Je n'ai pas réussi à dormir et j'ai eu envie de dire à mon cerveau d'arrêter de penser. C'est contradictoire car c'est exactement ce que je ne veux pas qu'il m'arrive et je n'arrive pas à croire que je suis en train de penser cela. La nuit ne m'a pas aidé pour rester moi-même. Je commence à virer dans une toute autre couleur que le rouge et cela ne m'enchante guère.
A présent le soleil hurle dans ma chambre et je crois voir mon ombre sur le mur. J'ai l'impression de voir mieux car les formes sont désormais distinctes tout autant que les teintes. Ma chambre comporte quatre murs et un lit, rien de plus. Les murs sont affreusement blancs et j'ai envie de vomir dessus juste pour qu'ils aient plus de couleur. Ce lieu est le temps de la neutralité où seul la médecine compte.
Quelqu'un entre et m'assois tout en redressant le haut de mon lit. Il ne m'a pas dit bonjour et je me demande de plus en plus si la non communication n'est pas une règle finalement applicable et appliquée à tous, infirmiers comme patients. Il m'apporte un porte-plateau mobile et pose le mien dessus. Sur celui-ci je vois ce qui semble être un petit déjeuner mais qui n'en a plus réellement l'aspect. Il se compose d'un verre d'eau et de pain. Tu parles d'un petit déjeuner ; ce n'est que grâce à l'horloge et à l'heure qu'il est que je peux l'appeler ainsi. L'infirmière repart, toujours en silence et j'aurais envie de la massacrer sur le champ. Comment peut-on être insensible à ce point ? Je ne comprends pas comment elle fait pour ne pas avoir honte de ne me donner que ça. J'ai l'impression d'être réduit à un vulgaire animal à qui on donnerait la pâté. Je ne crois pas avoir mérité ça. Je ne peux pas le manger. Je ne dois pas me réduire à cela. Je dois faire opposition et je me moque des conséquences que mes actes pourront avoir. J'ai assez souffert pour pouvoir faire souffrir et même s'ils n'ont pas pris ma persévérance et ma hargne que je sens monter en moi, en compte, je ne tiens pas à les prévenir. Ils verront bien qui rira le dernier et je sais à quel point mon rire peut être déplaisant pour certains.
Ne me dites pas que j'ai mérite tout ça, ni vous ni ces putains de médecins. Il n'est pas question d'en venir à penser. J'ai mérité une fuite et on a réussi à ruiner mes deux chances de le faire. Maintenant je ne propose plus je m'impose et cela commence maintenant. Je ne peux pas supporter qu'on me retire à quelque chose que je veux plus que tout juste parce que cela ne leur plaît pas. Je n'en ai plus rien à foutre de ne pas leur plaire. Je ne veux plus qu'on me dicte ma vie et ils ne l'ont pas encore compris. Rien ne me tarde de leur montrer et il faut qu'ils sachent qu'ils vont le regretter. Je n'ai en tout et pour tout aucun idée de comment faire cela pour le moment et contrairement à ce que je devrais être je ne suis pas triste. Je n'ai pas peur d'échouer car un combat d'une vie ne s'échoue jamais et à la fin ceux qui ont la foi en eux-même gagnent toujours. C'est un combat dont j'estime avoir toutes les armes pour le gagner.
Je n'ai aucune idée de ce qu'il va m'arriver mais je pense le découvrir assez vite.
Je vois ma porte s'ouvrir et si je ne prenais pas en compte mon état toujours pitoyable j'irais me mettre derrière, laisser entrer ce qui se trouve derrière et la refermer brusquement sans qu'il n'ait eu le temps d'être entièrement dans la pièce. C'est un homme petit qui se présent à moi, vêtu d'une blouse blanche comme était le Dr Paulch. Il a vraiment l'air ridicule avec ses petites lunettes rondes suspendus sous ses yeux et ses oreilles décollées. Je ne comprends pas comment il peut être pris au sérieux et je me méfie comme toujours.
Il s'assoit sur le bord de mon lit et je n'ai pas l'impression de voir une quelconque gêne dans ses yeux. J'arrive tout juste à lire sur l'étiquette qu'il a collée au niveau de sa poitrine qu'il est psychiatre. Je suppose qu'ils ne se présentent jamais comme ça et je suppose qu'il ne le fera pas à moi et pour cause, ils ne veulent pas que l'on se méfie.
Il engage la conversation et sa voix d'un grave inattendu résonne soudain dans les tympans :
"Comment allez-vous ?, me demande-t-il comme on le demanderait poliment à quelqu'un après q'il fut blessé.

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Et la vérité s'envolera avec moi
Mystery / ThrillerJe m'en vais, je pars loin de tout ce que je connais. Je refuse de dire que je fuis mais c'est ce que je fais. C'est décidé, je n'ai plus ma place ici et c'est bien ailleurs que je vais espérer la trouver. Je n'emporte que très peu de choses, j'ai...