Chapitre 13

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Je n'arrive pas à détacher mon regard d'Alexander et lui non plus ce qui rend la situation quelque peu inconfortable. La tenue qu'on lui a demandé de revêtir ne le met pas du tout en valeur, loin de là, mais il garde une part de charme que je ne saurais expliquer. Il ne semble pas très âgé et je ne comprends réellement pas pourquoi on l'a envoyé ici. Comme peut-on à cet âge en arriver là ? Lorsqu'il est arrivé il m'a paru très grand, certes de par sa taille et son un mètre quatre vingt-dix mais aussi de par son aura qui semble comme une flamme en fusion l'entourant. Il n'est pas de ceux que l'on croise tous les jours et c'est sûrement très prétentieux de pouvoir affirmer avec certitude qu'un jugement est vrai mais je pense que c'est quelqu'un de très puissant, d'une certaine manière. Je l'imagine comme étant quelqu'un qui pourrait de très loin être le leader de n'importe quel projet. J'essaye de déculpabiliser la société en lui trouvant une excuse à propos du pourquoi elle a pu décidé qu'ici était sa place. Je me dis qu'il est peut-être fou, qu'il a peut-être décimé un village entier mais son visage d'adolescent meurtri et dévasté par le temps qui lui vieillit les traits s'oppose totalement à cette idée. Je pourrais me dire que c'est quelqu'un de vicieux, qui cherche à manipuler les gens mais je ne vois que peu de choses qui pourraient démontrer cette théorie et je ne veux m'avancer sur rien. Je ne comprends tout simplement pas. J'aimerais pouvoir pour une fois trouver du sens aux actes des Autres mais je n'en trouve pas et le visage que je vois devant moi me paraît plus qu'ordinaire dans son unique splendeur presque inqualifiable.

Je cherche, je cherche, encore et encore, jusqu'à commencer à avoir un puissant mal de crâne qui me prend les tempes comme deux mains voulant chasser l'air les séparant. Je sens que le repas va être long mais pourtant je n'ai aucune peur de lui contrairement au ressenti que j'éprouve pour les autres patients de ce lieu. J'ai envie de le découvrir car il m'intrigue et il est pour moi comme une énigme dont je n'aurais pas encore trouvé la clé au bout de quelques minutes comme j'en ai pourtant l'habitude. Bien sûr je compte le percer à jour mais je ne crois pas pouvoir y arriver seul. Ce problème se pose comme un mur s'opposant à moi et à la bonne poursuite - si je puis dire - de mon un peu moins désastreuse vie. Je place ma tête entre mes mains et m'allonge tout le buste sur la table ayant bien compris que les repas n'arriveraient que dans très longtemps.

"Ne te prends pas la tête, littéralement aussi bien que de manière imagière. Je ne veux pas te causer d'ennuis. Je ne suis pas là pour te faire du mal ni par envie d'ailleurs ce qui je trouve serait quand même une idée bien saugrenue," entends-je de sa bouche.

Mon regard se lève vers lui et il me sourit. Je commence à la trouver sympathique. Il ose même faire de l'humour et je ne sais pas si en de telles circonstances j'en serais capable. Il n'y a rien chez lui qui fasse transparaître une quelconque hypocrisie ou une ignorance commune à tous ceux que j'ai rencontré au cours de ma vie. Je n'arrive pas à douter sur lui et cela me fait douter. J'ai l'impression de rater une pièce du puzzle, de passer à côté d'un élément essentiel tant je ne suis pas habitué à faire la rencontre de telles personnes.

"Je ne te demande pas de m'apprécier. Je ne te demande rien du tout si ce n'est de me respecter un minimum. Il m'est bien égal d'avoir de ta compassion ou de ton antipathie. Je ne cherche rien de plus qu'à comprendre. Je voudrais comprendre comment je peux arrêter cet élan dans lequel les gens se sont ainsi tous ralliés pour me faire venir ici. Je ne sais pas pourquoi tu es ici, (je souris.) et à l'air que tu tires actuellement j'ose pouvoir dire que tu ne le sais pas non plus. Je crois que nous avons plus que tu ne le crois en commun," me dit-il.

Cette dernière phrase m'étonne. J'ai l'impression de l'avoir déjà entendue ou c'est peut-être juste un rêve que j'ai trop longtemps fait et qui ne s'est jamais réellement produit. J'ai envie d'avoir un ami ici, quelqu'un sur qui je pourrais compter et qui pourra compter sur moi de façon à ce que ni lui ni moi ne devenions fous ou plus fous que nous le sommes déjà comme ils tentent tous de nous le faire croire.

Et la vérité s'envolera avec moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant