Chapitre 10

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Le mot me frappa. J'avais tout juste mis un pied dans le dôme que déjà, Frère me susurrait son nom de la façon la plus désagréable qui soit. J'allais vers lui, sur un chemin d'une roche trop blanche et trop lisse pour lui ressembler. Je n'avais pas voulu me retourner, voir Victor inconscient être mis à l'écart, mon père peut-être encore un peu sonné par mes paroles, mais plus certainement jubilant de se débarrasser de moi, et la foule derrière, hypocrite, me toisant avec un mélange de mépris et d'amusement sûrement. Non, je préférais détailler Frère. Il était une boule de fumée tournoyante, d'un vert tirant sur le blanc et d'un noir profond. Je me surpris à apprécier ce noir qui m'attirait presque inconsciemment.

« - Bien le bonjour, petite offrande. »

Les murmures avaient gagnés en intensité lorsque j'étais arrivée au centre, et ils continuaient tandis que Frère s'adressait à moi.

« - Nous allons faire les choses le plus simplement possible, entends-tu ce murmure qui se répète autour de toi petite chose ? »

Je les entendais très bien, et si le plus intense était le nom de Frère, je percevais autre chose de plus indistinct que je n'arrivais pas à saisir. Distraitement je hochais la tête.

« - Bien, très bien, il s'agit de mon nom, tu vas devoir le dire une fois, rien qu'une fois, petite créature, et après je m'occupe de tout et tu n'auras plus rien à-

- Taisez-vous. »

Le murmure indistinct m'attirait de plus en plus et seule la voix de Frère m'empêchait de comprendre ce dont il s'agissait avec précision, je lui avais donc intimé de se taire pour pouvoir me concentrer sur ce bruit.

« - Pardon ?

- Je reformule : Si vous pouviez vous taire, cela m'aiderait grandement. »

J'eus droit à quelques instants de silence avec le murmure, et je sentais la barrière me séparant de la solution s'amenuiser de seconde en seconde.

« - J'aurais apprécié en finir plus rapidement avec toi offrande, puis-je savoir à quoi tu joues ? »

Je savais que d'une certaine façon, il me voyait, et je lui lançais un regard noir. Il me suffit ensuite de seulement deux secondes de silence pour identifier ma barrière et trois seconde d'incompréhension supplémentaires pour la briser.

« - Qu'est-ce que ça veut dire ? Chuchotais-je, presque juste pour moi.

- Que dis-tu ? M'interrogea Frère entre la frustration et la perplexité.

- Tu me comprends ? Me demanda une autre voix. »

La barrière était celle de la langue et je venais, par je ne sais quel miracle, de la franchir. Le murmure était en fait deux voix, parlant deux langues, disant chacune un mot différent.

« - Des yeux violets, une peau plus claire que les autres, une chevelure à deux couleurs, serais-tu un de mes humains ? »

J'arrivais maintenant à différencier l'être noir de Frère qui était le vert. Le murmure dans sa langue était plus agréable à l'oreille, et je compris que ce mot était son nom. Beaucoup de points étaient encore obscurs, mais je sentais l'étau de Frère se resserrant autour de moi, et je décidai alors de tenter l'inconnu.

« - Premier ? Sauve-moi. »

Et le noir insondable prit le pas sur cet horrible vert blanchâtre.

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