Les 5 Royaumes

Nouvelle Vie

"- Je demande une audience avec le Roi Nigol."

Le garde royal observa Valaya de haut en bas.

Elle avait rendu son armure de garde à l'armurerie, et s'était confectionné une tenue pratique pour affronter les affres du désert et de la nature en général.

Ainsi vêtue, elle ressemblait aux pillards du arpentant les déserts brûlants du Turan.

"- Je vais avertir le Roi."

Valaya patienta à peine quelques minutes puis le garde l'invita à le suivre jusqu'au bureau royal, avant de retourner à son poste, dans le hall.

La jeune femme toqua trois fois puis fut conviée à entrer.

"- Votre Majesté, dit-elle en s'inclinant."

Nigol était assis dans son fauteuil, dans son habit de Roi : une longue robe de soie teintée en vert lime et parsemé de dorures. Les boutons dorés fermés jusqu'au col lui donnaient un air strict qui réchauffa les sens de Valaya.

"- Dame Valaya, que me vaut cette visite ? demanda-t-il d'une voix douce, comme à son habitude.

- Je viens vous voir, répondit la vendhyenne, pour savoir ce qui va se passer maintenant que notre royaume est libre et le gouverneur sain et sauf.

- Je me demandais quand votre impatience vous pousserait à venir me voir."

Il se leva et s'appuya contre le bureau, devant lequel était assise Valaya.

"- Figurez-vous qu'après le rapport de Shoto concernant l'ouest, et m'être assuré qu'aucun monstre ne rôde plus dans mon royaume, je me suis rendu à Élyséa avec le Roi Asulf. J'ai invoqué un conseil de guerre avec le gouverneur Narses et lui ai exposé tout ce que nous savions sur les Hommes-serpents, y compris votre mission d'espionnage à Sepermeru."

Nigol marqua une pause et Valaya baissa les yeux en se rappelant l'échec cuisant de leur mission.

"- Je n'ai bien entendu mentionné votre nom à aucun moment, mais il avait une dette envers moi."

Il se redressa et croisa les bras en regardant la jeune femme droit dans les yeux.

"- J'ai donc demandé, ou plutôt exigé, que toute les affiches de vous soit retirées dans les plus brefs délais, et que vous soyez amnistiée sans conditions, avec effet immédiat."

Les oreilles de Valaya n'enregistrèrent pas tout de suite l'information. Elle se retrouva projetée plusieurs années en arrière, lorsqu'elle faisait ses premiers pas au Lion d'Or.

"- Eh bien, dites quelque chose, sourit Nigol."

La jeune femme se jeta à ses pieds, des larmes de joie dévalant ses joues et ruinant son maquillage.

"- Merci, merci, mille fois merci Nigol."

Dans sa joie, elle en oubliait les convenances.

"- Je vous doit la vie, je vous doit même bien plus que vous pouvez l'imaginer."

Ses yeux charbonneux luisaient de bonheur tandis qu'elle se relevait.

Nigol s'approcha de la carte clouée au mur, invitant Valaya à s'approcher.

"- Lors de l'arrivée de Nakasa Shiaru sur nos terres, elle avait fait le vœu de s'installer en tant que vassale, comme vous. Nous avions donc convenu qu'elle s'installerait ici."

Nigol posa son doigt sur la case K7 selon les coordonnées.

"- C'est une petite île entourée de sable. Idéale pour fonder un village. Comme dame Shiaru s'est finalement installée au royaume, cette propriété peut vous revenir."

Valaya hocha vivement la tête pour montrer son assentiment.

"- Je vous incite à vous rendre sur place pour voir cet endroit par vous même. Puis revenez quand vous voulez pour signer le titre de vassalité."

La jeune femme prit congé et s'en alla visiter son future domicile.

À son retour, Nigol l'attendait les bras croisés devant le château, un sourire aux lèvres.

Une fois les clauses établies et le contrat féodal signé, Valaya fut donc libre de bâtir sa maison et son atelier. Elle avait choisi de laisser la taverne à Artémis et de s'essayer à la manufacture de meubles et de décorations en tout genre.

Trois jours plus tard, la première bâtisse était construite. Ce serait sa demeure, installée au bord de l'eau et entre les arbres.

Elle avait prit contact avec une tannerie installée près des oasis de l'ouest, au Nord de Sepermeru. Le clan qui la gérait était certes excentrique, mais leur travail était de qualité.

Il fut décidé que le village se nommerait Eimora. Sans signification particulière, cela faisait juste joli.

Sous le porche de sa maison, Valaya respira l'air du soir. Elle avait de grands projets pour cet endroit.