Chapitre 43

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Chapitre 43.

Xiong Li n'avait rien dit, n'avait rien arrêté. Fu-Hsi avait apporté une bassine d'eau à Haru pour qu'il se lave le visage. L'eau se colora de rouge. Même s'il frottait comme un demeuré depuis plusieurs minutes et que l'eunuque lui eut dit que sa peau était propre, il avait encore l'impression de sentir le sang de Ming Han sur sa joue.

— L'Impératrice aimerait te voir... à propos d'aujourd'hui, lui annonça l'eunuque en l'observant depuis l'autre bout de la pièce.

Haru avait envie d'être seul, mais personne n'était en position de refuser une invitation de Sue Liu, surtout pas lui. À contrecœur, il se rendit donc au pavillon de la jeune femme qui l'attendait.

— Bonjour, Haru, prend une tasse de thé, je t'en prie. Je te promets que celui-ci n'est pas empoisonné.

Le Japonais se servit une tasse en repensant aux gestes si précis de Ming Han lorsque cette dernière préparait le thé. Jamais il n'aurait une telle grâce.

— Pourquoi as-tu agi comme ça tout à l'heure ? lui demanda Sue Liu. Pourquoi as-tu crié pour interrompre la cérémonie ? Est-ce que Ming Han t'avait dit quelque chose ?

Reparler de la mort de Ming Han si tôt après l'événement donna envie à Haru de vomir. C'était comme s'il avait encore le sang de la femme sur son visage.

— Il y avait sans doute un autre moyen que la mort... et s'il y avait un faible pourcentage de chance qu'elle soit innocente ?

Sue Liu prit une gorgée de son thé.

— Je vais te dire la vérité, Haru.

— La vérité ?

— Ming Han troublait le Ying et le Yang de ce harem, elle en faisait balancer le fragile équilibre. Sa soif de pouvoir la rendait désagréable et dangereuse... Elle n'aurait pas été en mesure de me remplacer s'il m'arrivait quelque chose. Je devais stopper son ascension, tu comprends ?

Haru aurait voulu secouer la tête. Non, il ne comprenait pas, pas du tout. Que voulait dire Sue Liu ? Ou peut-être qu'il n'était pas certain de vouloir comprendre.

— J'ai moi-même mis de l'arsenic dans mon thé en sachant que lorsqu'on le découvrirait, elle serait accusée. Ming Han ne manquera à personne et, dans sa haine commune, le harem sera soudé. Mais je n'avais pas prévu que mon stratagème prenne autant de temps à être découvert... Même si je n'en suis pas encore certaine, je crains à présent de m'être faite piégée à mon propre jeu et de succomber malgré tout au poison que j'ai ingéré. Alors, il devient vital que je choisisse celle qui me succédera.

Le Japonais avait mal au cœur. Il était profondément horrifié par les révélations que venait de lui faire Sue Liu. Ming Han était morte pour rien du tout... cette pauvre fille était innocente... et il sentait qu'il avait précipité sa mort. Il pensait pouvoir faire confiance à Sue Liu, mais elle venait de lui prouver que tout n'était vraiment que... game of harem.

— Comment avez-vous pu ? Je pensais que Ming Han était votre amie...

L'Impératrice sourit tristement.

— Elle l'était. Nous avons grandies ensemble. Malheureusement, nous avons pris des chemins différents... Ming Han convoitait ma place et rien ne l'aurait stoppée, pas même ma mort.

Sue Liu marqua une pause, puis elle reprit :

— Haru, je t'apprécie beaucoup et Xiong Li semble t'aimer, alors j'aimerais que tu prennes ma relève. Tu devras maintenir l'équilibre du harem quand je ne serai plus là et garder l'Empereur sur le droit chemin.

C'était comme être prisonnier d'un cauchemar. Haru ne voulait pas devenir le maître du harem. Il ne voulait pas devenir comme Sue Liu ni craindre pour sa vie chaque jour parce qu'il était au sommet de la hiérarchie. Cette vie-là n'était pas la sienne, il était un homme, bon sang ! Le Japonais n'avait que faire des trahisons et des jeux de pouvoir du harem.

— Et si les gens apprenaient que vous avez faite tuer Ming Han ?

— Qui te croirait, Haru ? Je suis l'Impératrice et tu es la dernière concubine a avoir joint le harem... Ming Han était désagréable avec tout le monde... Vois la vérité en face.

Elle avait raison. Personne ne le croirait... Le Japonais se sentait trahi par Sue Liu qui l'avait rendu complice d'un horrible meurtre. Jamais il ne pourrait lui pardonner même si elle l'avait fait pour le bien du harem.

— Alors, réfléchis à ma proposition, d'accord ? Si tu refuses mon offre, je devrai trouver quelqu'un d'autre.

Il n'avait aucune envie d'acquiescer. Tout ce qu'il voulait, s'était retourner à son pavillon et se rouler en boule le temps d'assimiler tout ce qu'il avait appris. Malgré tout, il n'était pas en position de refuser.

— J'y réfléchirai...

— Très bien. Tu peux disposer à présent, il se fait tard.

Après avoir redéposer la tasse de porcelaine au fond de la soucoupe, Haru ne se fit pas prier pour partir. Il voulait s'éloigner le plus possible d'ici.

En rentrant à son pavillon, il découvrit qu'un jeton l'attendait. 

Fleur d'OrientOù les histoires vivent. Découvrez maintenant