(Dernier chapitre)
Chapitre 50.
— Quelqu'un veut vous voir, Maître.
Xiong Li haussa les épaules avec la plus grande des nonchalances. Il n'était pas d'humeur aux rencontres officielles, mais si quelqu'un tenait à le voir maintenant, ce devait être important.
— Fais-le venir !
— Mais... c'est un émissaire du... –
L'eunuque parut légèrement mal à l'aise. C'était un invité important... Pourtant, Xiong Li ne semblait pas avoir grand-chose à faire que du prestige de son visiteur.
— Qu'il vienne ! lança-t-il à l'eunuque impérial d'un ton détaché avant de le renvoyer d'un geste du bras.
Dans les jardins, il s'entraînait à manier sa lame. C'était une grâcieuse chorégraphie de mouvements souples, presque comme une danse. Il ne voulait pas perdre la main. Ses compétences de guerrier étaient reconnus à-travers tout l'Empire, alors il avait une réputation à conserver. L'homme continua de s'entraîner, exécutant des mouvements précis et faisant siffler la lame de son dāo dans l'air.
Soudain, son épée frappa le métal d'une autre lame, créant de petites flammèches. Surpris, Xiong Li ne comprit pas tout de suite ce qu'il se passait. Puis, il releva la tête sur son adversaire, le parcourant du regard des pieds à la tête. Il écarquilla les yeux, rempli d'émotions qu'il ne pouvait pas même nommer.
— Haru ? ... Tu marches ?!
Le Japonais esquissa un sourire.
— J'espérais en faire la surprise.
Joueur, Haru fit un nouveau mouvement pour frapper à nouveau avec son épée. Xiong Li le bloqua aisément. La tension était palpable entre eux.
— Quand es-tu... ? Depuis quand ?
— Je viens d'arriver.
Ils échangèrent encore quelques coups de dāo, se mesurant l'un à l'autre, en égaux, pour une fois. Xiong Li pouvait enfin voir quel combattant brillant était Haru. Ils terminèrent leur affrontement amical avec la lame de l'un et l'autre tout près de la gorge de leur vis-à-vis respectif. C'était un match nul. L'œil brillant, Xiong Li baissa son arme, ravi d'avoir trouvé un adversaire à sa taille.
— Fu-Hsi n'est pas avec toi ?
Haru secoua la tête, baissant à son tour son dāo.
— Nous avons rencontré des gens intéressants dans les montagnes. Fu-Hsi a préféré rester avec eux.
Sur le chemin du retour, ils avaient eu le bonheur de revoir Yin et ses hommes. Quand le chef des brigands avait proposé à l'eunuque de rejoindre leur clan, il avait accepté. Haru pouvait voir à quel point Fu-Hsi était plus heureux et plus libre là-bas qu'il ne l'avait jamais été au sein de la Cité.
— D'ailleurs, ajouta le Japonais en fouillant dans les replis de son kimono, regardez ce qu'ils m'ont donné.
Dans sa main, il tenait un petit pochon de thé. Yin lui avait dit l'avoir dérobé à un voyageur étranger.
— C'est le préféré de Sue Liu, non ? Je suis impatient de lui offrir.
Aussitôt, il vit un changement s'opérer sur le visage de Xiong Li. Celui-ci s'assombrit et l'homme baissa les yeux. Haru remarqua alors que l'Empereur était habillé tout en blanc, la couleur du deuil.
— Sue Liu est morte le mois passé.
Le cœur du Japonais se serra dans sa poitrine. Il avait une sensation horrible de déjà-vu. Pourquoi les gens mourraient-ils partout où il passait ? Troublé, le pochon de thé lui tomba dans la main, s'écrasant au sol en un bruit feutré. Quelques feuilles s'échappèrent, transportées par le vent.
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Fleur d'Orient
Historical FictionHaru, fils d'un homme d'État important près du shogun, n'a jamais eu la carrure d'un combattant. Pourtant, pour l'honneur de sa famille, il doit se joindre aux troupes japonaises qui tentent d'envahir la Corée sous domination chinoise. Bataille perd...