Quatre ans et six mois. [KatsuDeku]

.19h12.

Musiques d'inspiration : 

San Francisco - Scott McKenzie
Breakeven - The Script

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C'est probablement en séparant la raison du cœur, le cœur de la raison, que je me suis déchiré de l'intérieur. 
( John Joos. ) 

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C'est certainement parce que le soleil est encore solidement pendu au dessus des arbres, mais Katsuki n'avait pas remarqué que dix-neuf heures était déjà passé de quelques minutes. 
A travers la fenêtre aux volets relevés, la lumière perçante des premières journées chaudes vient se frotter contre le lino terne de la chambre fade, et quelques rayons se permettent même l'affront de percuter ses rétines, le forçant à plisser le front pour s'en protéger. 

Sur son fauteuil, et alors que Deku persiste à éplucher la mémoire qu'il n'a pas d'un air extraordinairement concentré, Katsuki s'autorise un soupire de frustration, trouvant doucement le temps long. 
En temps normal, il serait sûrement parti à ce moment là, plutôt que de rester pour simplement s'emmerder copieusement pendant qu'Izuku ne lui parle plus, trop occupé à froncer les sourcils toutes les dix secondes comme si sa cervelle entrait en fusion. 

Seulement, il ne peut pas. 

Tout du moins, il a la sensation qu'il ne peut pas. 
D'une part parce que, s'il se tire maintenant, il est presque certain qu'Izuku va passer sa nuit dans cet état là, à mouliner jusqu'au court circuit sans faire la moindre pause. 
D'autre part parce que son repas ne devrait pas tarder à être servi et, en y réfléchissant un tant soit peu, il est évident qu'il ne peut pas le manger tout seul. 
Ca ne fait pas particulièrement plaisir à Katsuki de s'improviser nourrice, à vrai dire ça le fatigue même un peu, mais il ne va quand même pas le laisser se démerder tout seul. 

Alors, quitte à être déjà là, autant rester encore un peu, et continuer de faire ce qu'il peut pour apporter l'aide qu'il peut. 
Même s'il lui semble qu'il prend de mauvaises décisions deux fois sur trois, abandonner Deku à son sort ne fait pas parti de son planning, et abandonner tout court ne fait pas parti de ses habitudes non plus. 

De toute façon, c'est pas comme s'il avait autre chose à faire de sa soirée. 

Le coude planté dans un accoudoir, et la joue écrasée contre sa main, il suit d'un regard pas franchement hagard les quelques mouvements et mimiques de Deku, hésitant entre le laisser patauger dans ses souvenirs, ou détourner son attention en lui parlant de quelque chose. 

Dans un sens, il suppose que c'est une bonne chose qu'Izuku cherche à reconstruire sa mémoire, qu'il s'entête à vouloir se rappeler, mais d'un autre côté, il ne voudrait pas qu'il s'en rende malade. 

Le rideau opaque qui obstrue ses souvenirs doit se lever progressivement et, à vouloir trop forcer dessus, il risque d'en abimer un mécanisme. 

_ Deku. Arrête un peu. Tu m'stresses.

Sans se sortir de son immense concentration, arquant vaguement un sourcil comme unique signe qu'il l'a entendu, Izuku ne s'arrête pas du tout pour autant, fixant désormais la poignée de la porte menant à la petite salle de bain avec beaucoup d'assiduité. 
Puis, comme s'il refusait sincèrement de revenir sur terre avec lui, s'enfermant volontairement à l'intérieur de sa tête, il marmonne quelques paroles inaudibles pour lui même. 

Enfonçant son corps dans le dossier de son fauteuil, Katsuki râle plus qu'il ne soupire, levant les yeux au plafond en tapant frénétiquement du pied contre le lino. 
Avant l'accident, Deku avait déjà cette manie de disparaitre de la réalité pour mieux se parler à lui même comme si personne ne le voyait, et Katsuki détestait déjà ça à l'époque. 
Aujourd'hui, alors qu'il devine le champs de bataille de son cerveau, il déteste ça encore plus.