Chapitre 29

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J'entre dans une profonde insouciance et plus rien ne peut m'atteindre. New York est à moi et j'ai toutes les clés en main pour réussir. Aucune porte ne pourra désormais rester fermée devant mon passage et je suis prêt à tout entreprendre pour enfin être heureux. Je relâche ses lèvres et lui souris. J'aimerais lui chuchoter des mots doux, des mots d'amour dont je ne connais presque plus le sens, lui dire que je l'aime et le penser, vouloir passer la nuit avec elle, ma vie s'il le fallait mais je ne suis pas prêt pour cela, pas encore. Je ne peux pas me laisser aller à cela, c'est si confus, brusque, rapide et futile. Ce n'est qu'un baiser et j'espère qu'elle ne le vois pas comme autre, comme plus. Je ne veux pas aller plus loin, je ne veux pas prendre le risque de commencer une histoire qui ne me mènera peut-être nulle part alors je la repousse doucement, dans une direction opposée à la mienne.

"Pars, lui intimé-je.

- J'ai entendu beaucoup de choses sur toi Léo et même outre-atlantique les nouvelles arrivent vite. Ici tu n'as que moi alors profite-en, fais toi plaisir."

Ces mots sonnent comme un conseil d'un ange sadomasochiste dont je ne pourrais normalement refuser l'aide. Elle me veut à elle mais je m'efforcerai coûte que coûte de lui résister et je remarque que cela pourrait être plus facile que prévu. Le charme a déjà disparu, la fleur est déjà fanée et une histoire qui n'est pas encore commencée déjà morte. Pour une fois ce n'est pas moi qui ai tout fait foiré mais elle comme quoi la roue tourne. Mon bonheur viendra se son désarroi et je suis désolé de ne pas satisfaire ses besoins qu'elle veut faire passer pour mien. Non je ne serais pas celui qu'elle veut et je préfère de loin lui dire de partir, maintenant, avant qu'elle ne s'attache trop.

"Ne joue pas avec moi. Je ne sais pas si tu es une bonne joueuse mais je suis un excellent joueur.

- Jouons tous les deux alors, me chuchote-elle."

Elle ne comprend décidément pas et ça en devient totalement agaçant. Je n'ai pas envie de jouer, ni avec elle, ni avec son corps, ni avec ses possibles sentiments. Elle s'abaisse à quelque chose que l'on pourrait comparer à de la prostitution sentimentale et de toute évidence je ne serais pas son client. Encore une fois, je me suis laissé aller trop vite à la passion, à l'envie, au charme du voyage et à l'excitation de la découverte mais cela ne m'a, encore une fois, rien apporté de plus, de réellement surprenant, de beau. Je suis peut-être à la recherche d'une femme mais ce n'est pas celle-là alors instinctivement je repars de là où nous sommes venus et, les bras ballants, ouvre une nouvelle porte, dans le simple objectif, de la refermer, après, sur de mauvais souvenirs.

Je descends les escaliers et je suis presque étonné qu'elle ne me court pas après. La vérité c'est qu'elle m'a fait peur avec ses attentions confuses, son besoin de sensualité et son excitation presque bestiale. Alors le conte de fée ne se terminera pas sur le célèbre adage "Et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" et peut-être que je n'ai pas le plume pour m'écrire une telle histoire à moi-même.

Dans la descente tout retombe, mon envie de nouveauté, mon attente de surprise et mon moral par la même occasion. Je me traîne et mon corps ne sait même plus s'il doit continuer à avancer ou juste s'asseoir et se mettre à pleurer devant un sort qu'il n'accepte plus.

Je repasse dans la grande sale et tous m'observent. Ils me donnent envie de me cacher et de ramper sous ces canapés qui ont, en quelques minutes, perdu toute sincérité à mes yeux. Les rêves s'écroulent et comme au théâtre, les masques tombent. Pervers sont ces yeux qui me regardent et haineux sont leur visage. Je garde la tête haute comme j'aimerais pouvoir le faire mais je n'arrive même plus à jouer ce rôle. Certains m'invitent à se joindre à eux mais je sens que leurs intentions ne sont que mauvaises et je décline, impoliment. Je ne veux pas me joindre à eux et pire, devenir comme eux. J'ai besoin de liberté, de n'être attaché qu'à moi, pas à quelqu'un, pas à un groupe de personne ou une entité funeste. Je n'ai besoin que de moi-même et c'est peut-être, de toutes les choses dont j'ai peur, celle qui m'effraie le plus.

Et la vérité s'envolera avec moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant