Les 5 Royaumes

PARTIE UNE

Un soir comme les autres dans une taverne de Vendhya ...

- Allez ma jolie, bouge moi ce corps de déesse.

Valaya fit ce qu'on lui disait. Perchée sur une petite estrade illuminée par les flambeaux de la grande salle, elle mit plus d'ardeur dans ses mouvements et se tortilla aussi sensuellement que possible devant les regards lubriques des consommateurs, habitués pour certains, nouveaux pour d'autres.

Elle regretta l'absence de sa camarade de danse, Miki.

Habituellement, elle était là tous les soirs, et même parfois en journée, mais cette fois, la jeune esclave khitane, ne répondait pas présente. Pour la simple et bonne raison qu'elle s'était fait voler la nuit précédente, et qu'elle y a laissé la vie. Un amateur. Pensant que ne pas laisser de témoin était la meilleure solution.

Il n'eut même pas le temps de profiter des quelques piécettes que constituaient son butin, qu'il pourrissait déjà dans une geôle moisie et sans lumière.

Braquer quelqu'un à côté de la garnison du quartier n'était pas forcément l'idée du siècle non plus.

Mais ça n'arriverait pas à Valaya, sauf si on voulait être traqué dans tout le pays par les hommes de main d'Airobyn, le tenancier, et finir pendu par les parties à un lampadaire.

Alors elle se tenait là, couverte de chaînettes dorées et de bracelets d'argent, laissant des hommes profiter de la vue pour une modique somme à chaque fin de journée.

Parmi eux, ce qui semblait être un noble, au vu de son long manteau en velours bleu et des deux hommes d'armes qui se tenaient derrière sa chaise, l'observait attentivement. Rien d'anormal jusqu'ici.

Mais cette impression changea lorsqu'un des deux gorilles s'avança vers elle et balança une bourse débordante de pièces en bronze a ses pieds en lui disant simplement :

" - Sire De Fredmond veut te voir.

- Et qu'est ce qu'il me veut ? "

Aucune réponse, le gorille s'en retourna près de son maître sans regarder si elle le suivait.

Valaya se pressa de lui emboîter le pas entre les clients grognons en leur disant, gênée, qu'elle revenait tout de suite, sans oublier sa bourse pleine de piécettes.

Arrivée à une table du fond de la salle, où était installé son bienfaiteur, la jeune femme pu enfin le détailler à loisir. Il portait, en plus de son épais manteau, une chemise de soie déboutonnée au col, comme si la chaleur était insoutenable, et de nombreux bijoux portés un peu partout sur son corps flasque et en sueur. Elle ne pouvait voir sous la table mais imaginait bien un pantalon trop serré et des chaussures de cuir cirées. Ce personnage s'était clairement trompé de quartier.

" - Asseyez-vous très chère, l'invita Monsieur De Fredmond. Je suis Rodrich De Fredmond. J'espère que mon cadeau vous plaît.

- Que me vaut autant d'argent ? demanda-elle.

- En y réfléchissant bien, ce n'est pas un cadeau mais un paiement.

- C'est au patron de me payer pour ma danse, pas aux clients.

- Allons, allons ce n'est pas pour ta piètre chorégraphie que je te récompense. C'est plutôt un acompte pour ce que tu vas me faire cette nuit, dit-il en souriant.

Sans relever l'insulte à peine dissimulée, la jeune femme ouvrit grand les yeux, croyant avoir mal entendu.

" P..P...Pardon ?

- Tu as très bien entendu ma jolie. Je vais te baiser toute la nuit alors prend cet argent comme signe de ton accord. Le viol c'est pour les animaux," confirma-t-il avant de rire à gorge déployée.

Hors d'elle, la danseuse se leva sous le regard des gardes qui avaient posé la main sur le manche de leur épée.

" Pas question que je couche avec toi sale porc ! Je ne suis pas une putain ! Descends deux rues plus bas et c'est la maison avec les rideaux rouges. Tu y trouveras bien une petite chatte à la taille de ton asticot, lâcha-t-elle, furieuse, avant de partir se réfugier dans l'arrière-salle, sans la bourse de pièces et sous les menaces de Rodrich :

- Tu vas regretter cette décision, chienne ! Je n'en ai pas fini avec toi !"