tomber sur ce qui me paraissait être la bonne information. Il était possible que, dans leur grand dévouement pour l'Empire, certaines princesses puissent décider d'offrir leurs vies à Frère pour que la famille impériale en ressorte plus forte. 

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