Chapitre 15

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Chapitre 15.

S'il y avait bien un avantage à ce nouveau pavillon bien plus vaste que le précédent, c'était peut-être le lit : deux – voire trois – fois plus grand ! Malgré le stress des derniers jours, Haru y avait passé une nuit agréable.

Le lendemain, après que Fu-Hsi l'eut aidé à mettre une autre de ces robes humiliantes, Haru insista pour aller se balader seul, histoire de découvrir par lui-même le quartier Ouest du harem plus en profondeur. Après tout, il s'agissait, à regret, de sa nouvelle maison.

Il fit rouler les roues de son fauteuil entre les quelques pavillons regroupés dans ce qui formait une mini-ville. Soudain, à l'arrière de l'un deux, il entendit des bruits étranges. Curieux et pressentant quelque chose de mauvais, il s'approcha en direction de la source du son. Restant au coin d'un pavillon pour ne pas se faire voir, il étira le cou.

Haru écarquilla les yeux en voyant Sue Liu à quatre pattes au sol qui semblait vomir du sang en se tenant le ventre. Son teint était pâle et fiévreux. Avant qu'il n'ait pu s'élancer pour lui venir en aide, l'eunuque de l'épouse impériale accourut pour l'aider à se relever.

— Vite, maîtresse, il ne faut pas rester ici, on pourrait vous voir... prenez mon bras.

S'appuyant sur son serviteur personnel, la femme rentra à l'intérieur de son pavillon d'un pas tremblant. Au sol subsistait une tache écarlate que l'eunuque s'empressa de revenir pour nettoyer.

Ayant l'impression d'avoir vu une chose à laquelle il n'était pas supposé assister, Haru préféra ne pas faire connaître sa présence. La boule au ventre, il se recula aussi silencieusement que possible, s'éclipsant aussi vite qu'il le put.

Qu'avait Sue ? Était-elle malade ? Ou peut-être était-elle encore en enceinte ? Il élimina d'office cette dernière option. Elle lui paraissait improbable... La venue d'un enfant de l'Empereur était une chose heureuse que toute la Cité aurait célébrée. Il n'y aurait nul besoin de le garder secret. Alors... une maladie ?

Il fut pris d'une vive inquiétude parce qu'il appréciait beaucoup la jeune femme qui l'avait accueilli à bras ouvert et bien conseillé sur le fonctionnement du harem à son arrivée, le prenant sous son aile avec toute la bienveillance du monde.

La scène qu'il avait surpris ne cessait de lui trotter dans la tête et, pourtant, il n'avait personne à qui en parler.

Cependant, il songea que depuis qu'il était arrivé dans le harem, il n'avait pas souvenir – bien qu'il ne se renseignât pas sur ce point chaque jour – d'avoir vu Sue Liu recevoir un jeton... pourtant, elle était la première épouse et, même si elle vieillissait, ne devrait-elle pas être appelée plus souvent à la couche de l'Empereur ? Enfin, un tel mariage avait sûrement été politique... peut-être qu'elle n'était pas au goût de Xiong Li. En réalité, Haru pensait qu'aucune de ces femmes ne devaient réellement être au goût de l'homme... ou il ne lui aurait pas fait l'amour comme il l'avait fait.

Retournant à son pavillon, Haru n'osa rien révéler de ce qu'il avait vu à Fu-Hsi. Ils prirent le thé ensemble, échangeant des banalités. Il s'avéra que l'eunuque était très curieux vis-à-vis de la vie qu'il menait auparavant au Japon. Fu-Hsi lui révéla que s'il n'était pas devenu serviteur pour le compte de l'Empereur, il aurait aimé voyagé. Il adorait entendre Haru parler des montagnes et des îles japonaises, puis de son enfance au palais, de la position politique de son père auprès du Shogun. Et Haru aimait parler de son pays, cela lui donnait l'impression de ne pas complètement l'oublier, même si quelque part, il avait toujours un désagréable pincement au cœur quand il en prononçait le nom.

Puis, en fin d'après-midi, on frappa à la porte de son pavillon. Fu-Hsi alla répondre, puis lui demanda de venir. L'eunuque qui était venu toqué tenait un jeton entre ses doigts.

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