Chapitre 22.
Haru était resté bouche-bée en se souvenant de ce souvenir d'enfance qu'il avait presque oublié. Xiong Li pouvait-il donc être cet enfant chinois qu'il avait rencontré lorsque la délégation de son pays était venu rendre visite au Shogun ?
— Comment... ? murmura-t-il, estomaqué.
— J'ai vu Sue ce matin pour lui dire aurevoir avant de partir pour la Corée et elle m'a dit que tu vivais entre les murs du palais du Shogun au Japon. C'est alors que je me suis souvenu...
L'homme toucha la cicatrice sous son œil qui datait du combat qui les avait opposé plusieurs semaines auparavant sur le champ de bataille coréen.
— ... c'est malin, tu as utilisé la technique de combat que je t'ai enseignée pour parvenir à me blesser.
Xiong Li eut un rire bref. Il trouvait la situation assez ironique.
— Ce doit être le destin, ajouta-t-il, c'est forcément ça.
Mais il trouvait tout de même que les dieux avaient de drôles de façon de faire.
Haru sentit son cœur battre plus fort plus les souvenirs de son enfance lui revenaient en mémoire. Il croyait en la légende japonaise du fil rouge du destin. Se pourrait-il que son fil soit emmêlé à celui de Xiong Li ? Est-ce qu'ils étaient prédestinés à se rencontrer à nouveau ? Ses mains tremblaient.
— Le destin..., répéta-t-il, encore troublé de la réalisation qu'il venait de faire.
Il aurait dû se douter qu'il n'était pas atterri au cœur de la Cité interdite pour rien. Ce n'était jamais le fruit du hasard. Quelque chose traversa alors son esprit.
— Est-ce que... savez-vous encore voler ?
C'était sans doute idiot, mais il se souvenait que c'était ce qui l'avait le plus impressionné quand il était petit au sujet de Xiong Li. Le garçon avait une maîtrise impressionnante du Qinggong. Haru n'avait jamais rien vu de tel auparavant, cette faculté de ce déplacer de toit en toit, presque comme s'il volait. Il était comme un aigle.
L'Empereur eut un fugace sourire amusé.
— Sans doute, mais je n'ai plus beaucoup de temps pour ce genre de jeux.
Mais lorsque Haru se retourna pour tenter de voir le visage de Xiong Li, il remarqua dans son regard une lueur qui lui fit dire que malgré ce qu'il pouvait bien dire, il était certain qu'il arrivait quelques fois, la nuit, que l'aigle prenne son envol. Quand on avait une telle maîtrise du kung-fu, c'était ridicule de ne pas en profiter et de laisser cette passion mourir. Le Japonais songea qu'il aimerait bien revoir ça, puisque les souvenirs d'enfance qu'il en avait commençaient lentement à s'effacer.
Après avoir fait le tour du jardin, Xiong Li le reconduisit à son entrée gardée par les deux énormes dragons de jade. Des serviteurs les y attendaient.
— Ramenez Haru à son pavillon, ordonna-t-il, puis terminez de préparer mes affaires pour le départ de ce soir.
Le Japonais pouvait enfin correctement voir le visage de Xiong Li. Il le regarda longuement, essayant de graver chacun de ses traits dans sa mémoire. Comment avait-il pu ne pas le reconnaître ? Certes, il était bien différent de l'enfant qu'il avait pu être dix-sept ans auparavant... et leur rencontre avait été si fugace... mais Haru regrettait tout de même de ne pas s'être souvenu. Cette fois, il n'oublierait pas.
— Je n'ai plus qu'à vous souhaitez un bon voyage, finit-il par dire, tachez de demeurer en vie.
Si advenait que l'Empereur soit tué, Haru avait assez peur de ce qu'il pourrait advenir de lui. Tous ne seraient pas aussi complaisants que Bao en découvrant qu'il était un homme...
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Fleur d'Orient
HistoryczneHaru, fils d'un homme d'État important près du shogun, n'a jamais eu la carrure d'un combattant. Pourtant, pour l'honneur de sa famille, il doit se joindre aux troupes japonaises qui tentent d'envahir la Corée sous domination chinoise. Bataille perd...