Chapitre 18 :

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BONNIE

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BONNIE

J'émerge de mon sommeil avec un grognement. Mais les caresses qu'exerce la personne sur mon cuir chevelu me réveille en douceur.

- Réveille-toi Nini, chuchote Ken.

Je me tourne et me love contre lui alors qu'il ricane.

- Faut que tu te réveilles Nini, j'ai prévu une journée tous les deux.

- Pourquoi ?

- Pour qu'on passe un peu de temps à deux.

Je souffle avant de me lever comme un zombie pour aller vers mon armoire. Mais comme j'ai pas ouvert les yeux, je me suis pris l'armoire. Je fronce les sourcils et frotte mon front alors que le rappeur rit derrière moi.

- Ouvre les yeux la prochaine fois.

- C'est pas drôle, j'ai mal moi maintenant.

- Viens là, il tire mon bras et embrasse mon front là où j'ai tapé dans l'armoire. T'es vraiment un bébé.

Je frappe son torse pour me défendre, mais je ne quitte pas ses bras pour autant. Je reste contre lui jusqu'à être sûr d'être bien réveillé. Je récupère une robe jaune et des sous-vêtements avant de rejoindre la salle de bain pour prendre une douche rapide et me laver les dents. J'ai vraiment pas le courage de mettre une plombe pour me maquiller et faire quelque chose de correct à mes cheveux. Je mets quelques secondes à faire un chignon correct et j'ajoute un peu d'anticerne avant de me regarder dans le miroir.

Je sais pas ce que me réserve cette journée, mais je sais déjà qu'elle ne finira pas comme Ken le souhaite. Je sais pas ce qu'on va faire, mais je sais ce que je vais lui dire.

- T'es prête Nini ?

- Oui. J'arrive.

Je souffle un bon coup avant de sortir de la salle de bain, j'enfile des baskets. Je passe devant le rappeur pour lui demander s'il a vu mon frère. Quand je suis à côté de Kyle, je lui chuchote :

- Je vais lui dire.

- T'es sûr de toi ?

- Il a le droit de savoir.

- Je sais, il fait un petit sourire triste avant d'embrasser mon front avec toute la tendresse du monde.

Je lui fais un dernier sourire avant de saluer tout le monde et de rejoindre Ken déjà prêt dans la voiture.

- On va où ?

- Dans la ville.

- Et t'as préparé quoi ?

- Rien, il ricane. T'aime aps quand tout est prêt à la minute.

- Tu me connais bien.

- Par cœur. Donc qu'est-ce qui a ? il me demande ce qui fait faner mon sourire.

- On peut en parler ce soir. Je veux t'en parler, mais en fin de journée. S'il te plaît.

- On fait comme tu le sens, il pose sa main sur ma cuisse et je lui fais un petit sourire.

Avec Ken, on a visité la ville qui se trouve près de la maison que l'on a louée.

Pour le moment, on se retrouve sur la plage, on marche le long de l'eau et c'est vraiment apaisant même s'il y a pas mal de touristes comme nous.

- Je rêve de vivre près de la mer.

- J'étais pourtant sûr que ton rêve, c'était d'avoir ta famille, il me fait remarquer.

- Ok. Bah, je peux faire un combo non ? Avoir un mari, des enfants et une maison pas loin de la plage.

- Ça a l'air cool. Tu m'invites ?

- Peut-être bien que oui, je lui souris.

- J'espère être une des pièces de ce tableau Nini.

- Moi aussi, je baisse la tête en mordant ma joue. C'est quoi ton rêve ?

- Un peu comme toi. J'ai envie de moi aussi avoir ma mif, une bête de maison.

- Tu continuerais autant même en ayant des enfants ? je lui demande.

- Bah, tu sais, les enfants, que ce soit en France ou dans le monde, c'est cool. En plus, ils verront plein de choses.

- Mais il faut un point d'ancrage aussi quand on est enfant.

- Ouais, une bête de maison près de la plage.

- T'as tout prévu. Il fait juste que tu trouves une femme maintenant.

- Je l'ai. Faut juste qu'elle me fasse de nouveau confiance. Et j'attendrai pour ça le temps qu'il faut.

Je souffle et baisse de nouveau les yeux.

[...]

Assise les pieds dans le sable à côté de Ken, je regarde l'étendue d'eau devant nous.

La nuit va me permettre de me livrer à Ken. Mon cœur se sert, je vais sûrement le perdre comme il m'a perdu il y a trois ans.

- J'étais enceinte, je lâche comme une bombe, je relève pas les yeux vers lui, je sais qu'il me lancera le regard qui me tuera sur place. Je venais de l'apprendre quand je t'ai retrouvé à l'appartement. Ça faisait quatre semaines. J'avais hâte, hâte de te l'apprendre et de vivre cette nouvelle aventure avec toi. On en rêvait tous les deux. Un petit être de chair qui nous ressemble à tous les deux, j'essuie ma joue. La gynéco m'a regardé avec de la pitié tout le long de la grossesse, j'étais seul et presque en pleurs à chaque fin de rendez-vous. C'était un petit garçon, je dis avec un sourire cette fois-ci. Je voulais l'appeler Léo, ce prénom m'a toujours plu et je sais qu'à toi aussi, son regard sur moi, je le sens changer et ça me pétrifie encore. J'ai perdu les eaux, et accouché le trois janvier deux-mille-quinze, mais il y a eu aucun cris, aucun pleure, pas un bruit, je me tourne vers Ken pour la première fois, ses yeux sont pleins de colère, mais aussi remplis de larmes. Il est mort-né, son cœur n'a pas supporté l'accouchement. Et malgré tout, je l'ai eu dans mes bras. Il te ressemblait, ça sautait aux yeux que c'était ton fils, je m'arrête là.

Je plonge mes yeux dans les siens. Je veux voir cette haine qu'il a dû voir dans les miens. Je veux qu'il me hait comme je l'ai haï. Je lui ai menti, ça fait sept mois que je lui cache ça alors qu'il était le plus apte à comprendre et à savoir ça.

- Tu, il s'arrête, mon, fin notre.

- Ken, je dis doucement.

- Non. La ferme, il met sa tête entre ses mains avec un rire qui me fait froid dans le dos. J'allais être papa. Et tu me l'as caché, il continue de rire avant de relever les yeux vers moi. Tu m'as caché la chose la plus importante pour moi Bonnie, putain, tu savais combien j'en rêvais de cette enfant Bonnie ! il se lève et me crie dessus. T'avais le droit de me détester, de me haïr, mais pas de me cacher que j'allais être papa ! T'es, je le connais assez pour savoir toutes les insultes qui lui passent par la tête. Débrouille-toi pour rentrer, je risque de faire une connerie, il part loin de moi le visage remplit de larmes.

Quand je ne le vois plus, j'éclate en sanglots. J'ai envie que ses bras m'encerclent, qu'il me sert contre lui, qu'il me rassure, je veux qu'on ne soit jamais séparé.

Mais il devait savoir, je ne pouvais plus vivre en lui mentant droit dans les yeux.

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