Accord

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Le surlendemain, Gihina reçut enfin de la visite, en dehors des gardes qui lui apportaient sa nourriture.

Elle entendit des pas sur le pavé noir des marches de la tour, puis le bruit d'une clef dans la serrure, et enfin la porte s'ouvrit.

Nigol entra dans la pièce, précédé par un garde royal arme au poing.

"- Garde Hayrik, fouillez la.

- Mettez-vous contre la fenêtre et levez les mains, dit l'intéressé à la captive."

Gihina s'exécuta et resta calme tandis que Hayrik palpait toutes les parties de son corps.

"- Vérifiez bien ses bottes."

Le garde trouva donc la dague de la Reine qu'il remit à son monarque.

"- C'est fait votre Majesté.

- Bien. Sortez et verrouillez derrière vous."

Hayrik obéit et Gihina baissa les bras, seule avec son ancien Roi.

"- J'imagine qu'à vous il ne sert à rien de mentir.

- C'est donc vous Valaya ?

- Je ne m'appelle plus ainsi désormais. Je suis Gihina la Rédemptrice.

- Gihina donc. Et où est Scouzi ?

- Ne prononcez plus son nom, dit-elle en le fixant droit dans les yeux.

- Que lui est-il arrivé ? cria le Roi.

Un silence.

- Que lui est...

- Il est mort !"

Nigol observa celle qui à l'époque lui tenait tant à coeur, celle qui avait perdu son amant dans leur fuite amoureuse.

"- Comment ?

- Des pirates.

- Ils sont morts ?

- Oui, mais pas par ma main. C'est une tempête qui m'a arraché à mon navire. J'ai fait de ces hommes mes hommes. Et j'ai coulé plusieurs navires pirates à leurs côtés. D'où le surnom la Rédemptrice."

Le monarque prit son visage entre ses mains et soupira.

"- Vous savez que vous n'allez pas repartir comme ça. Je vais devoir vous livrer à Élyséa.

- Et vous savez que je mourrais si vous le faites.

- Vous avez enfreint leur loi, et déserté notre royaume. Vous êtes condamnée et vous le savez.

- Seulement si vous leur dites.

- Je vais vous poser des questions, et je vous demanderai d'y répondre sincèrement, dit Nigol d'un ton froid. Avez-vous pris contact avec quelqu'un depuis votre naufrage ?

- Non.

- Avez-vous reçu de l'aide quelconque d'un membre du royaume ?

- Non."

Elle avait répondu sans hésiter, ne sachant pas si Nigol avait reconnu la dague de sa femme.

"- Je vais soumettre votre cas au conseil. Et nous vous informerons de votre sort quant à Élyséa."

Gihina s'approcha de lui d'une démarche féline, et se stoppa à quelques centimètres de lui, sa poitrine touchant presque le plastron doré.

"- Il y a bien longtemps, chuchota-t-elle, nous nous sommes retrouvés dans une cellule, comme aujourd'hui. Et vous m'avait laissé ceci."

Gihina sorti un petit bout de papier chiffonné de son décolleté sur lequel était écrit :

Dame Valaya,

Je ne peux vous perdre en cet instant , je ne le supporterais pas.

Surtout après ce que nous avons vécu l'un et l'autre.

Il est vrai que nous avons eu des différent par le passé.

J'ai même eu des doutes sur votre loyauté envers moi.

Néanmoins je sais au fond de mon cœur que ma confiance vous est acquise.

Si jamais cela devenais trop dur à supporter.

N'hésitez pas à faire valoir vos droits.

Et demandez à me voir, je viendrais autant que je le peux.

Nigol.

Le Roi fronça les sourcils en lisant la note qu'il avait écrit lui même à celle qui avait partagé sa couche le temps d'une nuit.

"- Je vous ai tout d'abord haï de m'avoir rappelé cette trahison vis à vis de la Reine, mais aujourd'hui, j'espère que vos sentiments à mon égard n'ont pas changé. J'espère être toujours Valaya d'Ayodhya dans votre cœur."

Gihina posa sa main sur la poitrine armurée de son ancien dirigeant, juste au dessus de son coeur, puis se détourna et se posta près de la fenêtre, regardant vers l'extérieur.

Elle entendit Nigol sortir, puis verrouiller la cellule.

Le jour suivant, il revint et lui annonça :

"- Bonjour, Val... Gihina. J'ai pris une décision quant à votre cas, et peut-être une solution pour vous éviter la mort.

- Oh, alors les votes et tout le reste c'est de l'histoire ancienne c'est ça ?

- Nous allons prochainement nous battre aux côtés d'Élyséa pour libérer ce gouverneur captif à l'ouest. J'ai pensé à vous faire combattre à ce moment là, ainsi la capitale serait obligée de reconnaître votre valeur, et de vous laisser la vie sauve. En contrepartie, vous ne remettrez plus jamais les pieds dans la jungle."

La jeune femme prit la nouvelle comme un coup de poing dans le ventre. Le seul foyer qu'elle n'avait jamais eu lui serait à jamais fermé.

"- Je n'ai pas vraiment le choix en réalité.

- Vous pouvez choisir de ne pas combattre et dans ce cas nous vous livrerons à Élyséa.

- S'exiler ou mourir ? Ce n'est pas un choix, c'est un ordre.

- En attendant, vous serez affectée à la garde royale. Personne ne devra connaître votre identité, hormis la Reine, Shoto et moi.

- Et pour les nains ?

- Je m'occupe d'eux. Ils ne diront rien."

Gihina soupira et prit son visage dans ses mains.

"- Pour rien au monde je ne retournerai dans les geôles pourries de ces connards d'Élyséens. J'accepte votre offre.

- Dans ce cas prenez ceci, dit-il en lui tendant une armure dorée de garde royal. Ceci est l'armure de l'un de mes gardes. Enfilez la."

Gihina regarda l'armure, puis Nigol qui restait planté là.

"- Serait-ce trop demandé un peu d'intimité ?

- Oh. Oui, bien entendu, répondit-il en détournant le regard et en sortant de la cellule."

Quelque minutes plus tard, Gihina toqua à la porte. Nigol entra et la regarda de bas en haut.

"- Ça fera l'affaire. Vous êtes désormais le garde royal Gihina, et devrait vous comporter comme tel jusqu'à la bataille de l'ouest. N'oubliez pas notre arrangement.

- A ce propos, j'ai une demande à vous faire.

- Quelle est-elle ? demanda Nigol, inquisiteur.

- Lorsque tout cela sera fini, je souhaiterais devenir votre vassale, et m'installer dans la jungle. Je sais que vous ne voulez plus me voir ici et je ne souhaite pour rien au monde être loin des miens. Plus maintenant. Alors peut-être que c'est la solution. Vous ne me verrez plus ainsi."

Le Roi sembla réfléchir avant de promettre d'y penser.

Gihina connu donc la vie de garde royal, des soldats spéciaux affectés à la protection de la famille royale, que ce soit au château, lors de voyages chez Asulf, ou bien d'expéditions, dangereuses ou non.

Les 5 RoyaumesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant