Chapitre 12

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Je ne peux pas attendre et ouvre tout de suite la journal à la page indiquée sur la couverture. Je dois me calmer tant je suis content de moi-même. Il n'y a rien que je puisse faire ici qui puisse me rendre plus heureux que cette malheureuse nouvelle. Je fais défiler les pages sous mes yeux et dans la précipitation j'en déchire quelques unes ce qui n'est pas une bonne chose car je ne veux pas que l'on sache que je suis venu ici. Si je repars attends on ne me verra pas et ce sera bon.

Enfin arrivé sur la page tant désirée je commence à lire l'article, minutieusement, sans sauter de lignes ou lire trop vite de manière à ce que je comprenne tout ce que cet événement a provoqué et ce qu'ils ont réellement compris. Je veux savoir ceux qu'ils sachent pour pouvoir préparer des plans d'attaques ou de défenses, des stratégies pour cacher mon jeu ou le dévoiler s'il est nécessaire que je le fasse. Je dois planifier la suite, écrire mon destin.

C'est ce matin que la police de Paris a retrouvé le corps de cette jeune femme, inerte, dans son lit. Elle fut alertée par une voisine qui avait entendu beaucoup de bruit la veille et qui s'inquiétait pour sa sécurité et celle des autres habitants de cette immeuble qui obligea donc la police à se rendre sur place. Elle nous raconte :

"Cette nuit j'ai entendu beaucoup de bruit. Je n'ai pas compris grand chose et de mon vieil âge j'ai tout suite pensé au pire. (Mme Lestrier, cette vieille ronchon du second... Je soupire.) J'aurais voulu aller voir moi-même ce qu'il se passait mais j'avais bien trop peur pour ça. Je n'ai pas tout de suite pensé à appeler là police et je me suis endormi comme j'ai pu. Le lendemain j'ai repensé à tout cela et je me suis dit que quelque chose était peut-être arrivé. Comme je vous l'ai dit il y avait vraiment beaucoup de bruit. On se serait cru entre deux camps adverses durant la Première Guerre mondiale un jour d'assauts et de ripostes. C'est vraiment quelque chose d'indéfinissable et je crois que j'en ferai longtemps encore des cauchemars, de cette époque et de cette nuit. Revenons-en à nos moutous ; j'ai donc appelé la police le lendemain matin et il est vrai que je ne savais pas trop quoi leur dire. J'ai pensé que je réagissais exagérement comme on me dit que je le fais souvent. Je leur ai dis que j'avais été cambriolé pour qu'ils soient obligés de venir et c'est ce qu'ils ont fait. Je leur ai ensuite tout expliqué, chez moi, de manière à ce qu'ils ne puissent pas réellement fuir. Et ensuite ils ont procédé à des visites dans tout l'appartement. Ainsi s'achève mon récit."

Je ris intérieurement. Sa comparaison a la Première Guerre mondiale était vraiment exagérée. Elle n'est plus toute jeune mais quand même. En y repensant c'est elle qui devrait se faire interner, pas moi. Je continue de lire pour ne pas rater un élément important pour la suite de ce que je commence à voir comme une aventure.

C'est le sergent Daniel qui a fait les visites assisté par Steven, un stagiaire. Il nous raconte ce qu'il a vu :

"Lorsque je suis rentré dans l'appartement du quatrième étage rien ne me paraissait suspect. L'appartement avait l'air d'être habité et rien ne semblait en désordre. J'aurais bien vite fait de repartir et de penser que ce n'était pas le bon endroit pour chercher quelque chose jusqu'à ce que Steven me conseille de continuer. Il avait raison. Cet endroit, paraissant en bon état à première vue, était mis à souillon si on s'attachait aux détails. Il y avait de tout mais il fallait y jeter un œil. Je ne me suis pas attardé sur les bouteilles de bières vides ou sur les mégots de cigarettes laissés sur le rebord de la fenêtre tout comme je n'ai pas pris soin d'essayer de comprendre pourquoi la salle de bain était autant en désordre. Je suis allé dans la chambre et ai vu cette femme, allongée. Par précaution je me suis approché au niveau de sa poitrine et vis qu'elle ne respirait plus. De par mon expérience je savais qu'il était trop tard. Il y avait eu un meurtre ici et il était bien orchestré. Rien ne transparaissait sur son corps et ce n'est pas faute de l'avoir retourné dans tous les sens. Je ne voyais ni plaies de balles ni plaies d'armes. Il n'y avait aucune marque de lutte et il faut dire que c'est rare dans ce genre d'événement. Je ne comprenais pas. Il est vrai que je me suis énervé et j'ai commencé à refaire l'appartement de long en large, bousculant meubles et vêtements pour voir ce que j'aurais pu rater. En fouillant partout je n'ai rien trouvé et il est vrai que je suis bien désolé de vous dire que je n'ai pas de piste pour le moment. Mais comme vous le savez nous gardons espoir de retrouver l'auteur de ce meurtre abominable."

Et la vérité s'envolera avec moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant