Chapitre 4

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Chapitre 4.

Haru crut que Xiong Li allait le frapper, puis quand il ordonna à ce qu'il disparaisse de sa vue, il pensa qu'on allait l'exécuter, mais rien de tout ça n'eut lieu. À la place, il fut transporté au nord-est de la Cité interdite dans le quartier des concubines de l'Empereur. Celles qui logeaient à l'est étaient les moins importantes, celles qui avaient perdu les faveurs de l'Empereur ou ne les avaient jamais eues. À l'ouest, était logées l'impératrice, la noble épouse et les autres femmes favorites du harem.

Devant la perplexité d'Haru qui ne comprenait pas ce qui se passait et qui avait encore du mal avec le mandarin, un eunuque sachant parler japonais lui fut attribué.

— Je m'appelle Fu-Hsi, se présenta-t-il. Je serai votre servant.

— Haru, murmura son interlocuteur, où suis-je et pourquoi suis-je ici ?

— Vous êtes dans les quartiers des concubines. Voici votre pavillon.

L'eunuque poussa son fauteuil face à une toute petite bâtisse en tuiles jaunes qui renfermait quelques quatre ou cinq pièces. Des dizaines et des dizaines d'autres petits habitacles semblables s'alignaient le long de l'allée.

— Je ne comprends pas.

Il n'était pas une femme... pourquoi se retrouvait-il ici ? Sa place n'aurait-elle pas été dans une sorte de cachot ou de prison ?

— L'Empereur souhaite que vous rejoigniez son harem. Les ordres sont les ordres. Je vais vous faire visiter.

— Quoi ? Mais je...–

Sans lui laisser le temps de parler, Fu-Hsi le poussa à l'intérieur du petit pavillon confortablement emménagé sur un seul étage. Sur le lit avait déjà été disposé deux tenues... des qipao. Il s'agissait de robes de femme étroites au niveau des jambes et possédant des manches courtes sur les épaules. Il y en avait une rouge et une bleue. Des motifs floraux les ornaient.

— Ce sont de belles tenues, maîtresse, vous avez de la chance.

Haru fronça les sourcils.

— « Maîtresse » ?

Il comprit au même moment que l'eunuque n'avait pas été averti qu'il se trouvait être un homme. Son visage était-il aussi féminin que cela ?

— Qui a-t-il ? s'enquit Fu-Hsi.

— Je suis un homme.

Son servant resta muet durant plusieurs secondes, puis il secoua vivement la tête.

— Cela explique le hanfu avec cette coupe d'homme... maître, dit-il après une petite hésitation. Pardonnez-moi, j'ai vraiment cru que...

— C'est bon, dit doucement Haru, il n'y a pas de raison de s'en faire avec cela. Expliquez-moi plutôt ce que je fais là.

— Je pense que l'Empereur a peut-être été tout aussi confus que moi.

— De cela, j'en doute.

Haru n'avait aucunement envie de raconter ce qui s'était passé dans les appartements de l'Empereur un peu plus tôt et de quelle façon ce dernier avait empoigné son sexe avec dégoût.

— Eh bien... j'ignorais que notre Empereur avait de tels... goûts en matière d'hommes, mais ce n'est pas un problème. Xiong Li a déjà deux enfants, alors la descendance n'est plus un problème. Il est libre de s'amuser comme il le souhaite. Le problème, c'est qu'il veuille que vous fassiez partie du harem... il est normalement réservé aux femmes...

— Il est hors de question que je porte ces robes.

Fu-Hsi déglutit.

— Je pense..., commença-t-il en triturant l'ample manche de sa tunique, que l'Empereur souhaitait que vous vous fassiez passer pour une femme. Ces robes, ces cadeaux, doivent en être la raison, même si de nouvelles tenues sont, par défaut, offertes aux nouvelles arrivantes.

Même s'il avait toujours eu un visage aux traits androgynes, Haru ne s'était jamais considéré autrement que comme un homme. L'idée de se faire passer pour une femme ne lui avait jamais traversé l'esprit. À quoi bon vouloir endosser le rôle du sexe faible ?

— Voici votre horaire pour les prochains jours, poursuivit l'eunuque en lui désignant un rouleau de parchemin. Vous suivrez trois jours de cours dans lesquels vous apprendrez la hiérarchie du palais impérial, les vertues féminines, telles que l'obéissance, la chasteté et la modestie, ainsi que le savoir-être chinois et la politesse. Au terme de la formation, vous serez présenté à Sue, l'impératrice et première épouse de l'Empereur, qui jugera de votre apprentissage. Vous lui devez soumission et obéissance en tant que concubine de dernier rang.

Haru fit de son mieux pour assimiler les informations. Il n'était pas prêt à subir tout ce circuit d'épreuves impériaux.

— Pourquoi ne me renvoie-t-on pas au Japon ? demanda-t-il d'une petite voix. Ma place n'est pas ici... Mon pays me manque.

Les grandes montagnes et l'omniprésence de la mer lui manquaient.

— Ce n'est pas en moi d'en décider, répondit l'eunuque. Sachez que les concubines ne sont pas autorisées à quitter la Cité interdite.


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