Chapitre 18

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J'ai envie de sourire à la vie à cause de tout ce que j'ai subi et sans savoir vers où je sautille sur la route qui s'étend devant l'institut qu'avec chance j'ai réussi à fuir. Le soleil illumine l'asphalte et le peut de rayonnement réfléchi par la route éclaire mon visage et celui de mes camarades d'une jolie lumière rouge orangé. Nous pourrions aller contre vents et marées, tous, ensemble et rien ne semble pouvoir nous arrêter. Il nous faudrait choisir d'avoir en tête des desseins plus agréables pour les Autres mais personne ne comprendra jamais que nous ne sommes qu'une armée de vengeurs masqués. Ce sont les injustices que nous voulons corriger faute d'avoir un monde parfait qui même, de manière utopique, n'existera jamais.

Nous continuons notre voyage sur la route dont la paysage semble changer à chaque instant et le soleil commence peu à peu à décliner sous l'horizon. Nous pourrions appeler un taxi, quelqu'un, un proche, un collège, pour qu'il nous ramène chez nous, quelque part que l'on connaîtrait mais personne ne sait réellement où il voudrait aller. Il est plus dur pour nous désormais de revenir dans une masse obnubilé par l'apparence et le physique comme diktats suprêmes. Nous ne pouvons pas faire machine arrière et c'est avec joie qu'un petit motel se présente devant nous.

Il est sept heures quarante-cinq si on en croit ma montre et il fait bientôt nuit. Il n'existe plus du soleil qu'une légère clarté venant d'on ne sait presque plus où. Le motel est constitué de plusieurs petites chambres disposées les unes à côté des autres comme l'on pourrait se l'imaginer à l'idée de ce lieu. Le néon vert clignotant rend cet endroit encore plus miteux mais donne aussi un charme que l'on ne saurait décrire. Nous sommes tous là, presque ébahi, de trouver un endroit si paisible, calmé et reculé du monde qui nous a foutu dehors. Une petite dame sort et nous accueille en nous faisant de grands gestes que l'on remarque au loin. Elle paraît excitée et joyeuse. Au fur et à mesure que nous nous approchons tous, je commence à la trouver plus que drôle. Elle n'est pas drôle, elle est rigolote, terme qu'emploierait sans gêne un gamin mais qui, dans le Monde des Adultes est devenu une sorte de mot banni de par son sens naïf et familier. Vêtue d'une petite jupe vert bouteille en velours et de grands bas noirs, effilés de par et d'autres, elle ne me parait pas bien grande. A en croire par les rides qui dessinent son visage et par les mocassins marron passés qu'elle porte à ses pieds et qu'on ne porte plus désormais, je dirais sans problème qu'elle avoisine les quatre-vingt-cinq ans. Ses gros bijoux alourdissent ce qu'elle dégage et on dirait presque que les bagues dont ses doigts sont ornés les tirent vers le bas.

"Bienvenue ! Bien-venue !, s'exclame-t-elle en nous serrant chacun un à un dans les bras. Bienvenue à tous et dites bonsoir au motel dont j'ai rêvé toute mon enfance et qui est enfin devenu réalité il y a quelques années. Vous êtes... (Elle compte.) 11. Vous aurez chacun une chambre pour vous, venez récupérer les clés."

Elle se dirige vers une porte située sous un porche sous lequel poussent géraniums et hortensias. On dirait vraiment la maison d'une mamie et cela me rappelle fortement le fait que je n'ai jamais connu les miennes, ni maternelle, ni paternelle, ce qui explique pour ma vision de la grand-mère ne se résume qu'à prendre le thé et manger des petits gâteaux dans de petits fauteuils rose bonbon, un chat sur les genoux en l'écoutant raconter ses histoires de jeunesse.

Nous entrons juste après elle et l'intérieur nous paraît aussi vieux que le sont les dinosaures. Alexander et moi nous regardons et nous n'arrivons pas à pouffer de rire ce qui engrange un fou rire général ce dont on avait bien besoin. C'est miteux, futile, délabré et à la fois empli de caractère. Les meubles de bois assombrissent l'espace et la collection de vachettes installée sur les différentes étagères présentes l'accueil est une vision que je ne saurais jamais me sortir de la tête. C'est vieux, c'est ancien et c'est en total décalage avec ce que l'on connaît mais une chose est sûre.. C'est. C'est et c'est assumé. La bonne femme qui nous accueille semble totalement dans son élément et je suis tellement concentré sur le fait de ne louper aucun détail de la décoration qu'elle me réveille presque en me donnant la clé de ma chambre.

Et la vérité s'envolera avec moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant